Un jour dans le 13e

 Obsèques des victimes inconnues

Obsèques des victimes inconnues

Le Gaulois ― 18 novembre 1915

Hier matin ont eux lieu les obsèques solennelles de celles des victimes de la catastrophe de la rue de Tolbiac qui n'ont pu être identifiées.

A sept heures et demie, cercueils contenant les corps non reconnus et deux autres renfermant des débris retrouvés dans les décombres ont été transportés de la Morgue à l'église Notre-Dame, où la cérémonie funèbre a commencé à midi.

Aux premiers rangs de l'assistance, qui était considérable, on remarquait le colonel Bonnel, qui représentait le président de la république ; M. Albert Métin, ministre du travail, qui représentait le gouvernement, et les représentants des autres ministres ; MM. Delannoy, préfet de la Seine, Laurent, préfet de police ; Adrien Mithouard, président du conseil municipal ; le général Clergerie, qui représentait le gouverneur militaire de Paris ; les représentants des présidents de la Chambre et du Sénat, etc. Notons aussi la présence de Mme Raymond Poincaré et des familles des victimes de la catastrophe de la rue de Tolbiac, auxquelles des places avaient été réservées auprès du catafalque.

L'absoute a été donnée par le cardinal Amette, qui avait tenu i présider la cérémonie.

L'office fut célébré par l'abbé Millet, curé de Sainte-Anne de la  Maison-Blanche.

Pendant la cérémonie religieuse, le grand orgue, sous la direction de M. Pierné, joua le Dies Irae de Théodore Dubois.

Les cercueils ont été ensuite transportés sur des prolonges d'artillerie transformées en chars funèbres au Père-Lachaise, où M. Métin, ministre du travail, et M. Mithouard, président du conseil municipal, ont  pris la parole.

Saviez-vous que... ?

Fin juin 1892, M. Jules Beaufils, souffleur du théâtre des Gobelins, était hier à son poste lorsque, au troisième acte de la pièce l'Oiseau bleu, au moment où les spectateurs palpitaient sous l'intérêt du dénouement, la jeune-première, trahie par sa mémoire, manqua soudain la réplique.
S'approchant un peu de la rampe, elle attendit les premiers mots ; mais le souffleur resta muet.
On crut que le souffleur dormait, et des appels désespérés partirent de la rampe, jetés par les artistes en détresse. Mais tout fut inutile : le pauvre homme avait succombé à une affection cardiaque.
Cet incident, qui a vivement ému le public, a trouble un moment la représentation, qui a pu être terminée avec le concours d'un remplaçant.

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L'actuelle mairie du XIIIème a été construite en 1866 et 1877 (avec une interruption entre 1870 et 1871) sur les plans de Paul-Emile Bonnet, architecte. Auparavant, elle était installée dans un des anciens pavillons Ledoux.

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En décembre 1871, dans Paris assiégé, le 13e arrondissement comptait 79.828 habitants y compris les réfugiés.

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Dans les années 1893-1894, une épidémie de variole se répandit dans le quartier de la Gare et toucha principalement les rues Harvey, du Château-des-Rentiers, Tolbiac et Patay. Au total, plus de soixante immeubles furent contaminés. La population accepta les mesures de prophylaxie avec un empressement marqué; c'est là notamment que, dans les rues Harvey, Château-des-Rentiers, des Chamaillards, Tolbiac, Patay, presque tous les habitants des maisons venaient d'eux-mêmes s'offrir à la vaccination, dans une boutique ou mème en pleine rue. L’invasion du XIIIe arrondissement, dans la partie qui forme le quartier de la Gare, peut être considérée comme ayant été causée par l’apparition d’une bande de forains nomades installée dans des conditions incroyables d’insalubrité ; ils y eurent plusieurs malades dans leur campement sur le bord d’un boulevard longeant les fortifications ; lorsqu’on voulut y pratiquer des mesures de salubrité et les revacciner, ils déguerpirent.

L'image du jour

Le boulevard de la Gare (Vincent-Auriol #Paris13) à la hauteur de la cité Doré

... et face à la Raffinerie Say, le tout avant la construction de la ligne 6 du métro.
Les rails que l'on devine au premier plan, en bas à droite, sont ceux du tramway venant de la rue Jeanne-d'Arc.