Quai de la Gare
Un drame évité de justesse
Gazette nationale ou le Moniteur universel — 17 juillet 1860
Une marchande de mouron, la femme Marie-Louis B..., âgée de quarante-deux ans était montée avant-hier, vers neuf heures et demie du soir, avec son jeune enfant âgé de quelques années, dans un bachot amaré sur la Seine, à la hauteur du quai de la Gare, et elle s'était occupée immédiatement de laver une portion du mouron qu’elle venait de cueillir dans les champs.

Pendant ce temps, son enfant jouait à l’autre bout du bachot, et elle pressait sa besogne sans regarder à ses côtés, quand soudainement le bruit de la chute d'un corps dans l'eau lui fit lever la tête, et elle s'aperçut aussitôt que c'était son enfant qui venait de tomber dans l'eau et qui disparaissait entrainé par le courant.
Cette femme, guidée par l’amour maternel et sans songer quelle n’avait aucune connaissance de l’art de la natation, se précipita tout habillée dans la Seine et parvint à rejoindre et à saisir son enfant; mais, lorsqu’elle l’eut saisi, le courant les entraîna tous deux au large, et elle n'eut d'autre ressource pour échapper au péril imminent qui la menaçait que de pousser quelques cris de détresse qui furent heureusement entendus par un brave ouvrier, le sieur Chevillard, journalier, domicilié quai de la Gare, 86. en face de l’endroit où se trouvaient la mère et l’enfant.
Le sieur Chevillard se dirigea en toute hâte vers cet endroit, se précipita dans le fleuve, et en nageant à grande brasse parvint bientôt à saisir la mère et l'enfant et à les ramener sur la berge.
Quelques soins ont suffi pour faire dis paraître les symptômes d'asphyxie qui se manifestaient et pour mettre la mère et l'enfant tout à fait hors de danger. [Gazette des Tribunaux.)
(Le titre a été ajouté NdE)