J'avais comme compagnon de jeu notre chienne Prunette, une épagneule à la
robe noire et brillante. C'était une bête caressante et craintive, mais qui
savait bien m'enlever délicatement des mains ma tartine, lorsque je la mangeais
devant la porte, ou encore avait tôt fait de laper mon bol de lait !
Et je la laissais faire avec un sourire béat !...
Quelquefois venait le fils de notre voisin Tournerot, un petit loqueteux
gouailleur et brutal, avec tignasse comme du chanvre. II portait toujours en
bandoulière une musette vide. Il m'inspirait beaucoup de respect et même un
peu de terreur.
Son père et sa grand'mère, une vieille impotente, habitaient une masure au
bord de la route, à dix minutes de chez nous.
Ces gens vivaient on ne sait comment. L'homme, quand il ne s’occupait pas
d'un vague travail de vannerie, était toujours à rôder par les chemins. On le
soupçonnait fort de braconner.
Ma grand'mère les voyait d'un œil hostile. Elle défendait à mon oncle de
fréquenter le père, et me disait de me méfier du fils, qu’il avait plus d'un
méchant tour dans son sac.
— Surtout, me recommanda elle, la mine grave, en agitant l'index... surtout,
ne le suis jamais dans la forêt !
Cependant, un jour, travaillé du besoin d'aventures, je l'y suivis, rempli
d'émoi.
Nous allions sur la couche élastique des feuilles mortes, parmi le vaste
silence automnal, que troublait parfois la chute d'une branche pourrie dans
les lointains déserts.
Mon compagnon tenait un arc fait d'une tige d'osier, avec comme flèche une
baleine de parapluie.
Je lui enviais beaucoup cet arc et j'étais impatient de lui voir transpercer
un oiseau.
Un moment, blagueur, il parla de me perdre ; et comme il marchait toujours,
me souvenant des paroles de ma grand'mère, il me sembla soudain qu'il m'entraînait
vers un endroit redoutable. Ses yeux et son sourire me parurent tout à coup
diaboliques ; la terreur me prit et je me mis à crier...
Redoutant l'apparition de ma grand'mère, car nous ne nous étions guère éloignés,
ce dont je m'aperçus en revenant, il me ramena bien vite ; et je sentis
tout le bonheur de la sécurité, lorsque je revis notre maisonnette...
Le promeneur qui remonte le boulevard Auguste-Blanqui dans la direction de la place d'Italie, est frappé par l'aspect pittoresque d'une vieille maison enclose dans le triangle formé par ce boulevard, la rue Edmond-Gondinet et la rue Corvisart.
Quelle rue étrange que cette rue du Pot-au-Lait ! déserte, étranglée, descendant par une pente rapide dans une grande voie inhabitée, aux pavés enchâssés dans la boue...
Depuis toujours on habitait, mon père et moi, sur la Butte-aux-Cailles ; encore aujourd'hui, ce quartier-là n'est guère pareil à tous les autres. Mais si vous l'aviez vu du temps que je vous parle ! Des cahutes s'accrochaient à la butte comme des boutons au nez d'un galeux ; ça grouillait de gosses et de chiens, de poux et de puces...
Ce jour-là, 3 octobre 1886, le train express de Bordeaux — deuxièmes et troisièmes classes — avait eu plus d'une heure de retard et le service de l'arrivée s'en ressentait...
Un plus érudit découvrira l'origine de ce nom singulier, la rue des Cinq-Diamants. L'étude consciencieuse qui a été faite pour le vieux Paris tentera quelque explorateur des anciennes banlieues annexées : et quel champ plus vaste sera offert à sa curiosité que l'étrange et hideux quartier de la Butte-aux-Cailles ?
Très peu de Parisiens, assurément, connaissent la « Butte-aux-Cailles ». C'est très loin, très loin, passé la place d'Italie, au diable dans ces régions où l'on ne va pas...
De la place d'Italie à la Bièvre via l'avenue de la soeur Rosalie et la ruelle des Reculettes
Dans ce roman paru en feuilleton dans Le Matin, Georges Spitzmuller et Armand Le Gay emmènent leur lecteur sur la piste de M. Ducroc, chef de la sûreté, pour qui le XIIIe arrondissement n'avait pas de secret.
Les habitants du XIIIe arrondissement viennent d'être dotés d'un dispensaire spécial pour enfants malades. Édifié par les soins de la Société philanthropique, cet établissement est dû à la générosité de Mme Edouard André. Il se trouve, 4, rue Jean-Marie-Jégo. Pour ceux qui ne connaissent pas cette rue nouvelle et qui n'est inscrite dans aucun, indicateur, disons qu'elle est située près de la place d'Italie, à la jonction de la rue de la Butte-aux-Cailles et de la rue du Moulin-des-Prés. (1889)
Longue et dure journée, hier, pour la police, et pour les journalistes, qui ont couru, fouillé, interrogé, sans que, jusqu'à présent, un résultat appréciable paraisse avoir été obtenu.
Ce n'est qu'hier soir, à six heures, que l\'administration des Pompes funèbres a été informée, par la mairie du treizième arrondissement, de l\'heure officielle des obsèques de Blanqui et de la classe choisie par la famille, pour le corbillard et les tentures. (1881)
Dès neuf heures du matin, les employés des Pompes funèbres sont venus tendre la porte extérieure de la maison où est mort Blanqui, 25, boulevard d'Italie. Au milieu de la tenture se détache un écusson avec la lettre B. Il n'y a que très peu de monde encore sur le boulevard. Ce n'est que vers dix heures que l'on commence à arriver. (1881)
La transformation des anciens boulevards extérieurs, commencée l'année dernière sur la rive gauche, entre le quai de la gare et la place de l'ex-barrière d'Enfer, a été entreprise par les deux extrémités en même temps ; ces travaux sont terminés d'un côté jusqu'à proximité de la place d'Italie, et de l’autre jusqu'au boulevard d'Ivry, qu'on va transformer à son tour. (1864)
Une personne de très bonne foi avait, disait-on, affirmé que le signalement de cet employé correspondait à celui d'un inconnu qui avait été aperçu avec la petite Suzanne sur un banc de l'avenue d'Italie.
Séparé seulement par la largeur du boulevard de l’Hôpital de ce vieux quartier des Gobelins où l'on a fait de toutes parts de larges trouées d'air et de lumière, un mur nu, hideux, noirâtre, immense dans toutes ses proportions, se dresse, entourant un espace de vingt-huit mille mètres carrés. (1903)