UNE ÉVOCATION DU 13e ARRONDISSEMENT DE 1860 AUX ANNÉES 30

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Une évocation du 13e arrondissement de 1860 aux années 30

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Boulevard Masséna

Deux bœufs chez le marchand de vins

Une aventure singulière est arrivée hier matin, à neuf heures, boulevard Masséna.
Un marchand de bestiaux, M. Etienne Clerc, conduisait un troupeau composé de douze bœufs destinés à être embarqués à la gare de la Glacière. (1896)

Quartier de la Gare

Règlement de compte aux Deux-Moulins

Il est un coin de Paris que les honnêtes gens ne connaissent guère et dans lequel nous ne leur conseillons pas de s'aventurer après la tombée du jour. Ce sont les alentours de la barrière de Fontainebleau. Il y a dans ces parages la rue des Deux-Moulins et la rue Saint-Honoré qui sont comme le quartier général de tout ce qui reste aujourd'hui de truands, de rôdeurs, de repris de justice, de vagabonds et de voleurs : cette population est un vrai gibier de potence. (1866)

Place des Peupliers

Des agents de police chassent un renard à coup de pèlerines

Les enfants en venant jouer, hier vers 8 heures, dans le petit square situé au centre de la place des Peupliers (13e), aperçurent, à leur grand effroi, un renard dans les massifs... (1939)

Place des Alpes

Coups de couteau dans un bal musette, Place des Alpes

Non loin de la place d'Italie, dans le treizième, place des Alpes, se trouve un bal musette qui fut, à diverses reprises, le théâtre de violentes bagarres et l'objet de nombreuses opérations policières. (1924)

Terrible orage à Paris

Le temps qui, depuis le matin, était, hier, très chaud et devenu vers midi tellement lourd et orageux que l'air était presque irrespirable. On ne voyait que passants s'essuyant le front avec la lassitude et les cocher protéger la tête de leurs chevaux avec des chapeaux de paille... (1901)

Une rue insalubre

Pestilentielle et défoncée, avec sa chaussée parsemée d'immondices, la rue Philibert-Lucot est la plus sale du treizième arrondissement. (1911)

La nouvelle place de l’Église dans le 13e arrondissement

Comme dans la plupart des arrondissements annexés, il y a fort à faire dans le treizième ; mais on y trouve cet avantage, qu'un grand nombre de terrains y étant dépourvus de constructions, les expropriations y sont peu coûteuses. ... (1861)

Maximilien Luce - La Bièvre rue des Peupliers

En 1888, l’éminent balzacien que fut Jules Christophe (1840-1908) remarqua une exposition consacrée aux œuvres d’un jeune peintre Maximilien Luce (1858-1941) et lui consacra un article dans l’hebdomadaire satirique La Cravache parisienne du 28 juillet 1888 auquel il collaborait régulièrement.
Cet article permet de mieux interpréter un petit tableau (38,7 x 46,4 cm) de Luce connu sous l’appellation « La Bièvre près de Paris » alors qu’il s’agit, en fait de la Bièvre dans Paris et plus précisément aux abords de la rue des Peupliers et du Moulin-des-Prés sur la rivière. (1888)

30 juin 1878

La fête nationale dans le 13e

5 janvier 1881

L'enterrement de Blanqui

22 mai 1908

Explosion à la raffinerie Say

20 octobre 1915

L'explosion de la rue de Tolbiac

 

29 novembre 1870

L'offensive française sur la Marne vue du 13e

15 juillet 1895

Première visite d'un président de la République dans le 13e

10 mars 1871

La situation dans le 13e

28 décembre 1902

Les Humbert arrivent à la gare d'Orléans-Ceinture

 

Le 13e dans la presse...

Dans la presse...

DANS LA PRESSE...

Une rue insalubre

Pestilentielle et défoncée, avec sa chaussée parsemée d'immondices, la rue Philibert-Lucot est la plus sale du treizième arrondissement. (1911)

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Pour la sécurité des enfants

Deux petites filles ont été écrasées l'autre jour par des tramways l'une boulevard de la Gare, l'autre sur un passage clouté de l'avenue de Choisy, à la sortie d'une école, et dans des conditions si lamentables que M. Gélis, conseiller municipal, a cru devoir adresser à ce sujet une question au préfet de police. Hier encore, deux jeunes enfants ont été blessés sur la chaussée et il ne se passe presque pas de jour, hélas, qu'on n'ait à déplorer des accidents de la circulation dont sont victimes de jeunes enfants. (1933)

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La Mie de Pain

Dans l’un des quartiers les plus déshérités de Paris, au delà de la place d’Italie, derrière la Butte-aux-Cailles, voici quinze hivers que, par l’inlassable dévouement d’un homme de bien, la Mie de Pain vient en aide à des milliers et des milliers de malheureux. (1906)

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Le puits artésien de la Butte-aux-Cailles

Le puits artésien de la butte aux Cailles, dont nous n'avions pas visité le chantier depuis l'année dernière, est arrivé maintenant à une profondeur de 75 mètres, c'est-à-dire à 13 mètres 50 au-dessous du niveau de la mer. (1865)

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Un nouveau dispensaire

Les habitants du XIIIe arrondissement viennent d'être dotés d'un dispensaire spécial pour enfants malades.
Édifié par les soins de la Société philanthropique, cet établissement est dû à la générosité de Mme Edouard André. Il se trouve, 4, rue Jean-Marie-Jégo. Pour ceux qui ne connaissent pas cette rue nouvelle et qui n'est inscrite dans aucun, indicateur, disons qu'elle est située près de la place d'Italie, à la jonction de la rue de la Butte-aux-Cailles et de la rue du Moulin-des-Prés. (1889)

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L’enterrement de Blanqui

Ce n'est qu'hier soir, à six heures, que l'administration des Pompes funèbres a été informée, par la mairie du treizième arrondissement, de l'heure officielle des obsèques de Blanqui et de la classe choisie par la famille, pour le corbillard et les tentures. (1881)

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 paris-treizieme.fr — Notre-Dame de la Gare sous la Commune
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Les églises de Paris sous la Commune

Notre-Dame de la Gare

(24 mai)

Extrait de "Les églises de Paris sous la Commune" de Paul Fontoulieu (1873)
Notre-Dame de la Gare, place Jeanne d'Arc, anciennement place de l'Eglise

Avant comme après l’insurrection, le treizième arrondissement fut un des plus tranquilles de Paris. Comment devint-il en un seul jour le théâtre de crimes horribles ? Hommes et choses semblent avoir concouru dans une égale mesure à amener ce résultat.

À la mairie trônait le sieur Passedouet, une des célébrités des réunions publiques. Avant de devenir un révolutionnaire exalté, Passedouet avait été employé au journal la Patrie en qualité de comptable, et plus tard, il fut un des administrateurs de la Nation — journal de M. Léonce Dupont ; là, il créa une petite feuille, — non politique, — tout à fait inconnue aujourd'hui, et qui avait pour titre : le Fumeur, organe des culotteurs de pipes. Le Fumeur a eu, ce nous semble, trois numéros.

Ici, l'auteur du texte est dans l'approximation.
Si Auguste Jules Passedouet a bien été maire du XIIIe arrondissement, il ne l'a été que deux mois entre le 4 septembre, date de sa nomination et le 5 novembre 1870 date des élections des maires et des adjoints d'arrondissement décidées par le gouvernement de la défense nationale afin de constituer régulièrement par l'élection les municipalités. Passedouet ne fut pas confirmé dans ses fonctions, les électeurs du XIIIe qui lui préférèrent sans équivoque M. Pernollet (2950 voix, élu au premier tour) contre 1319 voix pour lui.

On retrouvera Passedouet pendant la Commune dans le XIXe où il occupait les fonctions de délégué à l'administration de l'arrondissement. Il fut très largement battu lors des élections municipales complémentaires du 15 avril 1871.

Passedouet fut tenu pour responsable de l'incendie des entrepôts de la Vilette. Arrêté en septenbre 1871, il fut condamné,en avril 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée par le 3e conseil de guerre et mourut en Nouvelle Calédonie en juin 1876.

Passedouet entra ensuite, toujours comme comptable, au journal la Liberté, fondé par M. Muller. Il y resta jusqu'au jour où le journal passa dans les mains de M. Émile de Girardin. Puis il devint orateur des clubs et se mit à publier des canards rouges : il fonda le journal la Misère le 6 février 1870, et puis le Misérable le 28 du même mois. Ces feuilles, supprimées par arrêts des tribunaux correctionnels, lui valurent quelques mois de prison.

Tels étaient les antécédents de M. le maire du XIIIe arrondissement. Les hommes dont il s'entoura comme conseillers étaient Léo Meillet, qui allait devenir membre de la Commune ; Buffier, failli et banqueroutier ; le ciseleur en fer Duval ; le chaudronnier Chardon et le corroyeur Sérizier, homme perdu de mœurs, trois fois condamné à mort et jamais exécuté.

Cependant — chose fort extraordinaire — malgré un tel maire et de semblables conseillers, l’église ne fut ni perquisitionnée ni pillée, et le clergé put rester à son poste sans jamais être inquiété. « si ce n'est le dernier jour.

Tout ce qui concerne l’église Notre-Dame de la Gare se résume donc dans les arrestations de MM. Méhulin et Lesmayoux, vicaires. On va voir quels traitements indignes on leur fit subir et comment ils échappèrent à la mort.

Le mercredi 24 mai, les fédérés étaient déjà repoussés jusqu'aux extrêmes limites du XIIIe arrondissement, et le corps du général de Cissey avait porté sa gauche jusqu'au Jardin des Plantes. Les bataillons des fédérés qui occupaient Bicêtre, voyant qu'ils pouvaient être tournés, rentrèrent précipitamment par la porte d'Ivry, traînant avec eux les dominicains d'Arcueil qu'ils avaient faits prisonniers l’avant-veille. Ces bataillons étaient les 101e, 120e, 133e, 156e, 176e et 184e considérablement diminués.

Ils rentrèrent à Paris en désespérés, décidés à massacrer tous les réfractaires et tous les prisonniers, et Léo Meillet, pour conserver sa popularité, leur en donna l'autorisation.

En effet, le jeudi 25, des détachements de ces bataillons envahirent simultanément les domiciles de M. le curé et des vicaires.

M. le curé Parguel, qui a fondé la paroisse, homme estimable sous tous les rapports, avait été averti du danger dont il était menacé et avait pu se mettre en sûreté.

Deux vicaires purent s'échapper, grâce à la profonde ivresse des gardes chargés de les empoigner ; mais deux autres vicaires, MM. Méhulin et Lesmayoux, tombèrent entre les mains des insurgés.

M. Méhulin fut entraîné à une barricade, derrière la mairie, où un capitaine proposa de l'attacher à la gueule d'un canon ; mais, sur l'observation que cette mort était trop douce pour un calotin, on l’exposa au point le plus dangereux de la barricade, afin qu’il fût tué par ses amis de Versailles. Un garde se tenait derrière lui, avec ordre de le fusiller s'il faisait le moindre mouvement de recul. Enfin, deux officiers, moins cruels que les autres insurgés, eurent pitié de lui et se concertèrent pour le délivrer. L'un d'eux l’emmena, sous le prétexte de lui donner un fusil pour l'obliger à se battre, et le mit en sûreté.

Placé entre trois fédérés, M. l’abbé Lesmayoux fut conduit à la mairie, au milieu des imprécations et des menaces d'une foule devenue féroce. Des forcenés le couchèrent en joue pour le tuer. Heureusement qu'on était auprès d'un poste dont le chef se trouva, par hasard, être un honnête homme. Il fit défense de tirer. Nous sommes heureux de pouvoir donner le nom de ce brave citoyen. Il s'appelait Adolphe Prud'homme et était lieutenant à la 4e compagnie du 102e bataillon.

À la mairie, M. Lesmayoux fut accueilli avec une brutalité dont on n'avait jamais fait usage envers les plus grands criminels.

— Conduisez-moi ça au n* 38 de l'avenue d'Italie, s’écria l'officier de service. Bon pour être fusillé.

Et se tournant vers le prisonnier :

— D'autres moines vous y attendent. Votre affaire sera réglée avec la leur.

La maison n°38 de l’avenue d'Italie avait été convertie en prison. C'est là que se trouvaient enfermés les dominicains d'Arcueil. Il y avait pour greffier un nommé Boin, ancien corroyeur, et pour directeur un jeune capitaine imberbe qui, avant le 18 mars, exerçait l'état de chiffonnier.

— Asseyez- vous ! s'écria Boin en voyant entrer le prisonnier.

— Je préfère rester debout.

— Mille tonnerres d'enfer ! hurla l’ancien corroyeur en plaçant son revolver sur la figure de l'ecclésiastique, c'est moi qui commande ici, et si vous ne vous asseyez pas illico, je vous fais sauter la frimousse.

À ce moment, entra un sergent-major du 42e bataillon, M. Floury, horloger, boulevard de la Gare, 114. Il n'avait suivi M. l'abbé Lesmayoux que pour essayer de le sauver.

Isidore Boin dit "Bobèche" fut condamné à mort, le 17 février 1872, par le 6e conseil de guerre, et exécuté le 25 mai.

On délibéra sur ce qu'on devait faire. Boin et le chiffonnier-capitaine étaient d'avis de fusiller le prisonnier sur-le-champ. M. Floury, sans demander un sursis, ce qui aurait paru suspect, propose de former un conseil de guerre et de juger l’affaire. Cette idée fut trouvée charmante, et immédiatement le conseil fut organisé. Il va sans dire que le chiffonnier et Boin le corroyeur en firent partie.

La séance s'ouvrit immédiatement, en l'absence de l’accusé, bien entendu, que l’on avait verrouillé dans une chambre. Sur les six membres dont se composait ce singulier tribunal, quatre se prononcèrent pour la mort. M. Floury, voyant la partie perdue, eut recours à un stratagème, sa dernière ressource !

— Citoyens, dit-il, l'affaire est grave, puisqu'il s'agit de la vie d'un homme, et aucun de nous ne voudrait commettre un assassinat. Eh bien ! nous avons encore à élucider quelques points, et ici nous ne sommes pas tranquilles. Allons continuer nos délibérations au café. C'est moi qui régale.

La proposition fut acceptée avec un véritable enthousiasme, et le conseil de guerre suspendit la séance pour aller la reprendre au café. Le fait peut paraître incroyable, mais il nous a été affirmé par M. l’abbé Lesmayoux, qui n'avait aucun motif de nous induire en erreur.

Que se passa-t-il au café ?... Quel est le nombre de bocks et de verres de fine qui furent absorbés par ces magistrats improvisés ? c'est ce que nous ne saurions dire. Toujours est-il qu'après une heure et demie de délibérations et de libations, le conseil de guerre rendit à l'unanimité un verdict d'acquittement, et ce qu'il y a de plus curieux et de plus bizarre, c'est que Boin et le chiffonnier-capitaine, extrêmement émus l'un et l'autre, voulurent être les premiers à annoncer cette nouvelle au prisonnier.

M. l’abbé Lesmayoux était donc acquitté par le conseil de guerre du café, mais il n'était pas encore libre. Il lui restait d'autres épreuves à subir. Les assassins du n° 18 lui avaient fait grâce de la vie, fort bien ; mais les autres !!!

Ayant été reconnu innocent, M. l’abbé Lesmayoux voulut s'en aller, ce qui était assez naturel.

— Ce n'est pas possible, lui dit-on, il y a en ce moment trop de danger pour vous dans les rues ; ce soir, vous serez mis en liberté.

Vers deux heures de l'après-midi, les fédérés étaient écrasés et se repliaient en désordre. Cérisier, sentant la nécessité de fortifier les barricades de l'avenue d'Italie, y envoya quatorze des prisonniers qui se trouvaient dans la même chambre que M. Lesmayoux. Ils étaient à peine sortis, qu’on le fit appeler  ; il s'approcha du guichet.

— C'est bien, lui dit un homme à figure sinistre ; je voulais m'assurer que vous étiez là.

Un moment après, un certain mouvement se produisit dans la chambre à côté, et l'ecclésiastique entendit ces paroles :

— Allons, soutanes, en route ! on va vous conduire aux barricades.

C'était Boin qui venait prendre les dominicains d'Arcueil.

On sait le reste. Ces malheureux furent fusillés vers quatre heures et demie, sur la place d'Italie.

Peu d'instants après, deux des égorgeurs entrèrent dans la chambre où était M. Lesmayoux.

— Le tricorne qui est ici ?

— Voilà.

Et le vicaire se présenta.

— Suis-nous ! lui dirent-ils.

M. l’abbé Lesmayoux ignorait encore l’assassinat des religieux d'Arcueil. Il suivit les deux hommes. Comme il arrivait à la porte de la prison, deux fédérés prirent par les pieds le cadavre sanglant d'un père dominicain pour le lui montrer. Lorsqu'il arriva près d'eux, ils étendirent le corps sur le seuil.

— Passe dessus, coquin, lui dirent-ils, et mets-toi contre ce mur, à côté de la porte ; ton tour est arrivé.

Il y avait là un officier à cheval qui semblait avoir pour mission de présider aux massacres. M. l'abbé Lesmayoux s’adressa à lui.

— Dites donc, vous, est-ce que vous êtes l’autorité, ici ?

— Oui.

— Eh bien ! c'est à vous que je m'adresse. Déclarez qui vous faites fusiller en ma personne. Si c'est le prêtre, je n'ai rien à objecter, puisque vous êtes la force ; si, au contraire, c'est un criminel, prouvez mon crime. Ma cause a été jugée tout à l’heure et j'ai été reconnu innocent.

Pour toute réponse, l’officier tira son revolver et le porta sur la figure de l’abbé.

— Votre arme m'est indifférente en ce moment. Voyez tous les chassepots qui me menacent. Répondez à ma question.

L'officier remit gravement son revolver à sa ceinture, et se disposa à s’éloigner.

M. Lesmayoux sauta vivement à la bride de son cheval.

— Vous ne partirez pas sans me répondre. Je ne veux pas de grâce, mais j'ai droit à la justice et je la demande. Mon dossier est au greffe ; venez le consulter.

Cette proposition pouvait perdre définitivement l'abbé Lesmayoux, car il n'y avait aucun dossier au greffe, le conseil de guerre du café n’ayant rien rédigé du tout.

L'officier descendit de cheval et suivit le prisonnier. Mais les fédérés (ils appartenaient au 101e bataillon) les arrêtèrent en disant :

— A quoi bon tout ce retard ?... Il faut le fusiller tout de suite.

— Camarades, s'écria alors l'officier, vous n’êtes pas des assassins, vous autres ! Vous êtes d'honnêtes patriotes qui combattez pour la liberté. Eh bien ! il n'est pas sûr que cet homme soit coupable. Pour ne pas vous exposer à commettre un crime, donnez-lui un chassepot et f...-le à la barricade !

M. Lesmayoux se trouva aussitôt muni d’un fusil,

— Je suis prêtre, dit-il, et je ne me bats pas.

— Qu'est-ce que ça nous fait ?... En avant, ou une balle dans la tête !

Deux horribles voyous s'approchèrent. L'un lui donna des cartouches, l'autre des capsules, et toute une bande de misérables le poussa vers la barricade de l’avenue d'Italie, en face de la mairie.

Chemin faisant, on se faisait un plaisir de lui montrer les cadavres des martyrs d'Arcueil, qui avaient été éparpillés sur toute l'avenue. Il se passa là des choses horribles, indignes d'un peuple civilisé. On poussait ces cadavres du pied, on les roulait dans la poussière ; à l’un on prenait son chapeau, à l'autre son scapulaire, et on affublait de ces objets les laïques assassinés avec les prêtres.

Des gamins s'amusaient à attacher des scapulaires au cou des chiens. Détail épouvantable : une de ces victimes respirait encore ; des individus l’assirent contre le mur et l'achevèrent à coups de bâton et à coups de talons de souliers.

Mais le séjour à la barricade ne fut pas de longue durée. La troupe régulière s'approchait de plus en plus, et bientôt on vit un nuage de fumée blanche à la porte d'Italie. C'était la brigade Lion qui arrivait au pas de course.

— En route sur Bercy ! s'écria un officier, et dépêchons-nous !

On plaça l’abbé Lesmayoux au centre d'un groupe qui devait le fusiller, s'il tentait de se sauver.

— Marche droit, lui dit un lieutenant, ou je te loge une balle dans la tête.

Chemin faisant, M. l’abbé Lesmayoux chercha à lier conversation avec ses voisins.

— Eh bien ! dit-il en s'adressant à un capitaine qui avait l'air moins cruel que les autres ; il paraît que nous allons à Bercy !

— Oui ; mais vous, qui êtes- vous, et comment êtes-vous ici ?

— Je suis vicaire de l'église que nous voyons en face ; j'ai été pris ce matin chez moi, par les bataillons qui descendaient de Bicêtre.

— Ah ! je vous plains bien sincèrement !

Ces paroles enhardirent l’ecclésiastique.

— Tâchez donc de me sauver, lui dit-il.

— Je ne demande pas mieux, mais c’est bien difficile. Je vais toujours essayer. Et d'abord, je vais commencer par vous insulter, c'est indispensable.

— Ne vous gênez pas.

Le capitaine, alors, accabla d'outrages et de menaces M. l’abbé Lesmayoux, à la grande satisfaction des fédérés. On arriva ainsi à une barricade placée à l'intersection de la rue Baudricourt et de l’avenue d'Ivry.

Là se trouvaient les insurgés du 101e, qui venaient de fusiller les dominicains. Ils se mirent à insulter le prêtre et ils allaient le fusiller, lorsque le capitaine s'interposa vivement entre eux et la victime.

— Malheureux ! s'écria-t-il, y songez-vous ? Vous savez que nous manquons de médecins pour nos ambulances ; j'y mené ce citoyen qui est chirurgien, et vous voulez le tuer !

Puis, se tournant vers le prêtre :

— Suivez-moi, lui dit-il.

Il se dirigea alors vers ce même officier à cheval qui, quelques instants auparavant, avait envoyé l’abbé aux barricades, et qui se trouvait là avec sa bande d'assassins. Il lui dit quelques mots à voix basse, et il introduisit le prêtre dans l’ambulance, située à une centaine de pas de la barricade.

Il est juste de citer le nom de ce capitaine de l’armée insurrectionnelle, qui risquait sa vie pour sauver celle d'un prêtre. Il s'appelait Desfosse, et il était capitaine de la 2e compagnie de guerre au 101e bataillon des fédérés.

Au moment de se séparer de M. l'abbé Lesmayoux, il lui serra la main, à la dérobée, et lui dit d'une voix émue :

— Au revoir, monsieur, s'il y a un revoir pour moi.

On eût dit que cet homme avait un pressentiment de sa fin prochaine. En effet, quelques minutes après, il était atteint au front par une balle, et tombait pour ne plus se relever.

M. l'abbé Lesmayoux fut obligé, pendant près d'une demi-heure, d'exercer sérieusement les fonctions de chirurgien. Heureusement pour lui — et aussi pour les malades — il n'eut à soigner que des blessures légères, et, comme il avait été pendant quatre mois infirmier dans une ambulance, sous les ordres du docteur Thibault, il ne lui fut pas difficile de passer pour un homme du métier.

Mais bientôt les éclaireurs du 82e de ligne arrivèrent au pas de course, et les insurgés prirent la fuite. La barricade de la rue Baudricourt, cependant, tint bon jusqu'au dernier moment, car elle était fortement défendue par des canons et des mitrailleuses. Les insurgés croyaient que les soldats de Versailles arriveraient par l'avenue d'Ivry. Ils arrivèrent subitement par derrière. Les insurgés se sauvèrent au galop, mais pas assez vite, car un feu de peloton en fit tomber une centaine dans la rue Baudricourt.

Telles sont, racontées sommairement, les phases diverses et fort dramatiques par lesquelles passa M. l’abbé Lesmayoux pendant la journée du 25 mai.

 



Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)

Après l'armistice, 28 janvier - 17 mars 1871

A travers Paris

  • L’ambulance mobile de la Maison-Blanche
  • La question des victuailles (Le Siècle, 8 février 1871)
  • A travers les rues bombardées (Le Siècle, 16 mars 1871)

L'affaire des Gobelins

  • Proclamation du ministre de l’Intérieur aux habitants de Paris (4 mars 1871)
  • Les faits selon le Bien Public (6 mars 1871)
  • Lettre adressée au Cri du Peuple (9 mars 1871)
  • Proclamation d'Emile Duval (Le Rappel, 9 mars 1871)
  • Les canons de la place d'Italie (La Liberté, 9 mars 1871)
  • L'opinion du Figaro (11 mars 1871)
  • A travers le 13e arrondissement (11 mars 1871)
  • Les canons de la Barrière d’Italie (Le Bien public — 17 mars 1871)
  • La question des canons (L'Illustration, 18 mars 1871)

Démission de M. Pernolet, maire du 13e

  • Démission de M. Pernolet, maire des Gobelins (Le Figaro, 7 mars 1871)
  • Un maire bourgeois (Le Cri du Peuple, 8 mars 1871)
  • Gazette nationale ou le Moniteur universel, 13 mars 1871
  • La proclamation de M. Pernolet

Sur le 13e arrondissement

  • Le Figaro, 8 mars 1871

Du 18 mars au 20 mai

Journée du 18 mars

  • La journée du 18 mars sur la rive gauche (Gazette nationale ou le Moniteur universel — 20 mars 1871)

Les élections du 26 mars

  • Compilation

Journée du 5 avril

  • Les renseignements du Bien public du 6 avril 1871

Journée du 12 avril

  • Arrestation des principaux chefs d’industrie (Le Bien public, 16 avril 1871)

Journée du 14 avril

  • La situation (Le Bien public, 14 avril 1871)

Journée du 19 avril

  • Obsèques des gardes nationaux tués au combat d'Asnières
  • La journée dans le 13e vue par Le Siècle

Journée du 4 mai

  • La barrière d'Italie vue par Le Siècle

Journée du 6 mai

  • La Butte-aux-Cailles vue par le Petit-Journal

Du 21 au 28 mai

Journée du 24 mai

  • Récit de La Patrie (28 mai 1871)

Journée du 25 mai

  • Récit de La Patrie (28 mai 1871)
  • Récit du Temps (31 mai 1871)
  • Extrait du rapport sur les opérations de l'armée de Versailles, depuis le 11 avril, époque de sa formation, jusqu’au moment de la pacification de Paris, le 28 mai.

L'incendie des Gobelins (25 mai 1871)

  • L’incendie des Gobelins (Les dégâts)
  • L’incendie des Gobelins (Le Monde illustré)
  • L’incendie des Gobelins (L'Illustration)
  • L’incendie des Gobelins (Séance de l'Académie des Sciences)

Le massacre des Dominicains d'Arcueil

Les faits

  • Le massacre des Dominicains, récit de l'abbé Grandcolas (L'Illusttration, 3 juin 1871)
  • Les Dominicains d’Arcueil (Maxime Du Camp, Les convulsions de Paris)

Le procès (à venir)

  • Ouverture du procès : rapport du capitaine Leclerc
  • Rapport du capitaine Leclerc, suite, journée du 25 mai
  • Audition de Serizier (personnalité)
  • Audition de Serizier (interrogatoire au fond)
  • Audition de Boin
  • Audition de Louis Lucipia
  • Audition de Jules-Constant-Désiré Quesnot
  • Auditions de Gironce, Annat, Rouillac et Grapin
  • Auditions de Busquaut, Gambette, Pascal

Les églises du 13e durant la Commune

  • Saint-Marcel de la Maison-Blanche (Chapelle Bréa)
  • Saint-Marcel (Boulevard de l'Hôpital)
  • Notre-Dame de la Gare
  • La chapelle Bréa (Extrait des convulsions de Paris - Maxime Du Camp)
  • La chapelle Bréa (La Croix - 12 février 1939)

Après la Commune

  • Biffins et sacquiers (Le Petit-Journal, 9 juillet 1871)
  • La prison de l’avenue d’Italie (1872)
  • Sur la barricade de la rue Baudricourt (1873)
  • Le monument Duval (Le Temps - 8 juin 1891)

Dans la presse...


Une rue insalubre

Pestilentielle et défoncée, avec sa chaussée parsemée d'immondices, la rue Philibert-Lucot est la plus sale du treizième arrondissement. (1911)

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Rue Cantagrel, des ateliers de nickelage gênent considérablement les voisins

Il existe rue Cantagrel, au 86, presque à l'angle de la rue de Tolbiac, des ateliers de chromage et nickelage. Le bruit et les odeurs qui en émanent sont tels qu'il est pénible d'habiter dans les parages. (1932)

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Une Descente imprévue

Le ballon « Le Rêve » partait dans l'après-midi d'hier de l'usine à gaz de la Plaine-Saint-Denis, pour exécuter une ascension libre. Pris dans un courant circulaire, l'aérostat, plana longtemps sur Paris, sans pouvoir s'élever. Vers huit heures du soir il se trouvait à une faible hauteur au-dessus du quartier de la Maison-Blanche, dans le treizième arrondissement... (1901)

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La ligne métropolitaine n° 10 doit être prolongée jusqu'à Austerlitz

En parlant, l'autre jour, du projet de prolongement de la ligne métropolitaine n° 10, actuellement arrêtée à la station Jussieu, vers la gare d'Orléans, terminus envisagé, nous notions que les organisations consultées n'avaient opposé aucune objection à l'administration préfectorale.
Le Syndicat de défense des intérêts généraux du quartier de la Gare, cependant, nous prie de déclarer qu'il a protesté contre le parcours projeté dès qu'il en a eu connaissance. Le quartier de la Gare est le seul qui n'ait point le métro. (1932)

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De la difficulté d’être le treizième arrondissement

Décidément, la ville de Paris n'aura pas de treizième arrondissement.
Hélas ! ce treizième arrondissement, il est partout, et on n'en veut nulle part. (1859)

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Saviez-vous que... ?

Ce n'est qu'en 1867, que la route de Fontainebleau devint officiellement l'avenue d'Italie.

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La statue de Pinel, bienfaiteur des aliénés, installée devant l'hôpital de la Salpétrière est due à Ludovic Durand.

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Abel Hovelacque, député du 13ème arrondissement, dont le nom a été donné à la rue de Gentilly en 1899, fut le promoteur de l'Ecole Estienne qui ouvrit le 20 novembre 1889. Cette école occupe ses locaux actuels depuis le 1er juillet 1896. Abel Hovelacque ne vit pas cette installation car il mourut le 22 février 1896 à l'age de 53 ans.

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Les premiers commissaires de police ayant autorité sur les quartiers du nouveaux 13e arrondissement issus de l’annexion du 1er janvier 1860 étaient :
M. Daudet, pour les quartiers de la Salpétrière et de la Gare. Ses bureaux étaient installés 62, boulevard de l’Hôpital ;
M. Juhel pour les quartiers de la Maison-Blanche et de Croulebarbe. Ses bureaux étaient installés 36, route d’Italie, l’avenue d’Italie actuelle.

L'image du jour

La Zone à la porte de Bicêtre

Talus et fossés des fortifications étaient occupés par des jardins plus ou moins sauvages, la zone non aedificandi était peuplée par une population vivant dans des baraquements, des cahuttes ou encore des roulottes. La porte de Bicêtre était une des plus petites de Paris. Elle communiquait, comme la poterne des Peupliers, avec Gentilly, la commune du Kremlin-Bicêtre n'ayant été constituée qu'en 1896 par le détachement de territoires de Gentilly.
C'est en 1912 que fut achevé, l'immeuble destiné aux familles nombreuses construit juste en vis-à-vis de la porte de Bicêtre. Il était alors situé entre des usines dont une manufacture de chaussures. ♦

© paris-treizieme.fr pour la transcription du texte

Jeudi 28 septembre 2023

HISTOIRE DES QUARTIERS

  • La Salpêtrière
  • La Gare
  • Maison Blanche
  • Croulebarbe

ACCES PAR NOM

  • Nomenclature des rues
  • Liste des auteurs

LES DRAMES DU 13e

  • Le drame de la rue Albert
  • Le drame de la rue de l'Espérance
  • Le drame de la rue Vandrezanne
  • Le drame du quartier de la Gare
  • Un drame du terme
  • Tous les drames...

LE TREIZIEME AVANT LE 13e

  • Le Petit-Gentilly (1820)
  • De la difficulté d’être le treizième arrondissement
  • L'abattoir de Villejuif
  • Boulevard de l'Hôpital
  • La bergère d'Ivry (1827)
  • Un vol à la Butte-aux-Cailles

LE TREIZIÈME EN 1860

  • Notice administrative, historique et municipale sur le XIIIe Arrondissement par Ph. Doré fils

ACCES THEMATIQUES

  • L'aménagement du 13e
  • Les grandes voies du 13e
  • La petite ceinture dans le 13e
  • Le Métropolitain dans le 13e
  • Les tramways dans le 13e
  • La gare d'Austerlitz
  • Le puits artésien de la Butte-aux-Cailles
  • La place d'Italie
  • La cité Doré
  • La cité Jeanne d'Arc
  • Le passage Moret
  • L'asile Nicolas-Flamel
  • Les hôpitaux de la Pitié et de la Salpêtrière
  • Les fouilles archéologiques dans le 13e
  • Le Siège de Paris (1870-71)
  • Le 13e sous la Commune
  • La catastrophe de la rue de Tolbiac (20 oct. 1915)
  • Le jardin des Gobelins
  • La manufacture des Gobelins
  • La "Folie Neubourg"
  • Le marché aux chevaux
  • Les grandes eaux du boulevard Kellermann
  • Ateliers, fabriques et petits métiers du XIIIe
  • Chiffons et chiffonniers
  • Cabarets, bouges et assommoirs
  • L'épidémie de la Maison-Blanche (1890)
  • Les étrangleurs des Gobelins
  • Sur les communes limitrophes
  • La zone dans le 13e

VIDÉOS

  • Auguste Lançon et le 13e
  • Marville, la rue de Tolbiac
  • Quai de la Gare, janvier 1910
  • La place Nationale
  • Le marché aux chevaux

L'image du jour


Le feuilleton


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