Agents attaqués
Le Matin — 29 septembre 1907
Avant-hier, après-midi, quelques commerçants de la place Nationale se plaignaient qu'une demi-douzaine d'apaches vinssent bouleverser leurs étalages et projeter leurs marchandises sur la chaussée.
Le gardien de la paix Daniel, du treizième arrondissement, eut donc à intervenir et somma les malandrins de déguerpir au plus tôt.
Sans tenir aucun compte des observations de l'agent, les mauvais drôles se ruèrent sur lui, le frappant cruellement à coups de pied et de poing. Un autre gardien de la paix, l'agent Weiss, accourut pour porter secours à son collègue, mais les apaches l'attaquèrent pareillement et l'étendirent d'un coup de tête sur la chaussée. Après quoi, ils prirent la fuite.
M. Yendt, commissaire de police, faisant l'intérim du quartier de la Gare, mis au courant des faits, demandait deux inspecteurs au service de la Sûreté, et les chargeait de retrouver les coupables.
Hier matin, les agents de M. Hamard, MM. Laurence et Chérié, parvenaient à arrêter deux des malfaiteurs, Lucien Labbé, vingt ans, dit « la Gauffre » et Émile Callot, dix-neuf ans, dit « Topette », demeurant tous deux 29, rue Lahire.
Amenés au commissariat et interrogés par M. Fédée, secrétaire, ils ont reconnu faire partie de la bande, qui, la veille, avait attaqué les gardiens de la paix. Comme ils montaient dans le « panier à salade », Labbé et Callot ont proféré des injures contre les gardiens de la paix, à qui, en guise d'adieux, ils ont adressé cette menace C'est bien, nous sommes faits aujourd'hui mais quand nous reviendrons, nous « brûlerons » ceux qui nous ont arrêtés.