Chaque année, des milliers de Parisiens meurent de la tuberculose, tandis
que les épidémies, quoique restreintes et cantonnées dans le foyer où elles
éclatent, font des ravages avec une régularité déconcertante.
De grands efforts ont été faits pour lutter contre l'insalubrité de trop
nombreux quartiers ouvriers où l'air et la lumière font défaut, où des familles
sont entassées dans des logements exigus et délabrés. On est ainsi arrivé à
limiter le fléau, mais non à le faire disparaître.
C'est qu'il reste encore beaucoup à faire dans ce sens. Une visite de quelques
arrondissements de la rive gauche de Paris, en compagnie, d'une commission composée
des conseillers municipaux de la périphérie, nous a révélé certains coins immondes
qui, pour être peu connus, n'en sont pas moins très peuplés et forment en plein
Paris, de véritables foyers d'infection.
Les choses vues dans une rapide visite en automobile des XIVe, XVe et XVIe
arrondissements ont toutes été éclipsées par les cloaques du XIIIe arrondissement
que nous ont fait parcourir les conseillers intéressés qui en réclament la disparition.
Cité Doré
Dans le quartier de la Salpêtrière, il existe, donnant sur la place Pinel,
une cité exclusivement habitée, par des chiffonniers et qui porte le nom de
Cité Doré.
Sur un terre-plein lépreux, des maisons basses et sordides, faites de plâtre
souillé. Aux portes, jouent des enfants au visage vieilli, tandis que des femmes
font le tri des chiffons malodorants. Les ruelles larges de trois mètres, sont
décorées du nom pompeux d'avenues et éclairées à l'aide de quinquets. Au milieu,
coule un ruisseau fétide dans lequel des gosses barbotent. Cent cinquante pauvres
bougres croupissent dans ce cloaque.
À cent mètres de là, de superbes maisons modernes à sept étages défient insolemment
cette misère résignée.
Passage Moret
Dans le quartier de Croulebarbe, que représente notre ami Deslandres, il
nous a été donné de découvrir un cloaque plus immonde encore. On l'appelle le
passage Moret.
La sortie du passage Moret sur la rue des Cordellières
La Bièvre, une Bièvre complètement stagnante, dont l'eau bourbeuse et nauséabonde
porte des choses innommables, la traverse. Quinze cent mille francs ont été
prévus, paraît-il, pour la couvrir, mais, malgré les efforts de son conseiller,
le quartier attend toujours. Là encore, des masures à un étage, décrépites et
sordides.
À travers, une fenêtre ouverte, dans une atmosphère irrespirable, au milieu
de meubles délabrés, je distingue une femme sans âge, assise dans une pièce
étroite et sombre. Je lui demande le prix de son loyer.
— Cinq francs la semaine, monsieur.
Deux cent quarante francs par an pour un pareil taudis Je ne résiste pas
à l'envie, de savoir le nom du triste propriétaire. C'est un certain M. Bloch.
Saluez M. Vautour I
L'odeur de la Bièvre, des tanneries voisines et la poussière blanche qui
émane d'une usine où l'on prépare des peaux de lapins, nous chassent rapidement
de cet épouvantable milieu.
Le remède
Le cri unanime des conseillers présents fut « Il faut, au plus vite,
raser tout cela ». C'est, en effet, le seul remède : faire place nette
pour reconstruire, prolonger des rues, ou mieux, en faire de petits oasis de
verdure.
M. Dausset prévoit, dans son rapport sur les grands travaux à effectuer dans
Paris, trente-trois millions pour lutter contre la tuberculose.
Il serait difficile de trouver un emploi plus utile.
Le treizième arrondissement se compose, comme le douzième, d'une fraction de l'ancien Paris et d'une partie annexée. Cette dernière est comprise entre les anciens boulevards extérieurs, les rues de la Santé et de la Glacière, les fortifications et la Seine. La butte des Moulins, la butte aux Cailles et les bas-fonds de la Bièvre, en font une des régions les plus mouvementées de la zone suburbaine, et, par conséquent, une de celles qui présentent le plus d’obstacles à une viabilité régulière; de là, des tâtonnements et de longues études. (1863)
Les travaux du chemin de fer de Ceinture, toujours conduits avec la même activité, sont terminés sur une grande partie, du parcours, en ce qui concerne les terrassements et les ouvrages d'art ; aussi a-t-on, déjà commencé le ballastage, la pose des voies et l'édification des bâtiments de stations. (1866)
On continue à s'occuper très sérieusement du tracé du chemin de fer de ceinture sur la rive gauche ; les études du pont à jeter sur la Seine et celles du viaduc dans la vallée de la Bièvre sont maintenant terminées. (1861)
Vous ne connaissez pas le passage Moret, cela n'est pas surprenant, car, sauf ses malheureux habitants, leur conseiller municipal qui se débat comme un diable pour les secourir, chacun à l'envi les oublie. Chaque fois que les représentants de l'administration se souviennent de ce restant de l'Ile des Singes, c'est pour lui causer un dommage nouveau. (1925)
Les pauvres et déplorables locataires de la ville de Paris, dans son domaine de l'Ile des Singes, partie dénommée sur la nomenclature le Passage Moret, vont apprendre avec joie que l'inondation de leurs taudis, par en haut, va cesser à bref délai. (1925)
Dans le populeux quartier des Gobelins, il est un groupe de gens à qui l'on a mis le bonheur — bonheur relatif, d'ailleurs — à portée de la main, et qui se disputent au lieu de le cueillir sagement. Ces gens demeurent sous le même toit, 9, passage Moret, voie vétuste qui semble être restée dans le même état qu'au temps des mousquetaires. (1926)
La Ville de Paris, qui loue pour rien les luxueux pavillons du Bois de Boulogne aux jouisseurs et aux parasites, veut expulser de malheureux travailleurs de logements peu confortables certes, mais pour lesquels ils paient un lourd loyer. (1927)
Les locataires n'étaient pas plutôt dans la rue que des démolisseurs se mettaient à l'ouvrage pour le compte d'un garage Renault qui fait procéder à des agrandissements. Ainsi les limousines des exploiteurs seront à l'abri et les locataires logeront où et comme ils pourront. (1927)
Que l'on démolisse les taudis, nids à tuberculose qui pullulent dans la « Ville-Lumière », nous n'y trouverons rien redire, au contraire ! Mais que sous prétexte d'assainissement, comme cela s'est produit passage Moret, on expulse, en 21 jours, au profit d'un garage, des malheureux que l’on a finalement « logés » dans des taudis sans nom, c'est un véritable scandale ! (1927)
Tout un coin de Paris est en train de se modifier singulièrement. Huysmans ne reconnaîtrait plus sa Bièvre. Non seulement le ruisseau nauséabond est maintenant couvert depuis bien des années, mais le sinistre passage Moret a presque complètement disparu de la topographie parisienne et, au milieu de cette année, les fameux jardins dont la jouissance était réservée aux tisseurs et dessinateurs de la Manufacture des Gobelins, vergers en friche qui, quelquefois, servaient de dépôt d'ordures aux gens du quartier, auront perdu leur aspect de Paradou abandonné. (1937)
Paris aura la semaine prochaine un nouveau jardin public, un très beau jardin. Il n’en possédera jamais trop ! Le fait est d’autant plus intéressant que ce nouveau jardin se trouve dans un arrondissement, au reste fort peuplé, le 13e, qui, il y a encore un an, ne possédait pas le moindre square. (1938)
Hier matin, était inauguré, dans le quartier Croulebarbe, un nouveau jardin public. II s'étend sur 22.500 mètres carrés, derrière la Manufacture des Gobelins et le Garde-Meubles National. C'est à Émile Deslandres que l'on doit cette initiative. Ayant représenté pendant plus de vingt-cinq années ce quartier, au nom du Socialisme, il s’était penché sur les misères et les besoins de la classe ouvrière dont il était lui-même. (1938)
La Bièvre est un ruisseau tout noir Qui sent comme un goût d'urinoir… chantait ce pauvre Rivoire, qui chantait si lugubrement la triste épopée d'un grelotteux de la Glacière. (1890)
Au numéro 1 de la villa Sainte-Hélène, tout près de la poterne des Peupliers, sur la zone annexée du XIIIè arrondissement, la famille Nesler occupe une baraque de trois pièces, au fond d'un petit terrain clos dont elle est locataire.
Mettant à profit les loisirs d'un dimanche ensoleillé, près de vingt mille Parisiens ont défilé hier, sous la poterne des Peupliers, pour se rendre compte des dégâts causés par l'accident de samedi soir.
Il existe dans le XIIIe arrondissement (quartier de la Maison-Blanche), un immense quadrilatère de plus de 60 hectares de superficie, qui laisse presque tout à désirer sous le rapport des communications et de la salubrité. (1881)
La poterne des Peupliers, située à l'extrémité de la rue des Peupliers, entre les portes de Gentilly et de Bicêtre, fait partie d'un groupe d'ouvrages militaires se rattachait au système des fortifications de Paris reconstruit en 1889 pour assurer la défense de la vallée de la Bièvre.
Situé sur les confins du XIVe et du XIIIe arrondissement, l'ancien quartier de la Glacière est, ou plutôt était, il y a peu de temps, un des côtés les plus curieux du nouveau Paris. Les deux bras de la Bièvre s'enchevêtrant, à peine ombragés par quelques maigres peupliers, dans les replis escarpés de la Butte-aux-Cailles. (1877)
Une enquête est ouverte, pendant quinze jours consécutifs, à partir d'aujourd'hui, aux mairies des 13e et 14e arrondissements, sur divers projets de voirie intéressant cette partie annexe de la capitale. A l'appui des plans déposés, l'administration a joint une légende explicative, dont nous reproduisons les termes. (1863)
M. Jean Fatigué, un gars de vingt-quatre ans, lavait à grande eau, hier matin, le pont de la Louise, une longue péniche noire qui, depuis quelques jours, est amarrée au quai d'Austerlitz, non loin du pont de Bercy.