Une panique.
Le Droit — 23 juin 1854
Un honnête commissionnaire, le nommé Pierre T…, s’était rendu hier, après son travail de la journée, à la barrière des Deux-Moulins, pour y faire son repas, arrosé de petit bleu à 30 centimes le litre. Il revenait paisiblement par la rue de la Croix-Rouge, rue déserte, bordée de loin en loin de maisons isolées, quand des miasmes infects lui affectèrent désagréablement l’odorat.
Voulant savoir quelle en était la cause, il gravit un mur peu élevé, et ses regards plongeant dans une petite cour, il aperçut un baquet dans lequel se trouvaient une tète humaine, des bras coupés et des draps ensanglantés. Saisi d’horreur, le commissionnaire se hâta de redescendre, s’enfuit tout d’une haleine jusqu’à son domicile. Il se mit au lit, mais son sommeil fut troublé par les visions les plus effrayantes et le démon du cauchemar vint s’accroupir sur sa poitrine.
Ce matin, Pierre T... entrait tout effaré dans le bureau de M. Desgranges, commissaire de la section du Louvre, et y racontait son aventure. On le considéra d’abord comme un halluciné ; mais, pour l’acquit de sa conscience, le magistrat voulut vérifier le fait et dit au commissionnaire de le conduire à l’endroit où il avait vu ce terrible spectacle. Arrivé devant la maison de la rue de la Croix-Rouge, M. Desgranges suivit un mur qui le conduisit à l’extrémité d’un terrain. Là il regarda et aperçut le baquet, la tête et les bras tels que les avait dépeints Pierre T..., qui, dans ce moment, tremblait de tous ses membres.
Le commissaire avait avec lui plusieurs agents ; il les posta dans différents endroits, et se rendit dans la maison d’où dépendait le terrain dont il vient d’être question. Là, le mystère lui fut dévoilé. Cette maison appartenait au sieur Guérin et lui servait de laboratoire pour des préparations anatomiques qu’il exécutait avec une autorisation en règle. Après cette constatation, le magistrat se retira ; mais Pierre T., qui met sur la même ligne les sorciers et les anatomistes, n’a pu secouer encore sa frayeur, et ce n’est pas de si tôt qu’il ira boire son litre à la barrière des Deux Moulins.

La rue de la Croix-Rouge devint la rue de Domrémy en 1868.
Le Treizième avant le Treizième
Quartier de la Salpêtrière
- Un nouveau mur d'enceinte (1818)
- L'abattoir de Villejuif (1812)
- La rue de la Reine-Blanche. — L'ancien bourg Saint-Marcel (1852)
- L'abattoir de Villejuif (1853)
- Boulevard de l'Hôpital
- Le cabaret de la mère Marie par Alfred Delvau (1859)
Les Deux-Moulins et le quartier de la Gare
Les lieux
Faits divers
- L'assassinat de la Bergère d'Ivry (1827)
- Le meurtre de la rue de l'Hôpital - 1850
- Un assassinat aux Deux-Moulins - 1851
- Le meurtre de la rue de l'Hôpital - 1852
- La fabrique d’allumettes prend feu - 1853
- La fabrique d’allumettes prend feu (bis) - 1854
- Une panique (1854)
Quartier Maison-Blanche
Les lieux
- Le Petit-Gentilly (1820)
- Du charbon à la Butte-aux-Cailles ? (1837)
- Chemin de la butte aux Cailles, barrière d'Italie. - 1857
- Le quartier Maison-Blanche vu en 1860 par Philippe Doré