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 Bergère d’Ivry (1891)

La bergère d’Ivry

Le Rappel — 22 juin 1891

Elle est déjà si ancienne cette dramatique histoire de la bergère d'Ivry qui passionna tant nos pères, que bien peu de la génération actuelle la connaissent plus que vaguement. Nous croyons donc être agréable à nos lecteurs d'Ivry qui assisteront à la cavalcade d'aujourd'hui, en la relatant ici.

C'est un simple drame d'amour ou plutôt un simple crime passionnel commis par une jeune brute.

Si Aimée Millot avait voulu aimer François Ulbach, ce délaissé de la fortune, ce paria dès le jeune âge serait peut-être devenu bon.

L’auteur du texte se trompe d’un an pour la date des faits qui eurent lieu en 1927.(NdE)

Dès leur première rencontre — c'était vers la fin de 1827 — il la remarqua ; il était alors garçon dans une guinguette de la barrière de Fontainebleau à l'enseigne des « Nouveaux deux moulins » ; elle était au service d'une veuve, Mme Détrouville, et portait tous les dimanches chez M. Ory, l'hôte des Nouveaux deux moulins, du beurre et du lait.

Ulbach était presque un enfant trouvé, il n'avait jamais connu sa mère, et les parents éloignés qui l'avaient recueilli n'avaient pas tardé à le jeter sur le pavé de Paris.

Admis d’abord à l'hospice d'orphelins de la rue Saint-Antoine, il fut, après sa sortie, ramassé par une ronde de police, alors qu'il dormait sous un banc, et envoyé pour vagabondage dans une maison de correction.

Après quinze mois de détention à Poissy et à Sainte-Pélagie, il chercha à gagner honnêtement sa vie et trouva à se placer chez M. Ory.

Aimée Millot était une brave jeune fille bien modeste et bien sage que tout le monde connaissait et aimait à Ivry et qu'on avait surnommée la Bergère d'Ivry parce que tous les jours on la voyait sous les ormes du boulevard, un livre à la main, coiffée d'un grand chapeau de paille, gardant les chèvres de sa patronne.

Ulbach, qui n'avait jamais aimé et qui n'avait jamais été aimé, se sentit tout de suite attiré vers la jeune fille et il lui parla mariage.

Elle sembla l'écouter, mais un jour il la vit au bras d'un élégant jeune homme, et il en conçut une vive jalousie. Presque à la même époque Mme Détrouville, qui avait eu vent des relations d'Ulbach et d'Aimée Millot, défendit à celle-ci de fréquenter le garçon marchand de vin qu'elle ne supposait susceptible d'aucun sentiment honnête.

Aimée en informa Ulbach. On peut se douter du désespoir du pauvre garçon, surtout quand il sut que le jeune homme vu au bras d Aimée était son cousin germain et que Mme Détrouville rêvait de les marier ensemble.

Ulbach perdit la tête ; ses excentricités le firent congédier par M. Ory, et il se réfugia rue des Lyonnais chez deux vauriens, ses camarades de la maison centrale.

Il y resta trois jours, puis un matin — le 25 mai 1828 — il s'en fut rue Descartes, en face l'École polytechnique, acheta chez un brocanteur un énorme couteau, se rendit ensuite à la préfecture de police pour y retirer son livret, et, l'après-midi venue, se dirigea du côté d'Ivry.

Il trouva Aimée Millot gardant ses chèvres, en compagnie d'une fillette de huit ans, Julienne Saumon.

Il lui demanda des explications, qu'elle refusa ; il la supplia de l'aimer, lui promettant le mariage ; elle le repoussa. Alors, furieux, il la frappa de cinq coups de couteau, dont l'un, le dernier, s'enfonça entre les deux épaules de la pauvre Aimée.

Puis il s'enfuit.

Julienne, qui s'était sauvée en criant, fit le récit du crime, et pendant huit jours on rechercha inutilement le meurtrier.

II vint, poussé par le remords, se livrer lui-même à M. Roger, commissaire de police du marché aux chevaux.

Devant la cour d'assises, il affecta de n'éprouver aucun regret de l'acte qu'il avait commis.

Il fut condamné à mort.

Il monta sans faiblesse sur l'échafaud élevé en place de Grève.

De pieuses personnes perpétuèrent le souvenir d'Aimée Millot en élevant un modeste monument à l'endroit même où elle avait été tuée.



Dans la presse...


Une rue insalubre

Pestilentielle et défoncée, avec sa chaussée parsemée d'immondices, la rue Philibert-Lucot est la plus sale du treizième arrondissement. (1911)

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Terrible orage à Paris

Le temps qui, depuis le matin, était, hier, très chaud et devenu vers midi tellement lourd et orageux que l'air était presque irrespirable. On ne voyait que passants s'essuyant le front avec la lassitude et les cocher protéger la tête de leurs chevaux avec des chapeaux de paille... (1901)

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Un syndicat d'indigents

La cour des Miracles était hier soir en grand émoi ; elle avait transporté cahin-caha, béquillant et gesticulant, ses pénates dans le quartier de la Gare, rue Nationale, tout là-bas, au bout de Paris, près de la barrière d'Italie. Il faut dire que le 13° arrondissement a un maire, M. Thomas, « qui fait des économies sur les fonds alloués par la Ville au service de bienfaisance, et qui, cette année, a rendu 50,000 francs à l'Assistance publique. (1897)

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L'épidémie de la Maison-Blanche

Au moment où le service de statistique municipale constatait avec satisfaction une décroissance notable de la mortalité dans Paris, une épidémie éclatait dans un quartier excentrique et y jetait l'effroi. Le quartier contaminé est celui de la Maison-Blanche, situé dans le treizième arrondissement, sur les bords de la Bièvre. (1890)

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La reconstruction des Gobelins

Il paraît décidé qu'on conservera pieusement les ruines de la Cour des Comptes, comme souvenir de 1871. Mais il est un autre monument, également ruiné par la Commune et dont la vue séduit beaucoup moins : la façade de la manufacture des Gobelins « provisoirement » remplacée par une construction en platras et une palissade en planches. (1891)

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Saviez-vous que... ?

Ce n'est qu'en 1867, que la route de Fontainebleau devint officiellement l'avenue d'Italie.

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L'actuelle mairie du XIIIème a été construite en 1866 et 1877 (avec une interruption entre 1870 et 1871) sur les plans de Paul-Emile Bonnet, architecte. Auparavant, elle était installée dans un des anciens pavillons Ledoux.

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En 1860, Il y avait un commissariat pour deux quartiers dans chaque arrondissement de Paris. Pour le 13e, ces commissariats étaient installés 36 route d'Italie pour Croulebarbe et la Maison-Blanche et 62 boulevard de l'Hôpital pour les quartiers de la Salpêtrière et de la Gare.

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Le square Robert Bajac situé en face du square Hélène Boucher à la porte d’Italie, honore Robert Jean Paul Bajac, aviateur français, né le 13 décembre 1897 à Paris (9e) et mort le 1er avril 1935 à Gisors (Eure), des suites des blessures reçues lors d'un atterrissage nocturne, près de Gournay-en-Bray (Seine-Maritime)2, alors qu'il inaugurait une liaison postale de nuit entre Paris et Londres.

L'image du jour

La Zone à la porte de Bicêtre

Talus et fossés des fortifications étaient occupés par des jardins plus ou moins sauvages, la zone non aedificandi était peuplée par une population vivant dans des baraquements, des cahuttes ou encore des roulottes. La porte de Bicêtre était une des plus petites de Paris. Elle communiquait, comme la poterne des Peupliers, avec Gentilly, la commune du Kremlin-Bicêtre n'ayant été constituée qu'en 1896 par le détachement de territoires de Gentilly.
C'est en 1912 que fut achevé, l'immeuble destiné aux familles nombreuses construit juste en vis-à-vis de la porte de Bicêtre. Il était alors situé entre des usines dont une manufacture de chaussures. ♦