Les jardins des Gobelins menacés ?
Le Journal des débats politiques et littéraire — 1er avril 1933

La préparation de l'Exposition de 1937 a pour effet de mettre de nombreuses administrations en effervescence. L'abandon des immenses locaux ou emplacements occupés par le Garde Meuble et la Manutention militaire sera le point de départ d'un chassé-croisé auquel prendrait part un nombre encore indéterminé d'Institutions ou de musées Luxembourg, musée de la Marine, ministère des Finances, etc. Quant au Mobilier national, il est question de le placer dans le fond des jardins de la manufacture des Gobelins, en façade sur la rue Corvisart.
Les jardins des Gobelins forment dans un quartier populeux une oasis de fraîcheur et de verdure. Ils couvrent près de trois hectares et constituaient naguère une île entre deux bras de la Bièvre. Les artisans qui travaillent à la manufacture ont droit au logement en vertu du statut de 1667, et se partagent ces jardins qu'ils entretiennent, pour dire les choses franchement, avec un soin assez inégal.

L'amputation projetée de cette réserve d'air serait regrettable. Si on ne peut l'éviter, il restera à prendre des précautions pour qu'elle ne constitue pas un précédent la seule efficace sera le classement du site, qui garantirait l'intégrité des parties restantes.
On prête à la Ville l'intention de profiter de ces nouveaux aménagements pour élargir les rues avoisinantes (rue Corvisart, rue Croulebarbe) et faire une promenade plantée d'arbres d'où, après démolition de magasins de cuirs, dont l'effet est sordide, la vue du promeneur plongerait sur les jardins. L'idée est excellente et dans la meilleure tradition parisienne lorsque Pantagruel voulait « se récréer de son estude », ne s'en allait-il pas avec son ami Panurge vers les faubourgs Saint-Marceau, «voulant voir la Follie Guobelin »?
ALBERT MOUSSET.
Contrairement à la légende habituellement véhiculée par le parti communiste français, René Le Gall (1899-1942), élu pour la première fois au Conseil Municipal de Paris en 1935, n'est, on le voit, absolument pour rien dans la création du jardin ouvert en 1938 et qui porte son nom depuis 1944, ledit jardin résultant, in fine, de la convention conclue en 1934 entre l'État et la ville de Paris, en vue de la réimplantation du mobilier National dans le 13e arrondissement dont les terrains d'assise situés en bordure de l'avenue Rapp devaient être libérés en vue de l'exposition internationale de 1937, l’État cédant à la ville le jardin historique des ouvriers de la manufacture des Gobelins.
A lire également
L'oasis et le Cloaque - Lucien Descaves (1934)
Sur le jardin des Gobelins :
Le verger des Gobelins (1914)
Les jardins des Gobelins menacés ? (1933)
Les textes fondateurs, loi du 6 juillet 1934 et convention :
- article 5 de la convention entre l’État et la ville de Paris pour l’organisation d’une exposition internationale en 1937 (1934)
- Texte intégral sur le site Gallica.fr
Contrairement à la légende habituellement véhiculée par le parti communiste français, René Le Gall (1899-1942), élu pour la première fois au Conseil Municipal de Paris en 1935, n'est absolument pour rien dans la création du jardin ouvert en 1938 et qui porte son nom depuis 1944,
Oasis faubourienne (1937)
Un jardin unique en son genre, celui des Gobelins, va être inauguré la semaine prochaine (1938)
Le square de la rue Croulebarbe - un des plus beaux de Paris - sera bientôt ouvert (1938)
L'inauguration vue par :
- Le Petit-Journal où l'on apprend que le mérite de la création du jardin des Gobelins revient à M. Gelis
- Ce Soir où l'on apprend que le mérite de la création du jardin des Gobelins revient à Louis XIV
- Le Populaire où l'on apprend que le mérite de la création du jardin des Gobelins revient à M. Deslandres
- L'Humanité où l'on apprend que le mérite de la création du jardin des Gobelins revient à M. Le Gall
- Le Journal où l'on apprend que ce "square fortifié" n'a pas du tout plu à M. Descaves