La disgrâce de Gentilly
Une commune amputée trois fois depuis 1860
Le Matin — 19 avril 1925
Il s'agit de Gentilly, que le récent décret d'annexion de la zone à Paris, vient d'affecter, pour la troisième fois, d'une amputation territoriale dans l'espace de 65 ans !...
En effet, en 1860, on lui prit, pour les annexer à Paris, les quartiers du « Petit-Gentilly » et de la « Maison-Blanche », puis en 1896, sa section du Kremlin-Bicêtre s'érigea en commune distincte.
Déjà, la commune de Gentilly avait perdu les deux tiers du territoire que l'Assemblée nationale lui avait reconnu en 1790, car, on le sait, Gentilly s'inscrit très loin dans les annales et comprenait alors une circonscription très étendue.
Elle ne conservait plus que la partie médiocre de ce territoire, celle que l'on désignait sous le nom de « Centre du Grand-Gentilly ». Sa superficie territoriale était réduite à 173 hectares 15 centiares ; aujourd'hui, de par sa troisième « amputation », son territoire se trouve relégué au chiffre de 130 hectares 72 ares 15 centiares.

L'holocauste de Gentilly mériterait un sort moins infortuné, au regard de la Ville de Paris surtout, qui, par deux fois, l'absorbe dans son insatiable extension.
Les armes de Gentilly ont pour devise « Gentil soyez, Gentil serai ». En dépit de cette gracieuse invite, qui n'a, on le voit, rien de belliqueux, Gentilly n'est pas payé de retour... par la Ville de Paris qui cependant la dévore à petit feu.
Celle-ci n'est pas « gentille « sentimentalement, avec le « berceau » de son 13e arrondissement.
II y a vingt-cinq ans existait dans cet arrondissement une « rue de Gentilly », évocatrice de la commune mère. On l'a débaptisée et toutes les démarches de la municipalité de Gentilly renouvelées encore l'an dernier pour faire revivre cette dénomination, sont jusqu'ici restées lettre morte. Cependant des voies nouvelles se sont ouvertes dans les 13e et 14e arrondissements. Elles ont reçu d'autres noms !
On n'a plus pensé à Gentilly, si ce n'est qu'à l'entamer encore… au profit de la Ville de Paris, celle-ci ne songeant guère, ou si peu, au nouveau préjudice que-lui vaudra cette nouvelle absorption et oubliant même, on le voit, à son sujet, jusqu'à la communauté d'origine de son 13e arrondissement.
Sur la commune de Gentilly
- Promenade au centre du Grand-Gentilly, près de Paris par l'abbé Thomas Dutruissard (1820)
- La disgrâce de Gentilly (1925)
- La maison de Victor Hugo à Gentilly (1926)
- Les mésaventures des habitants de la « rue de Gentilly » (1927)
- Gentilly, première partie (Le Temps, 1936)
- Gentilly, seconde partie (Le Temps, 1936)
Sur les communes limitrophes du XIIIe
Gentilly
- Promenade au centre du Grand-Gentilly, près de Paris par l'abbé Thomas Dutruissard (1820)
- Victor Hugo à Gentilly en 1822
- La maison de Victor Hugo à Gentilly (Georges Montorgueil, 1926)
- La maison des fiançailles était là... (Lucien Descaves, 1927)