Un jour dans le 13e

 Lettre des remparts

Lettre des remparts

Le Rappel — 26 septembre 1870

Nous sommes postés au milieu de l'avenue d'Italie, en deuxième réserve. Sur le bord du trottoir, on forme les faisceaux ; puis on rompt, les rangs ; on s'attable on se groupe, on se promène. Je suis l'avenue jusqu'aux fortifications, et me voilà dans la campagne, devant Bicêtre.

Gravure parue dans L'Illustration

Là, une panique, dans les femmes.

Elles viennent en foule, des sacs de pommes de terre sur le dos, le long de la grand'route. « Nous les avons vus. — Il y en avait dix. — J'en ai compté trente. — Ils devaient être deux cents. — ils étaient deux mille. » Tout cela fuit devant les uhlans. On les a aperçus à Villejuif. — Je rencontre deux gardes nationaux qui ont fait le coup de feu. — Tout compte fait, il y en avait bien huit.

Enfin, ils ont occupé la redoute de Villejuif sans qu'ou la défendît. Cela nous semble étrange ; nous comprendrons demain.

Nous rentrons : à la nuit tombante, commence le défilé des troupes.

L'artillerie d'abord, avec ses charriots sonores. Ses minces canons de cuivre s'allongent, effilés, sur les deux roues ; bientôt nous les entendrons parler. Puis, passe l'infanterie ; ou crie : « Vive la ligne ! » La troupe répond :

« Vive la garde nationale ! » Il y a eu, ces jours-ci, quelques fuyards. Ceux-là, cela se voit, ne lâcheront pas pied.

Avec eux, les francs-tireurs, les mobiles, soldats récents. Les premières escarmouches ont montré qu'on pouvait compter sur eux.

À demain l'affaire.



Saviez-vous que... ?

En 1887, Camille Claudel vivait dans un atelier loué pour elle par Auguste Rodin, la Folie Neubourg ou Clos Payen, 68 boulevard d’Italie, actuel boulebard Blanqui

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Au sein de l'hôpital de la Salpétrière, on remarque la jolie chapelle surmontée d'un dôme, que l'architecte Libéral Bruant bâtit en 1687.

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Le 7 juillet 1909, à la suite d'un orage subit qui éclatait vers 10 heures, un tuyau de cheminée en tôle tombait sur une marquise en verre dans la cour des écoles de la rue Fagon. Des éclats de verre blessaient légèrement cinq élèves qui étaient en récréation.

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Le 20 mai 1870, le quotidien Le Siècle écrivait :
« On nous informe qu'à la Butte-aux Cailles (treizième arrondissement), plusieurs terrains vagues, au lieu d'être clos suivant les prescriptions d'une ordonnance de police déjà vieille, sont ouverts à tout venant, il en résulte que du matin au soir ce sont de véritables latrines publiques, et que les habitants des maisons voisines ont les yeux et l'odorat également offensés. Ajoutons que, la nuit, ces terrains formant des impasses profondes et obscures, messieurs les maraudeurs en profitent pour pénétrer de là dans les jardins et basses-cours qu'ils mettent au pillage. »

L'image du jour

La folie Neubourg sur le boulevard Auguste Blanqui, déjà en partie démolie.