Travaux de Paris.
La Patrie — 6 janvier 1868
À quelques pas du parc de Montsouris, dont les travaux sont poussés avec la plus grande activité, dans la partie du 13e arrondissement située entre la rue du Pot-au-Lait et celle de l’Espérance, s’étend une région inhabitée, encaissée entre la Bièvre et un autre bras de ce petit cours d’eau qu’on appelle la rivière morte.
Ce sont des prés où les blanchisseuses font sécher leur linge sur des piquets et où les bestiaux paissent à leur aise comme dans les prairies de la Normandie.
Quand l’année est pluvieuse, ces prés sont inondés par les eaux ; çà et là apparaissent les cimes verdoyantes des arbres plantés au dix-huitième siècle par les nombreux gentilshommes ou financiers qui avaient leurs petites maisons en cet endroit presque inconnu des Parisiens modernes.

Que les amis du passé, en quête de souvenirs historiques, se hâtent d’aller visiter ce quartier, imprégné des effluves des tanneries voisines, avant qu’il n’ait perdu son cachet original et spécial, car bientôt il va cesser d’exister, et sur son emplacement on va ouvrir une nouvelle voie, qui modifiera complètement la physionomie pittoresque de ces parages excentriques.
En effet, l’administration municipale va bientôt faire procéder à l’exécution et au percement de la partie de la rue Transit comprise entre la rue de la Glacière et la rue du Château-des-Rentiers.
L’axe de la nouvelle voie forme un angle peu sensible vers la gauche avec l’axe du boulevard du Transit, coupe les propriétés portant les numéros 47, 49 et 59 de la rue de la Glacière, traverse les terrains communaux, la rivière morte, les prés submersibles, la rue de la Providence, dont la partie située à gauche sera supprimée ; la ruelle Barrault, dont l'alignement à l’amorce sur la rue du Transit, sera rectifié ; la rue de l’Espérance, celle du Moulin-des-Prés ; supprime au passage le bâtiment des écoles communales du boulevard d'Italie, traverse cette dernière grande voie, prend la rue Neuve en écharpe et la route de Choisy au carrefour qu’elle forme avec la route d’Ivry.
De la rue de la Glacière à son extrémité, le prolongement de la rue du Transit n'aura qu’un seul alignement droit; mais, à partir du carrefour de Choisy, la nouvelle voie s'infléchira légèrement, traversera le carrefour formé par les rues du Gaz et Beaudricourt, coupera, à la hauteur de l'impasse des Hautes-Formes, la rue Nationale projetée, pour aller aboutir provisoirement à la rue du Château-des-Rentiers, outre la rue de la Croix-Rouge et le chemin du même nom, à très peu de distance de cette dernière voie.

Le tracé de la rue de Tolbiac sera rectifié et passera finalement plus au sud.
Le quartier sera en outre doté d’une église dont le projet est à l’étude. Cet édifice occupera l’emplacement situé entre la rue du Moulin-des-Prés et la route d’Italie, derrière les écoles communales ; sa façade se trouvera sur la rue du Transit. Cette église, provisoirement désignée dans le projet sous le vocable d’église Saint-Marcel de la Maison-Blanche, sera entourée de deux voies d’accès latérales allant de la rue du Transit au chemin du Moulin-des-Prés, et de deux plateaux qui l’isoleront complètement.
Pendant que ces percement importants vont s’exécuter, on va poursuivre activement les travaux du nouveau parc de Montsouris, établi sur des terrains situés sur la rive gauche de la Bièvre, dont ils dominent toute la vallée, et qui ne le cède en rien à aucun autre emplacement sous le rapport du pittoresque des sites, et offrent surtout une magnifique échappée de vue sur l’Observatoire, le Val-de-Grâce, le Panthéon et les collines qui terminent Paris au nord-est.
Ces terrains sont d’ailleurs traversés par les conduites des eaux d’Arcueil, à un niveau qui permettra de recourir à cette source pour alimenter toutes les pièces d’eau des parties basses du parc. Quant aux moyens d'accès de la nouvelle promenade, ils sont des plus faciles ; on y arrive par la route Militaire, transformée en un boulevard de 40 mètres de largeur, et par le grand boulevard du Transit, ouvert entre le 15e et le 14e arrondissement.
Deux voies plantées, de 22 mètres de largeur, y donneront accès de l’intérieur de Paris. La première, de 250 mètres environ de longueur, partant du carrefour formé par les rues de la Santé, de la Glacière et le boulevard du Transit ; la seconde, d'une longueur de 900 mètres environ, s'ouvrant à la place d’Enfer et prolongeant en ligne droite, jusqu’au parc, le boulevard d’Enfer. Parmi les autres rues ouvertes ou à ouvrir pour compléter les abords du parc de Montsouris, il en est une qui fera suite à la précédente et ira aboutir à la porte d’Orléans, ce qui établira une communication directe entre le 5e et le 13e arrondissement et cette importante entrée de Paris.

Le square de Montsouris aura une étendue de 16 hectares.
Disposé avec cet art dont nos ingénieurs ont déjà donné tant de preuves, il sera pour le sud de la capitale ce que sont pour l’ouest, l’est et le nord, le bois de Boulogne, lo bois de Vincennes et le parc des Buttes-Chaumont.
A. Mortel.
L'aménagement du XIIIe
Les années 1860 : projets pour les zones annexées et premiers travaux
Le cadre général
- Le nouveau Paris (Le Siècle, 29 mars 1861)
- Belles perspectives pour le XIIIe (Le Siècle, 12 mai 1962)
- Boulevard du Transit : le franchissement de la vallée de la Bièvre (Le Siècle, 6 juin 1962)
- Les projets pour le XIIIe (Le Siècle, 9 mars 1863)
- La promenade-square de la vallée de la Bièvre (Le Petit-Journal, 22 juin 1864)
- Des divers projets intéressant le XIIIe arrondissement (Le Siècle, 25 juillet 1864)
- Projets intéressant les XIIIe et XIVe arrondissements (Le Siècle, 23 août 1865)
- Les travaux de Paris (Le Siècle, 14 septembre 1864)
- Travaux publics (La Patrie — 15 septembre 1866)
- Les travaux de Paris (1868)
- XIIIe arrondissement : les travaux dans la zone annexée par Ch. Louft (Le Siècle, 12 février 1869)
Les projets de voirie
- Enquête publique sur les projets de voiries intéressant les 13e et 14e arrondissements (Le Temps, 5 mars 1863)
- A travers le 13e arrondissement (Le Siècle, 10 janvier 1863)
- Les travaux sur les boulevards extérieurs (Le Siècle, 28 mai 1863)
- Le point sur les travaux dans le 13e arrondissement (mars 1864)
- Les nouvelles places de Paris (1866)
- Les travaux à venir (Le Siècle — 9 avril 1866)
- Travaux publics (La Presse - 3 avril 1867)
- Les transformations de Paris (1867)
- Ouverture d'une nouvelle voie dans le 13e arrondissement. (Le Figaro, 19 aout 1867)
- Les travaux de la place d'Italie (1869)
- L'aménagement du XIIIe arrondissement (Annuaire encyclopédique, 1869)
- Les nouvelles voies de la rive gauche, 1878
Le chemin de fer de ceinture
Les années 1870-80
Quartier de la Salpêtrière
Quartier de la gare
Quartier de la Maison-Blanche
- Les abords de la gare de Gentilly (1874)
- Édilité parisienne (1876)
- La nouvelle rue de Tolbiac (1877)
- La Butte aux Cailles (1877)
- Les grands travaux de l’édilité parisienne : la rue de Tolbiac (La Lanterne — 8 décembre 1877)
- Rapport Rousselle (vallée de la Bièvre -1881)
- Un quartier de Paris inconnu des parisiens (1882)
- Les travaux du 13e arrondissement (Butte-aux-Cailles -1885)
Les années 1890
- Les travaux de voirie à exécuter dans le XIIIe (1893)
- Les travaux de la Bièvre(1893)
- La vallée de la Bièvre (1894)