L'Éboulement de la rue Nationale
La Lanterne — 26 mai 1879
Découverte du cadavre
Le malheureux Ladame est mort.
Hier matin, samedi, à dix heures, les ouvriers qui travaillaient en haut du puits découvrirent les pieds de la victime. On appela, on cria : point de réponse. Le pauvre homme avait été étouffé.
Il a fallu plus de douze heures pour dégager le corps. Ce n'est qu'hier soir, à dix heures et demie, qu'il a pu être remonté.
Les constations, faites immédiatement, ont établi que Ladame a dû être renversé par le second éboulement. On l'a trouvé la tête en y bas. Pour pouvoir le remonter, il a fallu enlever pelletée par pelletée, toute la terre et tous les débris au milieu desquels son corps se trouvait englouti.
On n'a pu remonter le cadavre qu'en lui passant des cordes autour des bras.
M. Grillières, commissaire de police, était présent à cette triste opération, ainsi que M. le docteur Amanieu.
Ce dernier a constaté que Ladame avait eu la tête renversée en arrière au moment de l'éboulement, et si violemment que sa cravate a dû l'étrangler. Un sillon violacé qui existe autour du cou confirme cette opinion. En outre, la langue sortait de la bouche ; les dents l'avaient-fortement entamée.
Ce sont là, on le voit, toutes signes de la strangulation.
Tous les ouvriers qui ont aidé à la recherche du corps se sont empressés de le laver avec beaucoup de précautions, avant qu'il fût envoyé à sa pauvre femme.
A onze heures du soir, on l'a mis sur une voiture réquisitionnée. La belle-mère de Ladame et son frère étaient présents.
Ils éclataient en sanglots. C'était navrant.
Inutile de dire que l'émotion a été très vive, toute la soirée dans le quartier, qui n'est presque habité que par des travailleurs.