Le nouvel hôpital de la Pitié
Le Soir — 15 avril 1910
A propos d’une visite de la commission technique. — Ce que sera l’établissement. — Tout un programme.
On sait que le nouvel Hôpital de la Pitié doit être livré au début de l’année 1911.

CC0 Paris Musées / musée Carnavalet
Que sera la nouvelle Pitié qui va supplanter le vieil immeuble de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire ? Elle sera, naturellement fort différente de l’ancien hospice, mal aéré, où le régime du dortoir déprimait les malades, où les délirants empêchaient les convalescents de dormir. Les grandes salles en contiendront dix-huit au plus et non trente à cinquante, comme dans les salles actuelles. Les agités auront un pavillon spécial pour qu’ils ne troublent pas ceux qui ont le bonheur de pouvoir dormir, et l’on fait le plus de chambres possible pour que la vie intérieure s’organise et qu’on rassemble ses rêves avec quiétude.
Nombre de réformes vont être apportées. Encore aujourd’hui, ceux qui ont des maladies virulentes, les ulcéreux, les tuberculeux et les souffrants de l’appendicite passaient en même temps à la visite. Les possesseurs de simples abcès voyaient les opérations chirurgicales, cela les effrayait souvent, retardait leur guérison. Voir ouvrir un ventre est douloureux pour un malade. On organisera deux services différents : un pour les aseptiques, un pour les septiques.
De l’air et de la lumière
Les pièces seront gaies et propres. Des grès et des céramiques orneront le sol, et les murs seront recouverts de faïences, où courront des frises gracieuses et des dessins plaisant à voir. Les chambres nues et froides déplaisent aux malades. La lumière et les arbres seront un auxiliaire puissant pour hâter les guérisons.
Chaque lit sera placé dans un trumeau, c’est-à-dire entre deux fenêtres. L’aération se fait par le haut des fenêtres, avec abattement intérieur ; ainsi seront évités les courants d’air néfastes.
La disposition est fort simple. L’entrée donnera sur le boulevard de l’Hôpital. A gauche de la grande allée est le pavillon de la médecine, ensuite, le bâtiment des admissions. Tout est par pavillons séparés. Les maladies infectieuses ne pourront se propager et les services ne se contrarieront pas. Dans le jardin, il y aura un pavillon spécial pour les internes, un pour l’administration. La chirurgie occupera deux vastes bâtiments, pourvus de tout l’outillage moderne.
On a pensé aussi aux infirmiers, ces indispensables auxiliaires si dévoués.
Au lieu du dortoir, qui empêchait le recueillement de cette vie en commun, triste parfois, on établira des chambres. Ainsi les employés auront un chez soi. Les principaux bâtiments sont à deux étages tandis que l'ancienne Pitié avait 20.000 mètres carrés en peine de superficie, la nouvelle en a 61.250.
Ajoutons pour terminer que l'ancienne Pitié sera démolie La pioche fera tomber ses antiques murailles comme elle abattit celle du vieil Hôtel-Dieu l’année dernière.
Sur les hôpitaux de la Pitié et de la Salpêtrière :
L'ancien hôpital de la Pitié
Le nouvel hôpital de la Pitié
- On reconstruit l'Hôpital de la Pitié (1906)
- Le Nouvel Hôpital de la Pitié (1908)
- Le Nouvel Hôpital de la Pitié (1910)
- Ouverture du nouvel hôpital de la Pitié (1911)
- M. Poincaré inaugure le nouvel hôpital de la Pitié (Le Petit-Journal - 1913)
- M. Poincaré inaugure le nouvel hôpital de la Pitié (Le Temps - 1913)