Crue de la Bièvre
Le Figaro ― 1er février 1881
II s'est produit, hier, un temps d'arrêt dans la crue de la Seine. Le matin, l'étiage du Pont-Royal marquait bien 5m67, soit une hausse de 17 centimètres sur la veille, et l'on prévoyait pour le lendemain la cote 5m 85.
Toutefois, à quatre heures du soir, une légère baisse a pu être constatée, et les eaux sont revenues à la cote de 5m50.
Il y a malheureusement lieu de croire que cette baisse n'est que momentanée, les affluents étant toujours en croissance.
A propos des affluents de la Seine, disons que l'un des plus modestes d'entre eux, la petite rivière de la Bièvre, se paye le luxe d'une inondation aux portes de Paris. A l'endroit même où la Bièvre pénètre dans la capitale, à la hauteur du bastion 86, les eaux se sont répandues sur un large espace de terrain et ont inondé un assez grand nombre de jardins et de maisonnettes.
Lorsque l'on sort par la poterne dite des Peupliers, en passant sous le pont du chemin de fer de ceinture, on se trouve subitement en face d'un véritable petit lac au milieu duquel émerge seule une étroite chaussée à peine suffisante .pour deux personnes marchant de front, et par laquelle on peut atteindre les premières maisons de Gentilly.
Intra muros, la rivière est au niveau de la rue des Peupliers et a près de dix fois sa largeur ordinaire. Tout un établissement de marchand de vins, boutique, bosquets, etc., est à moitié inondé. Çà et là on aperçoit des cloches en verre qui émergent de la rivière et indiquent des terrains exploités par des maraîchers.
Tout ce coin de Paris qui, en temps ordinaire, est déjà étrangement pittoresque, revêt par suite de cette inondation en miniature, un aspect absolument curieux.
Communiqué
Une misère chasse l'autre
Une pauvre et honorable mère de famille, à la suite d'une opération atroce, se trouve, sans emploi et presque sans asile. Elle a deux jeunes enfants en apprentissage qui ne peuvent lui être d'aucun secours et lui sont à charge. Et il fait froid ! Et le pain manque ! Lecteurs dont nous n'avons pas épuisé l'inépuisable bonté, s'il reste une obole dans votre cassette de charité, portez-la à la veuve Mansard, 21, Faubourg Saint-Martin, vous aurez accompli une bonne action de plus.