Les étrangleurs
La Presse — 25 décembre 1894
Décidément, le treizième arrondissement détient le record des affaires dramatiques, plus particulièrement des affaires nocturnes.
Il y a une dizaine de jours, un marchand de vin de la rue de la Reine-Blanche était à demi étranglé par des escarpes au moment où il tirait le cordon de la sonnette de la porte de sa maison.
Nous ne citerons que pour mémoire une demi-douzaine d'agressions commises depuis, jusqu'à l'attentat dont a été victime, la nuit dernière, M. Paul Guinard, âgé de 36 ans, garçon limonadier, tandis qu'il rentrait à son domicile, boulevard de la Gare, à deux heures et demi.
Le garçon limonadier était arrivé à la hauteur de la place des Alpes, qui forme une sorte de rond-point sur la droite du boulevard, lorsque quatre individus se jetèrent sur lui.

Le malheureux chercha en vain à se défendre. Il fut roué de coups et, comme il se débattait en appelant au secours, l'un des agresseurs lui passa un lacet autour du cou et serra jusqu'à ce que la victime ait perdu connaissance.
Quand il reprit ses sens, le limonadier était au poste de la mairie, où des gardiens de la paix, attirés par ses appels, l’avaient transporté, après avoir poursuivi vainement les malfaiteurs, qui s’étaient enfuis par la rue de Villejuif.
M. Guinard constata qu'on lui avait dérobé son porte-monnaie contenant cent vingt francs, sa montre, son chapeau et son veston.
Après avoir reçu quelques soins, il a, été reconduit chez lui.
M. Perruche, commissaire de police, fait activement rechercher les auteurs de cette agression dont le signalement a pu lui être donné par la victime.
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