Le drame de la rue Robine
L’Écho de Paris — 28 novembre 1893
Un drame sanglant s'est déroulé, hier à quatre heures de l'après-midi, rue Robine, une petite rue du quartier de la Maison-Blanche.
Dans la maison qui porte le numéro 37, au rez-de-chaussée, habitait, depuis deux ans environ, un ménage de chiffonniers, le mari Sylvain Burel, trente-sept ans, la femme, née Lavigne, quarante ans, et sa fille Charlotte, âgée de vingt et un ans, issue d'un premier lit.
Depuis longtemps, Mme Lavigne soupçonnait son mari d'entretenir de très intimes relations avec sa fille. Elle surveilla, mais rien ne vint confirmer ses soupçons.
Hier, à quatre heures, Sylvain Burel envoya sa femme faire une commission. Mme Burel obéit, mais, persuadée que son mari avait voulu l'éloigner pour rester seul avec Charlotte, elle revint sur ses pas, ouvrit la porte brusquement et surprit les deux coupables en flagrant délit.
Furieuse, elle saisit un couteau et en frappa sa fille de deux coups au visage. La malheureuse, toute ensanglantée, poussa des cris épouvantables. Sylvain Burel se précipita sur sa femme et, après une lutte violente, parvint à la désarmer.
M. Siadoux, commissaire de police, aussitôt prévenu, fit transporter la blessée à l'hôpital Cochin et a gardé à sa disposition la femme Burel.