Descende de police rue du Pot au-Lait
L’Ordre de Paris — 19 mars 1874
Pendant la nuit dernière, une descende de police a eu lieu dans les cabarets et garnis à la nuit du quartier de la rue du Pot au-Lait, dans le 13e arrondissement, où l’on supposait, d’après divers indices, que s'était réfugié un individu surnommé le Petit gouapeur, lequel est soupçonné d’être le chef d’une bande de filous qui, depuis quelques semaines, exploite les quartiers de la rive gauche.
Les recherches de la police, quoique n’ayant pas atteint le but principal, n'ont pas été sans résultat, car deux malfaiteurs, en rupture de ban, et très connus des agents de la voie publique, ont été arrêtés non loin de la rue du Pot-au Lait, à l’endroit dit la Poterne des Peupliers.

On se repère par les fils télégraphiques en haut à droite sur le talus du chemin de fer de ceinture. Les bâtiments au fond sont rue Damesme et surplombent la Bièvre.
Il y a là un bouge infâme comme Paris n’en a jamais peut-être recélé de pareil, même lorsqu’il possédait la taverne de Paul Niquet et le cabaret du Lapin-Blanc ; la Poterne des Peupliers, car il va sans dire qu'on a donné à cet établissement le nom de l’endroit où il est situé, n’a d’équivalent dans aucun autre recoin de la grande ville. Il n’y a qu’une salle, presque déserte pendant le jour ; mais la nuit venue, elle se remplit de monde, et quel monde ! C’est le rendez-vous de la basse pègre, des malfaiteurs sans aille et des échappés de prison.
Il y a dans ce quartier qu’arrose la Bièvre d’autres établissements de ce genre, mais le plus connu, le plus fréquenté, le plus typique est celui de la Poterne des Peupliers.
Nous devons ajouter que la brusque apparition des agents de l’autorité n'y a produit qu’une médiocre sensation.
On est habitué à de semblables incidents.
Il va sans dire que ces cabarets et ces garnis sont l’objet d’une surveillance toute spéciale.
A lire également