Faits divers

 Les surprises d’une rafle - pl des Alpes - 1923

Visite à un bal de barrière

Les surprises d’une rafle

La Presse — 27 avril 1923
La place des Alpes

Chaque semaine, dans certains quartiers de Paris, des rafles ont lieu. Elles se passent ordinairement sans incident. Elles sont dirigées, après autorisation de la préfecture de police, par les commissaires de district qui « font donner » leurs agents en bourgeois. Le public n'y prête qu'une attention relative et les journaux n'en font même pas mention. La plupart des individus appréhendés sont d'ailleurs relâchés après vérification de leur identité. C'est ce qu'on appelle en argot policier « faire le ménage de la rue ».

Mais cette nuit, une opération policière d'une envergure inusitée a été effectuée. Elle dépasse le cadre ordinaire de ces sortes de coups de main. Ce ne fut pas la rafle que la chanson de Bruant a rendue célèbre, la rafle que la police jette à travers la rue comme un grand filet et qui ramène le fretin des filles et leurs souteneurs. Ce fut davantage.

Au cours de cette opération, deux cents arrestations ont été effectuées. La manœuvre était dirigée par le commissaire Guillaume, de la direction de la police judicaire, par l'inspecteur Leroy, les brigadiers Martineau et Bonhomme et cinquante inspecteurs y participèrent. Elle a eu lieu dans le 13° arrondissement, au bar Excelsior, place des Alpes.

Quel était son but ? Sans aucun doute, elle avait deux objectifs principaux : la recherche de Bogoris, l'agresseur du lieutenant La Carrière, ancien habitué de ce quartier et la piste de certains complices en fuite du fameux escroc Warren, chef d'une bande internationale redoutable aux ramifications multiples. L'opération a-t-elle réussie ? Nous avons cherché à le savoir ce matin, mais la discrétion la plus absolue est observée sur les « prises » de cette nuit.

— Il y a bien eu, nous confirme-t-on, deux cents arrestations, dont cinquante de femmes. L'opération fut une des plus animées de mémoire de policier. Surprise en train de « guincher » et de boire, et cernée à la suite d'une habile tactique qui empêchait toute fuite par les issues. La pègre de l'endroit opposa une résistance violente. Les becs de gaz furent éteints brusquement à l'arrivée des policiers. La lutte se poursuivit, acharnée, dans les ténèbres. Les bancs et les chaises furent utilisées comme engins de défense. L'inspecteur principal Leroy reçut, au cours de la bagarre, une ruade terrible d'un malfaiteur qui, pour des motifs sérieux, ne consentait pas à suivre les policiers.

Mais la contre-offensive avait été prévue. Une fois saisis fortement, et les menottes aux mains, les individus étaient jetés dans un des quatre camions automobiles qui attendaient non loin de là. Les récalcitrants furent, vite matés ; ils étaient, certes, acharnés, mais nous avions pris nos précautions. Beaucoup, disons-le, firent haut les mains dès notre entrée, à notre première injonction. Celui qui provoqua le mouvement de résistance, ce fut un grand gaillard, connu sous le sobriquet de « Grand Rouquin » et qui est interdit de séjour. Celui-là est « bon », vous n'en doutez pas.

D'après ce que nous avons appris, d'autre part, Bogoris n'est pas au nombre des incarcérés, mais certains malfaiteurs sous les verrous aujourd'hui sont suspectés d'être les agents du convict Warren.


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Une jeune fille du village d’Ivry avait coutume de faire brouter ses chèvres sur le boulevard de la Glacière, auprès de la rivière des Gobelins. Hier soir, à sept heures, au moment où elle se disposait à regagner son domicile, elle a été accostée par un individu qui, après une assez courte conversation, l’a frappée de quatre coups de couteau. La jeune bergère est morte sur la place, et son assassin a été presque aussitôt arrêté. À neuf heures, le cadavre gisait encore dans un champ, au coin de la rue Croulebarbe, où M. Roger, commissaire de police du quartier, dressait son procès-verbal. C’est ainsi que les lecteurs de la Gazette de France apprirent la mort d’Aimée Millot, le bergère d’Ivry. La vérité impose de dire que l’auteur des faits n’avait pas été immédiatement arrêté.

La rue située entre la rue du Château des Rentiers et la rue Nationale fut dénommée rue Deldroux, en 1888.
Deldroux était un canonnier qui, en 1871, préféra, mourir que de rendre sa pièce.

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La couverture de la Bièvre, à l'angle de l'avenue des Gobelins, fut décidée lors de la séance du conseil municipal du 12 juillet 1893.

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Le monument élevé à la Gloire des mères françaises implanté sur le boulevard Kellermann à proximité de la porte d'Italie est dû au ciseau des sculpteurs Henri Bouchard et Alexandre Descatoire. Le jardin qui l'entoure a éré dessiné par l'architecte Paul Bigot. Ce monument a été inauguré le 23 octobre 1938 par le président de la République, M. Albert Lebrun. Le maréchal Pétain était présent à cette cérémonie.

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En 1894, la rue des Cornes dans le quartier de la Salpêtrière, prit le nom de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), peintre d'animaux, notamment des chiens de chasse, et graveur, qui fut directeur de la manufacture des Gobelins en 1736.

L'image du jour

Je carrefour de l'avenue des Gobelins avec le boulevard Arago et la station d'autobus.