Les quartiers pauvres
Le Rappel — 22 décembre 1869
Les quartiers pauvres et populeux de Paris sont négligés ou dédaignés par
l'administration, tandis que les quartiers élégants sont « embellis »
à grands frais pour réaliser une fois de plus le proverbe : « On ne prête
qu'aux riches », ou le dicton : « L'eau va toujours à la rivière ».
Cette iniquité, à laquelle personne ne songe, et dont beaucoup de citoyens
ont malheureusement à souffrir, a fini par provoquer les plaintes légitimes
des habitants du 13e arrondissement, c'est-à-dire du coin abandonné qui comprend
la route d'Italie, les Gobelins, la Bièvre et la Butte-aux Cailles.
Nous recevons à ce sujet la lettre suivante, signée d'un grand nombre de
citoyens :
« Les habitants de la partie annexée au 13° arrondissement, déjà
si misérable sous tous les rapports voient avec un profond regret que l'administration
municipale donne les alignements et autorise l'édification de constructions
en plein axe de grandes voies à ouvrir, entre autres à l'angle de l'avenue d'Italie
et du boulevard Masséna et dans l'axe du boulevard du Transit.
« L'administration, qui se montre si prévoyante, si paternelle pour
les autres quartiers de Paris, n'a encore rien fait pour le treizième arrondissement,
surtout dans la portion comprise entre le quatorzième et la route d'Ivry : elle
n'a fait déposer dans les près de la glacière qu'une faible partie des déblais
produis par l'ouverture de la rue Mouffetard et la création de l'hospice Sainte-Anne,
lorsque tous les déblais qu'elle a fait transporter à grands frais hors de Paris
n'auraient peut-être pas suffi pour racheter la différence du niveau nécessaire
à l'ouverture du boulevard du Transit (*) et au prolongement du boulevard de
l'Hôpital, dont l'exécution devrait être achevée depuis bien longtemps. En attendant,
le manqué d'écoulement des eaux provenant de la Bièvre fait que les prés se
trouvent transformés en lac dont les eaux croupissantes et corrompues et les
plantes marécageuses exhalant des odeurs fétides et des miasmes mortels :
« La raison se refuse-à croire qu'il existe de pareilles choses
au sein de la première capitale du monde.
« Persuadés que nous trouverons en vous le défenseur des faibles,
nous venons, par la présente, porter ces faits à voire connaissance, en vous
priant de vouloir bien nous obliger de votre concours, soit en vous rendant
en personne sur les lieux afin d'en juger par vous-même, soit en donnant la
publicité nécessaire à nos légitimes réclamations. »
Nous sommes allé « juger par nous-même » et ce que nous avons vu nous
a indigné.
Le gaspillage des finances municipales n'est que le moindre côté de la question.
L'administration trouve donc que nos fonds ne vont pas assez vite, qu'après
avoir donné un alignement, elle laisse construire en plein axe de futurs boulevards
des maisons en pierre et qui seront forcément expropriées et démolie ?
Mais nos lecteurs, ni personne, n'ont plus rien à apprendre sur la manière
dont notre argent est administré. Ce qu'il restait à connaître, c'est qu'on
traite la santé des citoyens comme leur argent.
Nous contenons au fond de notre cœur les sentiments que nous avons éprouvés
quand, après avoir traversé la Bièvre sur deux planches en guise de pont, après
avoir côtoyé de vastes marais couverts d'une épaisse mousse verte, nous nous
sommes trouvé, dans Paris, au milieu d'une population hâve, brisée par des fièvres
paludéennes, amaigrie par de longues souffrances, et où les enfants naissent
chétifs et mourants.
Nous espérons que M. Haussmann, averti par nous, fera promptement combler
ces marais pestilentiels. Il n'a qu'à y faire jeter les déblais qu'on porte
au loin à grands frais.
L'administration, qui pense tant aux quartiers riches, peut bien une fois
s'occuper un peu des quartiers pauvres, et faire enfin pour la santé du peuple
ce qu'elle n'a encore fait que jour sa propre vanité.
Émile Bionne. (**)
(*) Il s'agit de la future rue de Tolbiac.
(**) Né à
Naples de parents français en 1843, Émile Bionne était avocat à la Cour de Paris
quand il écrivit ce texte. Il était également un collaborateur régulier du Petit-Journal.
E. Bionne est essentiellement connu pour avoir mis en forme les écrits politiques
d'Adolphe Crémieux et pour avoir était l'époux, un bref moment, en 1881, d'Hortense
Schneider (1833-1920), la célèbre cantatrice, interprète des œuvres d'Offenbach,
qu'il réussit à faire condamner (jusqu'à ce que la Cour d'appel infirme la décision)
à lui verser une pension alimentaire lors de leur séparation. E. Bionne, qui
se présentait alors comme sujet italien et baron, fut ridiculisé dans cette
affaire. Son texte le plus célèbre reste la "Lettre circulaire aux électeurs
de la 9e circonscription" du 27 avril 1870 par laquelle il appelait à voter
"Non" au plébiscite visant à approuver la nouvelle constitution proposée par
Napoléon III laquelle fut, néanmoins, largement approuvée. (NdE)
Vu dans la presse...
1882
Le boulevard Saint-Marcel prend naissance au boulevard, de l'Hôpital, vis-à-vis la Salpêtrière, et va aboutir en ligne directe à l'avenue des Gobelins, où il se rencontre avec les boulevards Arago et Port-Royal pour former un spacieux rond-point. (1882)
1932
Ce n'est jamais sans un sentiment de gêne, pour ne pas dire de honte, qu'en arrivait aux portes de la grande, cité parisienne, on franchit cet espace de 250 mètres de largeur qui longe encore en une ceinture presque continue les fortifications et qu'on appelle la Zone. (1932)
1933
Les jardins des Gobelins forment dans un quartier populeux une oasis de fraîcheur et de verdure. Ils couvrent près de trois hectares et constituaient naguère une île entre deux bras de la Bièvre. (1933)
1927
Nous sommes déjà près d'un millier dans le treizième arrondissement, déclare son fondateur, M. Chartrain de la rue Vaqndrezanne. (1927)
1913
Une large tranchée est actuellement creusée, pour l'établissement d'une conduite cimentée, sur le trottoir, à l'extrémité du boulevard St-Marcel, près de l'avenue des Gobelins. (1913)
1913
On sait que la reconstitution partielle des Gobelins fut entreprise, il y a près de deux ans, sous l'habile direction de MM. Formigé et Jossely.
La façade du nouveau, bâtiment est déjà en partie débarrassée, de ses échafaudages. (1913)
1907
Tout un coin du quartier de la Maison-Blanche est en fête : dans quelques jours on inaugurera solennellement la nouvelle et légère passerelle métallique qui, passant au-dessus des voies du chemin de fer de Ceinture, à la Glacière, relie maintenant entre eux deux points jusqu'à présent fort éloignés l'un de l'autre. (1907)
1910
À deux pas de la porte d'Italie, dans un grand espace situé rue Bobillot, se trouve une succession de masures misérables qui furent habitées, il y a une vingtaine d'années, par des nomades africains, prompts à jouer du couteau. (1910)
1869
Les quartiers pauvres et populeux de Paris sont négligés ou dédaignés par l'administration, tandis que les quartiers élégants sont « embellis » à grands frais.
Cette iniquité, à laquelle personne ne songe, et dont beaucoup de citoyens ont malheureusement à souffrir, a fini par provoquer les plaintes légitimes des habitants du 13e arrondissement, c'est-à-dire du coin abandonné qui comprend la route d'Italie, les Gobelins, la Bièvre et la Butte-aux Cailles. (1869)
1925
La cité Doré, entre le boulevard de l'Hôpital et la rue Jeanne-d'Arc, refuge misérable des biffins les plus pauvres, était jusqu'à présent un coin pittoresque de reportage.
C'est maintenant le lieu d’une catastrophe douloureuse qui compte cinq morts, qui aurait pu tuer plus de personnes encore, si, par un malheureux hasard elle s'était produite, une heure plus tôt. (1925)
1882
II y a un an, les Kroumirs étalent absolument inconnus en France ; aujourd’hui, comme les Cosaques et les Bédouins, ils ont pris place dans le vocabulaire populaire. Kroumir est passé expression de mépris. La cité des Kroumirs n’est donc pas bien vielle, et son aspect n’a rien qui puisse exciter l’envie. (1882)
1906
M. Justin Rochet, l'architecte chargé des travaux, nous explique dans quelles conditions sera construit le nouvel établissement... (1906)
Ailleurs sur Paris-Treizieme
Une enquête est ouverte, pendant quinze jours consécutifs, à partir d'aujourd'hui, aux mairies des 13e et 14e arrondissements, sur divers projets de voirie intéressant cette partie annexe de la capitale. A l'appui des plans déposés, l'administration a joint une légende explicative, dont nous reproduisons les termes. (1863)
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M. Jean Fatigué, un gars de vingt-quatre ans, lavait à grande eau, hier matin, le pont de la Louise, une longue péniche noire qui, depuis quelques jours, est amarrée au quai d'Austerlitz, non loin du pont de Bercy.
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On s'occupe en ce moment de la régularisation et de la décoration de douze places principales, établies sur remplacement d'anciennes barrières supprimées. (1866)
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Accrochée au boulevard Blanqui, la rue des Cinq-Diamants escalade la Butte-aux-Cailles. Rue morne et sans fantaisie, elle aligne, le long de maigres trottoirs, une vulgarité perspective de maisons lisses, crises, mornes, trouée, çà et là, par les contrevents vert pomme d'un bar ou par la façade blanchie à la chaux d'un meublé pauvre.
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La petite cité aux rues tortueuses qui, village dans la ville, se tasse entre la place Paul-Verlaine et le boulevard Auguste-Blanqui, bourdonne ce matin d'un naturel émoi.
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On entreprend en ce moment à la place d'Italie des travaux de voirie analogues à ceux de la place de l'Arc-de-l'Etoile et de la place du Trône. On établit un plateau circulaire avec huit boulevards, squares, maisons monumentales, si l'industrie toutefois veut se risquer à les édifier. (1869)
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Dans un quartier de Paris, renommé par ses tanneries, ses peausseries, et surtout par la manufacture des Gobelins, hélas ! incendiée en partie, est un vaste terrain, où s'élevait jadis une église dédiée à saint Martin, au faubourg Saint-Marcel. (1871)
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Lamentable drame que celui qui jeta, hier soir, l'émoi dans le populeux quartier Croulebarbe.
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