La fin d'un Ivrogne
Le Petit-Parisien — 26 octobre 1903
Des agents trouvaient hier matin rue du Moulin-des-Prés, au-dessous du pont de la rue de Tolbiac, le corps d'un homme âgé d'une vingtaine d'années qui gisait sans connaissance au milieu d'une mare de sang. Ils le transportèrent aussitôt au poste central du treizième arrondissement, où le malheureux expira peu de temps après sans avoir repris connaissance.
D'après les papiers trouvés sur lui on put établir facilement son identité.
C'est un journalier, nommé Victor Penou, exactement âgé de vingt et un ans, demeurant impasse Simon.
Informé du décès de son fils, son père, qui demeure également à cette adresse, s'empressa de donner à M. Rocher, commissaire de police du quartier de la Gare, des explications qui ne tardèrent pas à éclaircir le mystère dont semblait entourée cette mort étrange.
Victor Penou était atteint d'épilepsie et, loin de se soigner comme l'exigeait son état, il s'était adonné à la boisson.
Aussi, la maladie n'avait-elle fait que s'aggraver et, depuis quelques semaines, ii me se passait pas de jour où il n'eût plusieurs crises, toutes plus douloureuses les unes que les autres.
Samedi soir, Penou, en compagnie de plusieurs camarades de débauche, s'abattait dans un bar de la rue de Tolbiac et il y restait jusqu'à une heure avancée de la nuit, non sans absorber un nombre considérable de consommations variées et de litres de vin.
À une heure du matin, complètement ivre, il sortait en titubant et se dirigeait du côté de la gare d'Orléans.
— J'en ai assez, de la vie, criait-t-il, je veux en finir une fois pour toutes, puisque l'alcool ne parvient même pas me soulager !
Le corps du désespéré a été transporté à la morgue pour y être autopsié.