Journée du 24 mai 1871
La Patrie, 28 mai 1871
Grand combat de nuit autour de la barricade de l’ancienne barrière d’Enfer, qui tombe au pouvoir des troupes régulières qui y installent une batterie. Cette barricade était le dernier poste de défense que les insurgés avaient dans le 14e arrondissement.
Les barricades du boulevard Arago, du faubourg Saint-Jacques et des environs du Panthéon sont successivement enlevées par les troupes avec un entrain admirable. La résistance se concentre sur la place du Panthéon. Les insurgés font sauter la poudrière de l’École des mines et par cet acte atroce ont occasionné d’incalculables dégâts dans toutes les maisons du boulevard Saint-Michel situées sur le trottoir opposé. Le spectacle de ces devantures de boutiques brisées, de carreaux cassés, de meubles détériorés, est navrant.
La barricade de la rue Gay-Lussac oppose une vigoureuse résistance. C’est le fameux Rigault, le procureur de la Commune, qui en dirige la défense. Il y trouve une mort trop douce pour un scélérat de son espèce. Au Panthéon, pendant le combat, un capitaine du génie a le temps de couper une mèche à laquelle les insurgés devaient mettre le feu pour faire sauter ce monument, s’ils étaient repoussés. Ils l’ont été un quart d’heure après. Il a été reconnu par le génie militaire que le Panthéon avait été miné comme bien d’autres monument de Paris.
Le colonel Piazza, commandant du huitième secteur, découvert au moment où il se déguisait peur prendre la fuite, est fusillé dans les fossés des fortifications, avec un lieutenant d’artillerie qui avait déserté l'armée pour venir remplir le grade de commandant d’artillerie pour le compte de la Commune. C’était un militaire jeune, plein de talent et d’avenir.
À trois heures du matin, dans la rue Hallé, un individu qui passait en courant, répond au cri de fut qui vive ! du factionnaire établi au rond-point de la rue du Couëdic, — Membre de la Commune ! aussitôt trois balles l’étendent mort sur le trottoir. Nous n’avons pu nous assurer encore quel était cet individu.
Huit fourgons chargés de corps d’insurgés tués hier sur les barricades de l’église et de la rue Brezia, sortent de l’église de Montrouge pour être conduits au cimetière Montparnasse.
Un combat d’artillerie commence à trois heures du soir entre la batterie placée sur la barricade de l’ancienne porte d’Enfer et une batterie que les insurgés ont établie à l’ancienne barrière Fontainebleau, au lieu dit la Butte-aux-Cailles. Forcés d’abandonner le 14e arrondissement, où flotte le drapeau tricolore, ils veulent se venger par un bombardement insensé. Ils dirigent leur tir sur la barricade de la barrière d’Enfer et sur les autres barricades de l’avenue d’Orléans, qui leur ont été enlevées la veille ; mais comme leurs pointeurs sont d’une inhabileté et d’une inexpérience notoires, les projectiles qu’ils lancent viennent éclater presque tous sur les maisons situées en deçà de l’avenue d’Orléans. Aussi les maisons de la rue Tombe-Issoire, des rues d’Alembert et Hallé sont-elles couvertes d’obus. Les habitants de ces rues sont forcés de se réfugier dans les caves.
Pendant qu’ils bombardent ces quartiers, six mille insurgés venus de Belleville et de la Villette, se réunissant aux insurgés de la barrière Fontainebleau pour reprendre aux troupes le quartier de Montrouge, sont descendus à cet effet dans la vallée de la Bièvre y prendre leurs positions. Le général qui commande la division a envoyé aussitôt à leur rencontre des troupes et des canons pour les arrêter dans leur folle entreprise.
Les régiments ont pris leurs positions autour de l’établissement Sainte-Anne ; les insurgés avaient choisi les leurs sur la droite de la Bièvre, au-dessous de la Butte-aux-Cailles.
Toute la journée a été remplie des bruits du canon et de la mousqueterie, qui n’ont cessé un instant de retentir. Protégés par des tranchées naturelles que forme, en cet endroit, la vallée de la Bièvre, les insurgés évitaient les balles des soldats du gouvernement, tandis qu’ils dirigeaient sur eux les leurs en toute assurance. Ce combat, qui s’est continué, pendant vingt heures est resté indécis. À huit heures du soir, les positions étaient les mêmes de part et d’autre.
La batterie de la barrière d’Enfer avait forcé, seule, les batteries des insurgés à éteindre leur feu.
Suite
Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)
Après l'armistice, 28 janvier - 17 mars 1871
A travers Paris
- L’ambulance mobile de la Maison-Blanche
- La question des victuailles (Le Siècle, 8 février 1871)
- A travers les rues bombardées (Le Siècle, 16 mars 1871)
L'affaire des Gobelins
- Proclamation du ministre de l’Intérieur aux habitants de Paris (4 mars 1871)
- Les faits selon le Bien Public (6 mars 1871)
- Lettre adressée au Cri du Peuple (9 mars 1871)
- Proclamation d'Emile Duval (Le Rappel, 9 mars 1871)
- Les canons de la place d'Italie (La Liberté, 9 mars 1871)
- L'opinion du Figaro (11 mars 1871)
- A travers le 13e arrondissement (11 mars 1871)
- Les canons de la Barrière d’Italie (Le Bien public — 17 mars 1871)
- La question des canons (L'Illustration, 18 mars 1871)
Démission de M. Pernolet, maire du 13e
- Démission de M. Pernolet, maire des Gobelins (Le Figaro, 7 mars 1871)
- Un maire bourgeois (Le Cri du Peuple, 8 mars 1871)
- Gazette nationale ou le Moniteur universel, 13 mars 1871
- La proclamation de M. Pernolet
Sur le 13e arrondissement
Du 18 mars au 20 mai
Journée du 18 mars
- La journée du 18 mars sur la rive gauche (Gazette nationale ou le Moniteur universel — 20 mars 1871)
Les élections du 26 mars
Journée du 5 avril
Journée du 12 avril
Journée du 14 avril
Journée du 19 avril
Journée du 4 mai
Journée du 6 mai
Du 21 au 28 mai
Journée du 24 mai
Journée du 25 mai
L'incendie des Gobelins (25 mai 1871)
Le massacre des Dominicains d'Arcueil
Les faits
- Le massacre des Dominicains, récit de l'abbé Grandcolas (L'Illusttration, 3 juin 1871)
- Les Dominicains d’Arcueil (Maxime Du Camp, Les convulsions de Paris)
Le procès (à venir)
- Ouverture du procès : rapport du capitaine Leclerc
- Rapport du capitaine Leclerc, suite, journée du 25 mai
- Audition de Serizier (personnalité)
- Audition de Serizier (interrogatoire au fond)
- Audition de Boin
- Audition de Louis Lucipia
- Audition de Jules-Constant-Désiré Quesnot
- Auditions de Gironce, Annat, Rouillac et Grapin
- Auditions de Busquaut, Gambette, Pascal