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 Règlement de compte aux Deux-Moulins - 1866

Règlement de compte aux Deux-Moulins

Trois accusés jugés aux assises

L'Évènement — 13 octobre 1866

Il est un coin de Paris que les honnêtes gens ne connaissent guère et dans lequel nous ne leur conseillons pas de s'aventurer après la tombée du jour. Ce sont les alentours de la barrière de Fontainebleau. Il y a dans ces parages la rue des Deux-Moulins et la rue Saint-Honoré qui sont comme le quartier général de tout ce qui reste aujourd'hui de truands, de rôdeurs, de repris de justice, de vagabonds et de voleurs : cette population est un vrai gibier de potence.

La police, qui sait tous les méfaits qui se commettent dans ce milieu, exerce surtout sa surveillance par des agents secrets ; elle avait même recours à un marchand des quatre saisons, nommé Clérembault, qui lui donnait parfois des indications utiles.

Clérembault a failli payer de sa vie le métier dangereux qu'il exerçait. Un complot s’était formé pour se débarrasser de ce malheureux ; la justice n’a pu connaître tous les noms des conjurés, et trois seulement d’entre eux comparaissaient hier devant le jury sous l’accusation de tentative d’assassinat commis sur Clérembault.

Le 16 juin dernier, vers 9 heures du soir, ils l’avaient rencontré dans le voisinage de la barrière ; après lui avoir reproche d’être un espion, ils l'emmenèrent dans un cabaret, et feignant de ne plus lui en vouloir, ils le firent boire, lui empruntèrent même de l’argent, après quoi ils le terrassèrent, à coups de poings et à coups de couteau, et le laissèrent comme mort sur un tas de poussier de mottes.

Le malheureux en est revenu, bien qu’il eût quatorze plaies sur le front et sur un seul côté du visage ; il est resté paralysé par suite d’un coup qui avait atteint le nerf sciatique.

Des trois accusés, deux, Lepesteur et Neveu, ont déjà subi des condamnations pour vol. Le troisième, Hertz, est le seul qui ne soit pas repris de justice.

Clérembault a pu venir à l'audience ; il raconte qu’on l'avait traité de casserole, ce qui veut dire mouchard, que plus tard il se sont mis six après lui. Ils m’ont tant frappé, dit-il, que ej’ai senti mon œil tomber dans ma main ; heureusement que j’ai conservé mon œil et qu’à l’hospice ces messieurs me l’ont remis.

Le jury, après avoir entendu Mes Dutey, Pelletercau et Metetai, a acquitté le dernier accusé. Lepesteur et Neveu ont été condamnés à vingt ans de travaux forcés.

(Le titre et le sous-titre ont été ajoutés — NdE)

La barrière de Fontainebleau est devenue la place d'Italie, la rue des Deux-Moulins, la rue Jenner et la rue Saint-Honoré qui prendra le nom de rue de l'Hôpital alors qu'elle était encore sur le territoire de la commune d'Ivry, était en fait la rue Harvey, rue  qui disparaitra avec la rénovation de l'îlot.



Les barrières de Paris

Les nouvelles barrières de Paris

Alfred Delvau - Histoire anecdotique des barrières de Paris (1865)



Rue Harvey

Le 21 juin 1889, le journal l'Égalité écrivait :

" C’est dans le treizième arrondissement, quartier de la Salpêtrière, que se trouve la rue Harvey, autrefois rue de l’Hôpital.
C’est assurément une des plus curieuses et des plus pittoresques voies du Paris pauvre et misérable."

Pour Maxime du Camp, elle était "l'horrible rue Harvey, qui est un cloaque bordé par des antres sans nom." (Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie dans la seconde motié du XIXe siècle)

Un peu d'histoire

La rue Harvey (165 mètres, entre la rue Nationale, 163, et la rue du Château-des-Rentiers, 206) fut ouverte en 1847 sous le nom de ruelle Saint-Honoré ; plus tard elle devint la rue de l'Hôpital. Par décret du 24 août 1864, elle devint la rue Harvey, en souvenir de William Harvey (1578-1657), médecin de Charles 1er, qui découvrit les lois de la circulation du sang (1576-1657). — Petite histoire des rues de Paris (1913)

La rue de l'Hôpital avait pour caractéristique, eu égard à sa situation hors de Paris avant 1860, au delà de la Barrière des Deux-Moulins de concentrer en son sein des marchands de vin et un dizaine de maisons publiques c'est-à-dire de maisons de prostitution comme le soulignaient Philippe Doré dans sa "Notice administrative, historique et municipale sur le XIIIe Arrondissement" ou les journaux quand il s'agissait d'évoquer cette rue qui, au fil des nouvelles, apparaissait dangereuse.

Plus tard, après l'annexion, la rue Harvey fut aussi le siège des activités de dizaines de chiffonniers et de petites  industries. La mauvaise réputation de la rue persista voire même, s'amplifia dans les premières décennies du XXe siècle.

Après la première guerre mondiale, le peuplement de la rue Harvey changea, les chiffonniers qui l'occupèrent un temps presque exclusivement, se trouvèrent remplacés par la main d'œuvre immigrée de la raffinerie Say voisine ou de l'usine Panhard plus lointaine.

La rue Harvey disparut complètement en 1960 avec la destruction de l'ilôt 4. Apparemment, rien ne perpétue son souvenir à son emplacement.

 

Sur la rue Harvey

Faits-divers d'avant l'annexion

Faits-divers, 1860 - 1918

À lire également...

Une arrestation mouvementée

1911

Hier matin, la rue de la Glacière était mise en émoi. Quatre gardiens de la paix et deux inspecteurs de la Sûreté sortaient de la maison portant le numéro 37, en traînant, en portant plutôt un individu qui se défendait avec une énergie farouche.

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Quartier de la Gare

Une femme aux fers

1873

Avant-hier, vers sept heures au matin, un gardien de la paix de service rue Lahire (13e arrondissement), entendit des cris d'angoisse et la voix d'une jeune femme l'appelant de la fenêtre du premier étage d'une maison située dans l'impasse de la Cerisaie.

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Horrible accident

1903

Il y avait foule hier soir sur les quais de la station de la Maison-Blanche. Trois cent cinquante voyageurs environ attendaient le train arrivant de la gare d'Orléans-Ceinture et se dirigeant vers Auteuil. Quand ce train parut, tout le monde se précipita pour le prendre d'assaut.

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rue de Tolbiac

Le môme « L’Affreux »

1903

« Nini des Deux-Moulins aime le môme « l’Affreux » pour la vie. »
C’est écrit en caractère gigantesques sur un mur de la rue de Tolbiac. N’était l'étrange sobriquet de l'heureux mortel qui a su allumer une telle passion dans le cœur de « Nini des Deux Moulins », on passerait bien indiffèrent, blasé sur l'éloquence des inscriptions murales.

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Saviez-vous que... ?

À la séance du 30 octobre 1879 du Conseil Général de la Seine présidée par M. Réty, M. Georges Martin déposait une pétition d'industriels du 13e arrondissement demandant la création d'une gare de marchandises à la jonction de la rue Baudricourt et de la rue Nationale prolongée. Cette pétition, reprise par M. Georges Martin sous forme de projet de vœu fut renvoyée à la commission desdits vœux.
Ce sera la « gare des Gobelins », finalement issue d’autres projets, qui sera ouverte le 15 mai 1903 seulement et restera en fonctionnement jusqu’en 1991.

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L'actuelle mairie du XIIIème a été construite en 1866 et 1877 (avec une interruption entre 1870 et 1871) sur les plans de Paul-Emile Bonnet, architecte. Auparavant, elle était installée dans un des anciens pavillons Ledoux.

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Jusqu'en 1884, la place de Rungis, construite sur les vestiges des étangs de la Glacière et voisine de la gare de marchandises, porta le nom de place Barrault. La même année, la voie nouvelle tracée entre la rue du Pot-au-Lait et la gare de Gentilly, ceinture, prit le nom de rue de Rungis.

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Le 14 juillet 1906, on pouvait aller en métro de la place d'Italie à la gare de Lyon sans changement.
A cette date, la ligne 5 se raccordait à la ligne Porte Maillot- Vincennes.

L'image du jour

La place Pinel vue de la rue Esquirol avec un aperçu de la rue Nationale de l'autre côté du métro.

L'entrée de la cité Doré sur la place Pinel était situé à gauche.