Une bataille sous une porte.
Le Matin — 29 septembre 1903
La pluie qui tombait à verse hier matin forçait, vers onze heures, des passants à se réfugier sous une porte cochère de la rue de Tolbiac. Comme l'attente se prolongeait, la conversation se lia et devint générale. Le temps en forma le sujet. Les uns prétendirent que cette pluie serait utile aux récoltes, les autres soutinrent le contraire.
— La nature, monsieur, est parfois hostile aux hommes, dit sentencieusement quelqu'un.
— Tout nous est hostile en ce moment, reprit un monsieur gravé, tenez c'est comme le ministère, monsieur, le ministère qui… le ministère que…
Ces paroles imprudentes déchaînèrent une discussion violente qui devint bientôt une mêlée générale.
Quand la concierge intervint avec des agents, il y avait déjà deux blessés, une blanchisseuse, Mme Landais, qui avait reçu un coup de pied dans le ventre, et M. Mellot, âgé de vingt ans, qu'on dut conduire à l'hôpital Cochin.
En outre, la malheureuse Mme Landais s'est vu piller le panier de linge qu'elle portait.