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 Un puits artésien - 1902

Un puits artésien

Le Français — 24 septembre 1902

À la Butte-aux-Cailles — Commencé depuis trente-six ans — Nombreuses vicissitudes — Les travaux touchent à leur fin.

Au sommet de ce qui fut la Butte-aux-Cailles, carrefour actuel des rues Bobillot, du Moulin-des-Prés et de la Butte-aux-Cailles, s’élève une frêle construction de bois.

D’une agglomération de petites cabanes fuse une cheminée de planches noircies, trouée de fenêtres minuscules. Ce pittoresque bâti, qui domine les anciens marais de la Glacière et d’où la vue s’étend jusqu’à Bicêtre, ne laisse pas d’intriguer les visiteurs de passage. Et pourtant, depuis trente-six ans, il profile sur l’horizon sa silhouette vieillie. Les habitants de la Maison-Blanche le connaissent bien, eux cet abri sous lequel se terminent les travaux de forage d’un puits artésien.

Toute une histoire que celle de ce puits. En 1866, avec l’acquiescement de la Ville de Paris, un ingénieur, M. Dru, commença les travaux. La guerre survint, suspendit momentanément l’activité industrielle. Des expériences malheureuses, parmi lesquelles le forage du puits de la Chapelle, découragèrent M. Dru, qui abandonna sa tentative.

En 1892, M. Ernest Rousselle, perle du conseiller municipal actuel, représentant du quartier à l’Hôtel de Ville, s’émut de voir inachevée cette œuvre gigantesque qui avait déjà englouti un capital de trois cent mille francs. Il demanda au conseil municipal de faire continuer les travaux en traitant à forfait avec le successeur de M. Dru. Le conseil se rangea à cet avis et la formidable machinerie de la Bulle aux Cailles se reprit à enfoncer au cœur de la terre les tubes de tôle qui ne mesuraient pas moins d'un mètre de diamètre.

En 1894, la tubulure atteignait une profondeur de 360 mètres environ, lorsqu'un accident se produisit. Plusieurs cylindres avaient buté contre la roche et s'y étaient écrasés. Il fallut les retirer un à un, au moyen de grappins, d'appareils à air comprimé, les redresser, les redescendre.

Véritable labeur de Titan qui demanda des mois et des mois. Enfin on arriva à la première nappe liquide, à 587 mètres au dessous du sol.

L'eau jaillit. Elle avait une température de vingt-neuf degrés et n'était pas potable. Son analyse démontra quelle elle était très riche en principes ferrugineux et sulfureux.

Il était permis de croire que la période de malchance avait pris fin lorsque, l’année dernière, l'entrepreneur, M. Arrault, mourut. Son fils ne voulut pas assumer la responsabilité et l’aléa des travaux et refusa tout net de les continuer. Il fallut les instances, les démarches de M. Henri Rousselle pour le décider à mener à bien l’œuvre paternelle.

Il y a un mois, on vit revenir à la bicoque en planches M. Leroy, le contremaître qui, à lui seul, avait foré le puits dans toute sa profondeur. La machine, à nouveau roula avec le bruit de tonnerre qui lui est particulier. Les barres de fer s’attachèrent les unes aux autres, allèrent au fond du puits manœuvrer les cuillers qui retirèrent le sable amoncelé dans la tubulure. Toute cette manœuvre commandée par un simple levier.

Il ne reste plus maintenant qu’à faire descendre un tube de quarante centimètres de diamètre et de dix mètres de long destiné à plonger dans la nappe d'eau et à empêcher ainsi l’engorgement du tube principal.

Nous avons dit que ce dernier mesurait un mètre de diamètre. Comme des déperditions avaient été constatées, on résolut de faire descendre à l’intérieur du tube primitif un second tube de cinquante centimètres et de combler l’intervalle entre les deux parois métalliques avec du ciment. De celle façon le débit, qui peut atteindre quatre mille litres à l'heure, restera toujours sensiblement égal. L’eau se déverse actuellement dans un vasque de rochers, construite au bas du square de la Butte-aux-Cailles.

Lorsque la production du puits sera normale, c'est-à-dire lorsque les travaux seront complètement terminés, M. Rousselle a l’intention de faire construire une piscine pour les enfants des écoles qui auront ainsi à leur disposition une source thermale du plus salutaire effet.

Illustrations originales accompagnant l'article


Sur le puits artésien de la Butte-aux-Cailles

Les travaux de creusement du puits artésien de la Butte-aux-Cailles durèrent globalement près de 40 ans dont 20 durant lesquels ils furent totalement à l'arrêt. Les travaux proprement dits commencèrent en avril 1863 et rencontrèrent de multiples difficultés qui ne permirent pas d'avancer significativement. La Commune de Paris n'épargna pas le puits et les communards incendièrent les installations. Après la Commune, les travaux reprirent mais s'interrompirent dès 1872 ou 1873 faute pour la ville de trouver un accord financier avec l'entrepreneur pour les travaux restant à accomplir mais aussi dans l'attente des résultats définitifs du creusement d'un autre puits artésien, place Hébert.

Première époque (1863-1872)

Deuxième époque : le puits oublié (1872-1892)

Une fois les travaux interrompu, le puits artésien de la Butte-aux-Cailles tombe dans l'oubli. Il faut dire que sa nécessité n'est plus évidente. Paris avait fait face à ses besoins en eaux et l'idée de base du puits, avoir un jaillissement d'eau en un point haut de la capitale, n'est plus la seule réponse aux problèmes d'alimentation en eau.
En 1889, le journal Le Figaro pose la question du devenir du puits sans susciter d'écho. En janvier 1892, c'est le quotidien le Soleil, sous la signature de Marcel Briard, qui pose à nouveau la question mais cette fois, une réaction semble s'enclencher.
Ernest Rousselle, conseiller municipal du quartier Maison-Blanche, se saisit de l'affaire et finallement, en juillet 1892, le préfet de la Seine décide de relancer les travaux et présente au conseil municipal de Paris un mémoire tendant à la reprise des travaux interrompus depuis près de 20 ans.

Troisième époque : reprise des travaux et l'inauguration du puits (1893-1904)

Les travaux reprirent donc début 1893 et dans les premiers jours d'août 1897, l'eau tant recherchée, enfin, jaillit. Cependant, l'histoire n'était pas terminée car ce n'est pas encore la nappe d'eau visée par les géologues qui a été atteinte. Il faut encore creuser. La presse se montre de plus en plus critique ou sacarstique à l'égard du chantier car il est clair que le puits artésien, 35 ans après son lancement, ne répond plus à aucune nécessité. Tout au plus, sont évoqués un usage pour améliorer le flux des égouts voire l'idée d'une piscine gratuite pour les habitants du quartier.
Le 16 septembre 1898, la nappe recherchée est atteinte. Les espoirs sont vite déçus, le débit s'avère faible mais suffisant pour la piscine projetée. En attendant, l'eau, à 28°, s'écoulait dans une vasque à disposition des parisiens à raison de 600 litres à la minute avant d'aller se perdre dans les égouts. Le puisatier mourut. Deux ans après, sous la direction du fils du puisatier, on se remit à creuser. Le 19 novembre 1903, une nouvelle nappe était atteinte à la cote 582,40 mètres. Cette fois, on décida d'arrêter les frais. L'inauguration officielle du puits eu lieu le jeudi 7 avril 1904 à 2 heures.

La nouvelle Butte-aux-Cailles

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Le Puits artésien de la Butte-aux Cailles

L'achèvement prochain des travaux du puits artésien de la place Hébert est venu nous rappeler un autre puits du même genr dont le forage fut commencé presque à la même époque que celui du puits des hauteurs des Belleville, mais tombé complètement dans l'oubli depuis une vingtaine d'années : nous voulons parler du puits artésien de la Butte-aux-Cailles. (1889)

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Par son vote du 26 mai 1859, la Chambre des députés décidait de porter, à compter du 1er janvier 1860, les limites de Paris jusqu'au pied du glacis de l'enceinte fortifiée. Cette loi désignait le 13ème arrondissement sous le nom d'arrondissement des Gobelins.

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C'est sur l'insistance d'Émile Deslandres représentant du 13e arrondissement que le conseil municipal de Paris accepta de conserver le nom cinq fois séculaire des Reculettes à la rue résultant de l'élargissement de cette ruelle si pittoresque.

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En 1880, on décida de l'installation de postes-vigies dits postes-avertisseurs fonctionnant au moyen d'un télégraphe à cadran permettant de rentrer en communication avec la plus proche caserne de pompiers où un soldat du feu était toujours présent afin de recevoir la déclaration de personnes venant faire connaître un incendie. L'un des ces postes fut installé au 26 de la rue des Cinq-diamants.

L'image du jour

Rue de la Fontaine-à-Mulard