Ceux qui ne sont pas initiés aux mystères de la vie parisienne, ignorent que les industries
ayant pour clients MM. les chiffonniers réalisent d'assez beaux bénéfices.
— Mais, demanderons les gens du monde, que peut dépenser un chiffonnier ? Que gagne-t-il ?
Qui peut vouloir de son ignoble marchandise ?
Sachez-le, rien de ce que cet homme ramasse au coin des bornes n'est perdu pour l'industrie.
Les vils débris qu'il retire de la boue sont comme de hideuses chrysalides auxquelles la science
humaine prêtera des formes élégantes et des ailes diaphanes.
Ainsi les fabricants de papier achètent pour leur usage :
Prix de 100 kil.
Les cartons, vieux papiers sales.
8 fr. Le gros de Paris, toiles d'emballage, restes de sacs
8 Le gros de campagne, chiffons de couleur, cotonnade 18 Le gros bul, toiles en fil, grossières et sales
20 Le bul même qualité, mais plus propre
26 Le blanc sale, chiffons ordinairement de cotonnade 34 Le blanc fin, chiffons propres et de toile de fil
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Les chiffons d'une dimension raisonnable passent entre les mains des revendeuses à la
toilette du marché du Temple. Les fabricants de produits chimiques tirent du sel ammoniac des
lambeaux de laine ou de drap. On fait de nouvelles vitres avec les morceaux de verre cassé, et
de nouvelles ferrures avec les anciennes.
Le contenu de la hotte d'un chiffonnier vaut environ 1 fr. 50, non compris certains objets,
tels que les bouchons qu'il abandonne au liquoriste contre du liquide consommé sur place.
Maintenant, que dépense-t-il ?
Pour la nourriture et le logement, très peu de chose. Il utilise à son profit les croûtes de
pain et autres débris comestibles qu'il extrait de sa hotte.
Quant à l'entretien, pour les jours ordinaires, il est nul. La toilette des grands jours
coûte 2 francs par an, ainsi répartis :
On trouve le tout dans des officines ad hoc près du Temple.
Qu’est-ce qu'une chemise échangée ?
On passe derrière un paravent. La marchande jette par-dessus une chemise blanche. Le
chiffonnier envoie de la même manière la chemise portée, prise en échange, cela coûte 50
centimes. C'est un prix fait comme les petits pâtés.
La plus forte dépense consiste dans le trois-six, dit casse-poitrine ou tord-boyaux, consommé
dans les caboulots spéciaux dits bibines, dont le plus célèbre est l'Assommoir, rue Mouffetard,
où le camphre tape sur le cerveau et renverse son homme, si vigoureux qu'il soit.
Le cabaret du Pot-d'Étain
L'aristocratie a pénétré dans la chiffonnerie. Au cabaret du Pot-d'Étain, près de l'ancienne
barrière de Fontainebleau, dont ils forment la clientèle exclusive, trois catégories occupent
chacune un local distinct.
La première salle, affectée aux propriétaires d'un hoteriot en bon état et d'un crochet avec
manche propre et luisant, s'est toujours, malgré les changements politiques, appelée « la
Chambre des pairs. »
Les porteurs de mannequins vulgaires occupent la seconde salle, dite « Chambre des députés ».
La troisième, salle appelée « Cercle des vrais prolétaires » abrite ceux à qui leurs moyens
ne permettent pas une hotte ni un crochet et qui n'ont pour tout bien qu'une vieille serpillière
dans laquelle ils insèrent ce qu'ils ramassent.
Une étiquette minutieuse et sévère règle les rapports entre les trois catégoriels. À l'entrée
de chaque salle sont rangés les hoteriots, les mannequins et les serpillières, et celui qui
pénétrerait, sans y être appelé, dans un local où il n'a pas droit d'entrer, encourrait une
peine disciplinaire.
Le vin est servi dans un pot de terre nommé « le Petit Père-Noir » et extrait d'un broc
omnibus appelé « le Moricaud ». On exige la valeur des mets avant de déposer le plat sur la
table.
Autrefois, les couverts étaient fixés à la table à l'aide d'une chaîne assez longue pour
permettre d'en faire usage. Cet usage injurieux a été aboli.
Seulement on voit les consommateurs venir rendre au comptoir les brocs, pots, verres et
couverts, et boire jusqu'à concurrence de la somme déposée par eux en garantie de ces
ustensiles. Le comptoir est un lieu franc où fraternisent les trois catégories.
Ou a vu des logeurs et gargotiers ayant une clientèle de chiffonniers se retirer avec une
certaine aisance. La veuve Ravigot, dite la Mère des biffins (chiffonniers), avait acquis de
cette façon une très enviable fortune. (Droit)
Le treizième a toujours été la cité des pauvres. Il sue encore la misère avec ses îlots de maisons délabrées… avec la rue du Château-des-Rentiers, ô ironie, avec la Butte-aux-Cailles chère à Louis-Philippe. Et comme la misère va de pair avec la douleur, beaucoup d'hôpitaux, la Salpêtrière, la Pitié, Broca, Péan, des asiles, des refuges. Sur 33.500 électeurs, 28.000 paient de 500 à 1.200 francs de loyer par an. Au prix actuel du gîte, ces chiffres ont une triste éloquence ! On ne s'étonnera pas si le treizième est politiquement très à gauche… et même à l'extrême gauche. (1927)
Tandis que les chauffeurs ne pourront claironner ou trompeter par les rues de Paris, des escouades de bruiteurs autorisés continueront, embouchure aux lèvres, leur pas accéléré quotidien dans les rues du quartier de la Maison-Blanche en général, boulevard Kellermann en particulier. (1929)
Dans une semaine ou deux, on inaugurera la grande piscine de la Butte aux Cailles. C'est un établissement vraiment remarquable, de briques et de mortier, aux revêtements vernissés blancs, dominé d'une immense cheminée en ciment armé, de grande allure avec sa quadrature de colonne droite évidée aux angles, lesquels sont ainsi arrondis. (1924)
Dimanche, dans la nuit, un craquement sinistre a éveillé les locataires d'un des vieux immeubles de cette rue. une maison d'un étage, portant le numéro 10. D'un coup la maison s'était lézardée du haut en bas. menaçant de s'effondrer. (1929)
Le quartier de la Gare est en émoi. A la suite de perturbation du sol, peut-être aussi de fissures de conduites d'eau et d'infiltrations, la plupart des immeubles de la rue Charles-Bertheau, dont certains sont neufs, menacent ruine (1937)
Savez-vous ce que c'est qu'un Bijoutier ?... C'est un de ces industriels qui achètent aux laveurs de vaisselle des restaurants les débris de viande cuite jugés indignes d'être offerts à la clientèle, et qui vendent ces débris, connus sous le nom d'arlequins, aux pauvres gens des quartiers populeux. Or, depuis quelque temps, les étalages des bijoutiers du marché des Gobelins étaient mieux fournis que d'habitude... (1872)
C'est derrière la mairie du treizième arrondissement, dans le vieux marché des Gobelins, que la jeunesse des Beaux-arts avait organisé hier soir le bal annuel des Quat'z'Arts. (1914)
Une rumeur étonnante et capable d’alimenter toutes les conversations circulait, hier après-midi vers 5 heures, dans le quartier de la Maison-Blanche. Des terrassiers, en creusant pour faire une cour, avaient découvert des ossements... (1923)
Espérons que la rudesse et la brutalité avec lesquelles la main de l'autorité militaire vient de s'abattre sur les pauvres zoniers de la porte de Gentilly, aura pour résultat de ramener cette importante question à l'ordre du jour, et de lui faire faire un pas vers une solution impatiemment attendue. (1895)
Le système d'ensemble des grands travaux de la ville de Paris, rive gauche, touche par des points trop nombreux aux intérêts de la population et de la propriété parisiennes pour que son étude ne soit pas, pour le Siècle, l'objet d'un sérieux examen. Nous analyserons successivement chacune des grandes lignes appelées à ajouter à la splendeur et au bien-être de la ville, et nous allons commencer ce travail par les voies qui doivent régénérer le douzième arrondissement le plus pauvre jusqu'ici et le plus délaissé. (1858)
Sur le flanc méridional des coteaux qui dominent le ruisseau de la Bièvre et en face du plateau sur lequel est assis le Panthéon, on voyait, à la fin du siècle dernier, un peu avant la construction du mur des fermiers généraux, une sorte de petite ville, distincte de la grande, ayant ses rues, ses places, ses marchés, ses remparts, ses fossés, ses églises et ses juridictions. (1873)
Un incendie considérable s'est déclaré, hier soir, vers quatre heures, dans les magasins et hangars de M. Rouzé, grainetier, 197 et 199, avenue de Choisy.
La Ville de Paris a inauguré, hier matin, rue Kuss, dans le 13e arrondissement, un groupe scolaire ultra-moderne, édifié en dix-sept mois, sur la proposition de M. Louis Gélis, conseiller municipal du quartier. (1394)
J'ai souvent parcouru en voisin cette rue que Jeanne d'Arc a baptisée, il y a soixante-quinze ans, à l'époque de l'annexion de l'ancienne banlieue, la commune d'Ivry en faisait partie. (1939)
Dans quelques jours, le 123-124, dernier spécimen des multiples tramways qui, il y a peu de temps encore, occupaient les rues de Paris, va disparaître. Il fera son dernier voyage, le 15 mars et sera remplacé, le lendemain, par un autobus. (1937)