vu par M. G. Macé, ancien chef du service de Sûreté
Extrait de « Gibier de Saint-Lazare » 1888
En sortant par la grille principale du Jardin des Plantes, sur la droite
se tient, les mardis et samedis, le marché aux chevaux. Deux portes en facilitent
l'accès. L'une réservée aux chevaux entiers, l'autre aux juments. Les chevaux
hongres entrent indistinctement par les portes Saint-Marcel et de l’Hôpital,
en compagnie des maquignons, souteneurs et filles.
Les prostituées racolent les gens de toute condition qui se rendent ce marché
et les conduisent dans les cabarets borgnes et les hôtels à la nuit en très
grand nombre au treizième arrondissement.
Ce coin de Paris offre un aspect particulier : il ne manque pas de pittoresque
au point de vue de sa population, formée d'un mélange d'honnêtes ouvriers et
de malfaiteurs. Au delà, au milieu de nouvelles constructions existent de véritables
bouges servant de refuges à l'écume de la société.
L'entrée du marché aux chevaux sur le boulevard de l'Hôpital - Photo H.
Godefroy - 1909 - CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet
Grenelle a ses bonnes à soldats, la chaussée du Maine, la rue de la Gaîté,
ses fausses ouvrières affectant un cachet de modestie ; l'ex-barrière d'Italie,
la Butte-aux-Cailles, les boulevards de la Gare, de l'Hôpital, la place Pinel,
les rues Nationale, Harvey, les Deux-Moulins, possèdent les plus dangereuses
filles, toujours à la remorque de repris de justice prêts faire la chasse aux
valseurs (ivrognes) et dévaliser les passants attardés. Ce vilain monde fraternise,
et maquignons, voleurs, assassins, ne sortent jamais sans avoir, comme ils disent,
leur dogue, leur dague et leur digue (chien, couteau, femme).
Hier, à deux heures et demie de l'après-midi, bien au-delà de la place d'Italie, dans le Paris inconnu de la vallée de la Bièvre, les rues étaient par hasard noires de monde. C'était grande fête pour les pauvres, les ouvriers du faubourg déshérité, qui faisaient joyeusement la haie, accueillant avec enthousiasme ceux qui venaient planter définitivement la croix rouge au milieu d'eux. (1908)
Depuis quelque temps, une bande de redoutables gredins qui se dénommaient eux-mêmes les « Terreurs d’Italie » et dont le quartier général était situé boulevard de la Gare, étaient en fort en fort mauvaises relations avec une bande de leurs semblables désignés sous le nom pittoresque des « Casse-cœurs » et résidant le plus souvent boulevard de l'Hôpital.
Conformément à un arrêté de M. le préfet de la Seine concernant les travaux de voirie à exécuter dans le 13e arrondissement, on va bientôt procéder à l'exécution de travaux d'agrandissement et de régularisation de la place d'Italie et de ses abords. (1867)
Dans la portion du 13e arrondissement comprise entre la rue du Pot-au-Lait et celle de l'Espérance, un peu plus bas que la Butte-aux-Cailles, à deux pas du futur parc de Montsouris s'étend une région inhabitée, encaissée entre la Bièvre et un autre bras de ce cours d'eau qu'on appelle la Rivière morte. Ce sont des prés où les blanchisseuses font sécher leur linge sur des piquets, où les vaches, paissent, comme dans les herbages de Normandie. (1867)
Tout au bout de Paris, là-bas, rue Nationale, dans le treizième arrondissement, il existe deux cités, qui renferment une population très turbulente de chiffonniers et de gens sans aveu. La première est la cité Jeanne-d'Arc, la seconde, la cité Doré. Or, les « gars de la Jeanne-d'Arc », nouveaux Capulets, vivaient en très mauvaise intelligence avec ceux de « la Doré » modernes Montaigus, et, de chaque côté, la coupe ces messieurs disent la malle était pleine. Il fallait peu de chose pour la faire déborder...
Deux petites filles ont été écrasées l'autre jour par des tramways l'une boulevard de la Gare, l'autre sur un passage clouté de l'avenue de Choisy, à la sortie d'une école, et dans des conditions si lamentables que M. Gélis, conseiller municipal, a cru devoir adresser à ce sujet une question au préfet de police. Hier encore, deux jeunes enfants ont été blessés sur la chaussée et il ne se passe presque pas de jour, hélas, qu'on n'ait à déplorer des accidents de la circulation dont sont victimes de jeunes enfants. (1933)
Une vingtaine d'habitants de la cité Jeanne-d'Arc, qui nourrissaient depuis quelque temps des projets de vengeance contre des locataires de la cité Doré, rencontraient quelques-uns de ceux-ci place Pinel et les provoquaient.
Dans l’un des quartiers les plus déshérités de Paris, au delà de la place d’Italie, derrière la Butte-aux-Cailles, voici quinze hivers que, par l’inlassable dévouement d’un homme de bien, la Mie de Pain vient en aide à des milliers et des milliers de malheureux. (1906)
Un crime atroce qui ne peut être que celui d'un sadique ou d'un fou a été découvert l'avant-dernière nuit, au cinéma « Madelon », 174, avenue d'Italie.