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 Le drame du boulevard Masséna - 1882

Le drame du boulevard Masséna.

Le Figaro — 7 octobre 1882

Une effroyable tragédie, dont le dénouement n'est que trop prévu, met en ce moment en émoi les habitants de la partie du treizième arrondissement qui confine aux fortifications.

Il y a six semaines environ, une dame Goujeux, âgée de trente-cinq ans, demeurant avec son mari, 13, boulevard Masséna, près de la rue de Patay, était mordue par un petit chien de l'espèce dite « loulou », qu'elle avait depuis quelques années. Cette morsure ne paraissait d'abord avoir aucune gravité toutefois, se rappelant que le chien semblait très excité au moment où il l'avait ainsi blessée. Mme Goujeux conduisit l'animal chez un marchand de chiens de l'avenue d'Italie et l'y laissa.

La malheureuse femme ne pensait plus à cet incident lorsque, il y a huit jours environ, elle se sentit prise de frissons.

Elle continua sa besogne journalière, mais on ne tarda pas à remarquer qu'elle devenait morose et irascible. Son mari, avec lequel elle vivait dans la meilleure intelligence, lui fit diverses observations ; elle ne répondit que d'une manière évasive.

Il y a trois jours, le malaise s'accentua. Mme Goujeux perdit tout appétit et fut obligée de s'aliter ; elle eut bientôt des hallucinations et des crises violentes.

Le médecin qui fut appelé, M. le docteur P... crut reconnaître tous les symptômes de la rage néanmoins, devant la gravité du cas, il crut devoir s'adjoindre un confrère, M. le docteur F…

Les efforts et les soins des deux praticiens ne purent enrayer le mal.

L'avant-dernière nuit, la malade devint la proie d'un délire épouvantable ; elle se tordait sur son lit, écumait, et ses cris, d'une intensité effroyable, jetaient l'effroi dans tous les environs.

Mis au courant de la situation, M. Grillières, commissaire de police, se transporta au domicile des époux Goujeux et, sur l'avis des médecins, prescrivit le transport de la malheureuse jeune femme à l'hôpital de la Charité.

À trois heures et demie, hier, cette difficile opération a été exécutée elle a excité d'autant plus d'émotion parmi la foule amassée aux alentours de la maison, que le mari a tenu à accompagner sa pauvre femme et a pris place à côté d'elle, seul, dans le fiacre qui l'emportait.

M. et Mme Goujeux, mariés depuis dix ans, n'ont pas d'enfants ils exercent l'état de cordonnier pour des fabriques de Paris. Leur conduite est exemplaire.

Nous tiendrons nos lecteurs au courant des suites de ce triste incident.


Le Figaro — 7 octobre 1882

Nous avons fait prendre des nouvelles de Mme Goujeux, transportée à l'hôpital de la Pitié, et non à la Charité comme une erreur de plume nous l'a fait dire, à la suite de l'incident raconté hier à cette place. La nuit et la journée avaient été assez calmes. La malade reste en observation. Demain, sans doute, les médecins pourront se prononcer.

Mme Goujeux occupe le lit n° 5, dans la salle Grisolle. Elle est, comme on le pense bien, soigneusement surveillée.


Le Figaro — 9 octobre 1882

La malheureuse femme dont nous avons raconté la dramatique aventure, Mme Goujeux, a eu hier, à l'hôpital de la Pitié, trois accès de fureur des plus violents, qui ont nécessité l'emploi de la camisole de force et le transfert de la malade dans une petite pièce attenant à la salle Grisolle. Les médecins n'ont pu encore se prononcer sur l'état de la patiente.

À côté de la version que nous avons rapportée, d'après le témoignage de plusieurs personnes très liées avec les époux Goujeux, il en circule une autre que nous devons également mentionner. La dame Goujeux aurait bien été mordue par un chien, mais cet accident remonterait à plus d'un an. Quant aux accès qui ont rendu nécessaire le transport de la pauvre femme à la Pitié, ils seraient survenus à la suite d'une violente émotion éprouvée récemment par Mme Goujeux.

Quoi qu'il en soit, l'état de l'intéressante malade est des plus alarmants, et l'on .ne saurait encore se prononcer sur les suites probables de ce cas pathologique.

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Saviez-vous que... ?

À la séance du 30 octobre 1879 du Conseil Général de la Seine présidée par M. Réty, M. Georges Martin déposait une pétition d'industriels du 13e arrondissement demandant la création d'une gare de marchandises à la jonction de la rue Baudricourt et de la rue Nationale prolongée. Cette pétition, reprise par M. Georges Martin sous forme de projet de vœu fut renvoyée à la commission desdits vœux.
Ce sera la « gare des Gobelins », finalement issue d’autres projets, qui sera ouverte le 15 mai 1903 seulement et restera en fonctionnement jusqu’en 1991.

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En 1887, Camille Claudel vivait dans un atelier loué pour elle par Auguste Rodin, la Folie Neubourg ou Clos Payen, 68 boulevard d’Italie, actuel boulevard Auguste-Blanqui.

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La rue Küss honore le dernier maire français de la capitale alsacienne en 1871, année de sa mort, le jour même où les députés de l'Assemblée nationale décidèrent de céder l'Alsace et la Lorraine à l'Allemagne. Émile Küss était un savant physiologiste de la faculté de Strasbourg.

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C'est le 7 mars 1930 à 11 heures que fut ouvert au public le tronçon du métro reliant la porte de Choisy à la place d'Italie. Ce tronçon était alors appelé à faire partie de la ligne 10 reliant la porte de Choisy aux Invalides. Il en sera ainsi jusqu'au 26 avril 1931.

L'image du jour

La place Pinel vue de la rue Esquirol avec un aperçu de la rue Nationale de l'autre côté du métro.

L'entrée de la cité Doré sur la place Pinel était situé à gauche.