Un crime mystérieux à la Maison-Blanche
La Patrie — 10 juillet 1909
Un enfant coupé en deux. — Funèbre débris. — Notre enquête.
L’émotion est des plus vives dans le quartier de la Maison-Blanche, où vient d’être découvert un mystérieux paquet contenant la moitié du corps d’une fillette âgée de sept à huit mois.
De l’enquête à laquelle a procédé M. Delanglade, commissaire de police du quartier, il est établi que le lugubre colis a été déposé dans la matinée d’hier. L’endroit où il a été découvert est peu fréquenté : c’est un petit square situé sur le boulevard Kellermann, à hauteur de la rue Damesme, au lieu dit la « Poterne des Peupliers ».
Une grille haute d'un mètre entoure une petite pelouse au milieu de laquelle s'élève un bouquet d’arbres très rapprochés. C’est au pied d’un de ces arbres que le débris humain avait été déposé.
Le square n’a pas de gardien, et seuls quelques enfants du voisinage y viennent jouer les jours de congé.
C’est ainsi que deux gamins découvrirent le paquet mystérieux et immédiatement le gardien de Boussin qui avisa ses chefs.
On a relevé sur la pelouse, bouquet d’arbres, des traces de ment marqués, qui semblent établir que c’est un homme, chaussé de gros souliers à clous, qui a franchi la grille et a déposé le funèbre colis à l’endroit où il a été trouvé.
Les habitants du quartier interrogés, ont déclaré n’avoir rien remarqué d’anormal.
Le service de la Sûreté a été mis campagne et tait des recherches dans monde des « biffins » qui pullulent à Maison-Blanche ainsi qu’à Gentilly.
M. Delanglade nous a déclaré que le corps de l’enfant avait été sectionné avec une netteté qui démontre chez l’assassin un sang-froid et une habileté peu commune ; l’instrument dont il s’est servi doit être un sabre ou une hache au tranchant fraîchement affilé.
Le petit corps ne dégageait aucune odeur et le sang coulait encore. « C’était de la chair toute fraîche ! » nous dit-on.
Que sont devenus le tronc, les bras et la tête qui manquent ?
Le magistrat espère que quelque indication ne tardera pas à lui parvenir et les recherches activement poussées ne diront pas à donner des résultats.
Un journal daté du 20 juin 1909 et une camisole à raies grises et noires qui enveloppaient le petit corps ont été placés sous scellés.
L’autopsie n’a pas encore été faite ; mais un examen superficiel a permis d’établir qu’il n’y avait pas eu de violences spéciales.
C’est avec angoisse que les mères de famille attendent le résultat de l’enquête et l’arrestation de l'auteur de ce crime odieux.
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