Un jour dans le 13e

 paris-treizieme.fr — Journée du 12 avril

Journée du 12 avril

Le Bien public — 16 avril 1871

NOS RENSEIGNEMENTS

La Commune de Paris continue son système d'actes arbitraires et d'arrestations illégales qu’elle a déjà si tristement inauguré.

Après les atteintes isolées à la liberté individuelle, après l'incarcération des personnages les plus éminents, viennent les arrestations de citoyens plus modestes ; mais ces derniers faits n’en ont pas moins de gravité.

Gravure parue dans l'Illustration

Dans la nuit de mardi à mercredi et toute la matinée de mercredi dernier, on a procédé dans le treizième arrondissement à l'arrestation des principaux chefs d’industrie et à la fermeture immédiate et forcée de leur usine.

Le reproche qu’on adresse à ces industriels est de distraire les ouvriers du service de la garde nationale en les faisant travailler.

On a ainsi arrêté une douzaine de personnes, patrons ou employés, qui, tous, ont été conduits à la prison disciplinaire de l’arrondissement, escortés par les gardes nationaux, qui sont aujourd'hui seuls chargés de défendre la liberté et de maintenir l’ordre public.

La manière de procéder à l’arrestation est fort simple. Un officier supérieur, accompagné d’un certain nombre de fédérés, fait cerner l’établissement et garder toutes les issues, pour en saisir le chef. En l’absence de ce dernier, ils arrêtent indistinctement le préposé ou l’employé qui se présente pour répondre. Avant d’emmener le prétendu coupable sur l’ordre qu’ils prétendent avoir, ces citoyens forcent à cesser tout travail, et ne quittent l’établissement avec leur prisonnier, qu’après la fermeture des ateliers et le départ de tous les ouvriers de l’usine.

Leur ordre, prétendant-ils, est d’arrêter le citoyen un tel ou son représentant partout où on le trouvera, et de le garder au secret le plus absolu. Ces prévenus sont restés ainsi jusqu’au soir à la prison disciplinaire, malgré leurs réclamations et leurs instances auprès du délégué du secteur de leur arrondissement, pour connaître précisément le motif de leur arrestation, et pour obtenir un interrogatoire qui leur permit de justifier leur conduite.

Ils n’ont, pendant tout le temps de leur détention, qui a duré depuis le milieu de la nuit jusqu’à huit heures du soir, obtenu aucune réponse. À cette heure seulement, ils ont été mis en liberté, sans avoir vu personne autre que les factionnaires qui les gardaient.

Dans ces circonstances, quel est le sort réservé à l’industrie ? Doit-elle renoncer à tout travail ou s’exposer de nouveau à un abus de pouvoir aussi exorbitant ?

 



Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)

Saviez-vous que... ?

Le 7 juillet 1878, vers onze heures et demie, le sieur L..., charretier, route de Châtillon, altéré par la chaleur, était entré pour prendre un verre de vin, dans un cabaret, rue de l’Espérance, près la rue de la Butte-aux-Cailles (13e arrondissement). Quand il en sortit, après s’être rafraîchi, il ne retrouva plus son tombereau attelé de deux forts chevaux percherons.
Un audacieux roulotter l’avait emmené se permettait de conclure le quotidien Le Droit.

*
*     *

La rue Gustave Geffroy, avant de recevoir le nom de administrateur de la manufacture nationale des Gobelins, s'appela rue Léon Durand jusqu'en 1937. Cette rue fut créée en 1906.

*
*     *

Ernest Rousselle (1836-1896), conseiller municipal du 13e arrondissement et président du Conseil municipal de Paris, était un adversaire résolu de tout projet de métropolitain qu'il considérait comme contraire aux intérêts de Paris. Dans une notice nécrologique publiée le 17 mai 1896, le quotidien La Gazette le décrivait comme étant de taille moyenne, trapu avec une barbe épaisse, l'air véhément et pompeux.

*
*     *

La rue Baudricourt honore Robert de Baudicourt, capitaine de Vaucouleurs, compagnon de Jeanne d'Arc.

L'image du jour

Place Pinel

La place Pinel s'appela abord la place de Deux-Moulins et constitua un lieu majeur car elle débouchait sur la barrière d'Ivry. De l'autre côté de la barrière, la ville se prolongeait et se développait le long de la rue Nationale, qui s'arrêtait alors à son croisement avec la rue du Chateau-des-Rentiers et attirait commerces et petites industries. Sur la place, s'ouvrait également la cité Doré.