Les futures grandes voies du 13e arrondissement
Le boulevard de la Santé
Le Siècle — 7 juin 1858
Parmi les voies nouvelles dont l'exécution est décidée dans le douzième arrondissement, nous avons signalé d'abord le boulevard Saint-Marcel, qui complète la ligne de nos boulevards intérieurs ; un autre boulevard formant pour ainsi dire une branche du boulevard Saint-Marcel qui se séparerait alors de la ligne principale à la hauteur de la rue Mouffetard pour se diriger vers la barrière d'Enfer, un autre boulevard doit encore être créé.

Seul le projet du boulevard Saint-Marcel (on ne parle pas encore du boulevard de Port-Royal) y apparaît.
Comme le boulevard Saint Marcel, dont elle serait le prolongement direct (si l'on suppose que l'on se porte de la place de l'Hôpital vers la rue Mouffetard), cette voie nouvelle doit encore avoir une largeur de 40 mètres et recevoir comme lui une double rangée de plantations. Elle se sépare du boulevard Saint-Marcel à la hauteur de la rue Mouffetard, absorbe entièrement la rue Saint-Hippolyte, qui a pris son nom de l'église Saint-Hippolyte, bâtie là au douzième siècle et démolie en 1807 ; traverse la rue Pascal, une rue récente ouverte sur d'anciens terrains, les terrains du couvent des Cordelières ; dégage, dans cette dernière rue, l'école municipale, si utile à tant de titres, et dont la fondation remonte à Cochin ; coupe la rue de Lourcine au-dessus de la caserne d'infanterie qui s'y trouve; traverse les immenses terrains, jusqu'ici inoccupés pour la plupart, compris entre les rues de Lourcine et de la Santé ; traverse également les jardins du couvent de la Santé et le clos dit clos de la Santé ; supprime une partie du jardin du couvent des pères capucins, établis, il y a quelques, années, rue du Faubourg-Saint-Jacques ; traverse cette dernière rue un peu au dessus de ce couvent ; absorbe l'impasse Longue Avoine ; supprime une partie la maison d'aliénés du docteur Pinel, et vient enfin déboucher sur la barrière d'Enfer, entre la rue d'Enfer et le boulevard Saint-Jacques.
Cette voie nouvelle, qui s'appellera le boulevard de la Santé, est d'une importance et d'une utilité incontestables. Elle traverse pour ainsi dire un désert d'immenses terrains vagues qui s'animera et se peuplera très promptement le jour où il sera relié au centre de la ville par de larges et belles rues, le jour où le magnifique boulevard Saint Marcel mettra en rapport immédiat les chemins de fer de Lyon et d'Orléans avec le chemin de fer de l'Ouest et toute la partie sud-ouest de Paris. Ce désert-là comptera une population nombreuse, dont la présence aura à elle seule une influence décisive sur la prospérité du douzième arrondissement, si pauvre jusqu'ici.
On a si bien compris les avantages à retirer de ces quartiers abandonnés, que déjà une compagnie s'est formée pour l'exploitation des immenses terrains vagues que va traverser le boulevard de la Santé.
L'état de ces terrains, où tout est à créer, permet de les approprier de la façon la plus complète aux goûts et aux besoins de la population qu'on veut y appeler. On ferait là un quartier de jardins, pour ainsi dire : un quartier dont les rues seraient sur l'une et l'autre rive, bordées d'une série de ces petits jardins où de si grandes jouissances sont souvent contenues. Derrière la ligne des jardins et adossées les unes aux autres, de manière à avoir leurs façades sur un jardin et sur une rue, de petites maisons pouvant suffire aux besoins d'une seule famille se suivraient à la file, et seraient, entre les rues et les jardins, comme un long bâtiment élevé d'un étage, ayant double façade, mais où chaque famille serait aussi complètement chez elle que si chaque maison était tout à fait seule et perdue dans les champs.
La création de ce quartier de jardins à portée des affaires, et présentant, à cause de sa situation, des agréments sans nombre et l'avantage si précieux pour beaucoup de familles de toucher à tous les établissements scientifiques, aux collèges et aux institutions, entraînerait bientôt des changements notables dans les habitudes de la population qui vit actuellement au centre des affaires.
Les commerçants de Paris pourraient faire comme les commerçants de Londres : avoir le cottage à deux pas du magasin, le repos à deux pas du travail. Les familles et les affaires y gagneraient. Cette transformation, croyons-nous, répond à un besoin public, et nous ne pouvons qu'applaudir à la pensée qui a dicté ce projet.

A lire également
Le percement du boulevard Arago met à jour des vestiges du vieux Paris (1868)
Les futures grandes voies du XIIIe
Sur les futurs boulevards Saint-Marcel et Port-Royal :
L'ouverture du boulevard Saint-Marcel, entre le boulevard Montparnasse et le boulevard de l'hôpital fut déclarée d'intérêt public par décret du 17 octobre 1857.
- Le futur boulevard Saint-Marcel (Le Journal des débats politiques et littéraires, 26 mars 1857)
- Le boulevard Saint-Marcel (Le Siècle, 6 juin 1858)
- Le futur boulevard Saint-Marcel (Le Siècle, 22 juillet 1861
- Les travaux du boulevard de Port-Royal (Le Siècle, 5 avril 1868)
- Intéressante découverte archéologique sur le chantier du boulevard Saint-Marcel (1868)
- L'ancienne nécropole Saint-Marcel (1913)
Sur le futur boulevard Arago :
Le projet d'ouverture de ce boulevard, désigné dans un premier temps sous le nom de "boulevard de la Santé" fut soumise à consultation en septembre 1858. Il était prévu que cette voie s'ouvrirait en face la place de la Collégiale à la rencontre de la. rue Mouffetard et des rues Pierre-Lombard et des Trois-Couronnes ; qu'elle élargirait la rue Saint-Hippolyte, traverserait la rue de Lourcine au-dessus de l'hôpital de ce nom, et viendrait déboucher sur le boulevard extérieur, après avoir coupé la rue de la Santé, le faubourg Saint-Jacques et l'impasse de Longue-Avoine. Ce fut effectivement ce qui sera réalisé sauf que la voie prit le nom de boulevard Arago car le nom boulevard de la Santé était utilisé depuis 1851 pour désigner le boulevard extérieur entre les barrières de la Santé et Saint-Jacques.
- Le boulevard de la Santé (Le Siècle 7 juin 1858)
- Un nouveau boulevard pour le 12e arrondissement (Le Journal des débats politiques et littéraires, 6 septembre 1858)
- Le percement du boulevard Arago dans le faubourg Saint-Marcel (1868)
Sur la future avenue des Gobelins :
"Entre l'église Saint-Médard et la barrière d'ltalie, la largeur de la rue Mouffetard sera portée à 40 mètres. Ces deux mots suffisent pour faire comprendre quelle révolution causera ce percement sur les bords de la Bièvre Ainsi redressée, la rue Mouffetard sera plus large que le boulevard des Italiens." C'est par ces mots que le Journal des débats politiques et littéraires du 6 septembre 1858 présenta le projet à ses lecteurs et, effectivement, il ne surestimait pas l'importance de celui-ci.
- La rue Mouffetard (Le Siècle, 8 juin 1858)
- L'élargissement de la rue Mouffetard et l'aménagement de la place d'Italie (1867)
- L'élargissement de la rue Mouffetard (Le Siècle, 24 septembre 1867)
- L’élargissement de la rue Mouffetard (Le Siècle, 10 mars 1868)
- La nouvelle place d'Italie en haut de la rue Mouffetard (1868)
Sur les boulevards extérieurs
- La transformation des boulevards extérieurs de la rive gauche (Le Siècle, 20 mai 1862)
- Les travaux sur les boulevards extérieurs (Le Siècle,28 mai 1863)
- Les boulevards extérieurs et le boulevard du Transit dans le 13e arrondissement (Le Siècle, 6 novembre 1863)
- Boulevard d'Italie vu par Fortuné du Boisgobey(1883)
Sur la rue de Tolbiac (Tronçon du boulevard du Transit dans le 13e arrondissement)
La rue de Tolbiac est un des tronçons du grand projet haussmannien consistant à relier la Seine à la Seine par la rive gauche par un axe majeur situé à mi-chemin des anciens boulevards extérieurs et des fortifications. Cet axe mit très longtemps à se réaliser notamment du fait des difficultés que représentaient, dans le 13e arrondissement le franchissement de la vallée de la Bièvre pour lequel plusieurs options furent envisagées.
La rue de Tolbiac ne fut totalement achevée qu'après 1895, année de l'inauguration du viaduc de Tolbiac franchissant les voies du chemin de fer d'Orléans et assurant ainsi la continuité de la liaison de la Seine à la Seine c'est-à-dire du Pont de Tolbiac au Pont Mirabeau, si l'on excepte la reprise du franchissement de la rue du Moulin-des-Prés par la suppression du pont construit initialement.
Premières versions du projet abandonnées.
Outre le franchissement de la vallée de la Bièvre, l'aboutissement de l'axe vers la Seine n'est pas non plus définitivement tranché. Dans cette première phase, c'est le pont Napoléon (futur pont National) qui était visé, le nouvel axe longeant le chemin de fer de ceinture entre la porte d'Ivry et le quai de la Gare.
- Boulevard du Transit : le franchissement de la vallée de la Bièvre (Le Siècle, 6 juin 1962)
- Les boulevards extérieurs et le boulevard du Transit dans le 13e arrondissement (Le Siècle, 6 novembre 1863)
- La prolongation du boulevard du Transit dans le 13e arrondissement (Le Siècle, 30 octobre 1864)
Deuxième projet
- Acquisitions foncières pour le boulevard du Transit (La Gazette de France, 8 mars 1865)
- Ouverture d'une nouvelle voie dans le 13e arrondissement. (Le Figaro, 19 aout 1867)
- La future rue du Transit (Le Petit-Journal, 28 octobre 1867)
La réalisation des travaux
Le deuxième projet du tracé de la rue du Transit ne sera pas davantage réalisé.
La guerre et les évènements liés à la Commune de Paris mirent en sommeil les travaux dans le quartier de la Maison-Blanche et le projet fut rediscuté. Un nouveau tracé, plus au sud, abandonnant la ligne droite et comportant une inflexion, fut adopté.
La nouvelle voie aboutira aussi à un nouveau pont sur la Seine reliant les 12e et 13e arrondissement. Ce sera le pont de Tolbiac.
En 1874, un crédit de 2,5 millions de francs à prélever sur l'emprunt municipal fut voté. Le boulevard du Transit avait déjà couté 43,974,818 fr. selon le Journal des débats politiques et littéraires du 9 décembre 1874. Les travaux de franchissement de la vallée de la Bièvre pouvaient enfin réellement commencer.
Charles Marville les immortalisa par les deux seules photographies connues de ces travaux.
- Les travaux de construction de la rue de Tolbiac (1877)
- Le prolongement de la rue de Tolbiac (1877)
- La nouvelle rue de Tolbiac (1877)
- Les nouvelles voies de la rive gauche (1878)