Les bombardements de Paris
Le Rappel — 14 janvier 1871
Un de nos amis qui loge rue Watteau, près de la barrière de Fontainebleau, nous apporte les détails suivants.
La nuit dernière, le bombardement a été d'un obus toutes les cinq minutes, très régulièrement.
À partir du matin, il n'a plus été que d'un par dix minutes, et on pouvait croire que c'étaient des obus égarés qui passaient involontairement par-dessus les forts. Quatre de ces obus sont tombés boulevard de l'Hôpital, dans le chantier du Charbon de Paris, appartenant à M. Pernolet, maire du 13° arrondissement.
Le feu a duré jusqu'à quatre heures de l'après-midi.
Du reste, il n'a fait aucun mal ; pas un accident ; les enfants couraient après les obus aussitôt qu'ils tombaient. Celui qui nous raconte cet épisode du bombardement nous dit : — C'était comique.
Il faut dire que le quartier n'a que des maisons espacées dans des terrains vagues.
Comme, si espacées qu'elles soient, les maisons pourraient recevoir par hasard la désagréable visite d'un projectile, une grande partie des habitants du quartier loge dans les caves des Gobelins.
Notre ami de la rue Watteau nous dit cette chose singulière que, depuis huit jours, les obus pleuvent à droite et à gauche de sa rue et qu'il n'en est pas tombé un seul dedans.
Par excès de précaution, il a amené hier sa femme et sa petite fille au centre de Paris ; mais sa domestique n'a pas voulu déménager et s'obstine à garder la maison.
