C'est à la limite du XIIIe arrondissement, sur les bords fangeux de la Bièvre, presque hors de
Paris, qu'il faut aller chercher cette rue qui a été hier le théâtre d'un drame sanglant.
Au n°7, habitaient un sieur Scheffer et sa femme. Celle-ci, âgée de vingt, ans, est une brave
et laborieuse ouvrière, estimée de tout le monde dans le quartier. Scheffer, plus âgé qu'elle de
douze ans, est au contraire connu comme un mauvais sujet, plus assidu au cabaret qu'à l’atelier,
et qui mange, ou plutôt boit, la plus claire partie du salaire de sa femme.
La rue du Moulin-des-Prés
aux alentours du n°7
Naturellement, la concorde ne régnait pas dans un pareil ménage. Le mari trouvait que sa femme
gagnait trop peu selon ses désirs, et, comme il ne pouvait alléguer ce motif pour crier, il feignait,
naturellement, une jalousie hors de propos.
Hier soir, vers six heures Scheffer se rendit à l'atelier où travaillait sa femme, et la fit
demander.
— N'y va pas, Honorine ! dit une des camarades de Mme Scheffer saisie d'un pressentiment.
Mais la jeune femme ne tint aucun compte de cet avertissement ; elle sortit et trouva son
mari à la porte.
Il commença, selon sa coutume, par lui demander de l'argent. Puis, comme elle lui disait qu'elle
n'en avait pas, une querelle s'engage, et tout à coup, Scheffer, sortant de sa poche un couteau
à virole, le plongea dans la poitrine de sa femme.
La lame entra jusqu’au manche dans le sein gauche. La malheureuse tomba avec un sourd gémissement.
Elle fut immédiatement relevée et portée chez M. Bonvallot, herboriste, où les premiers soins
lui furent donnés. M. le docteur Rochette, qu'on avait couru chercher, constata une plaie transversale
de cinq centimètres de largeur, ayant occasionné une volumineuse hernie au poumon. Il ne put que
faire un premier pansement afin de permettre le transport de la blessée à la Pitié, où elle a été
placée salle Saint-Jean, lit n° 14.
Le meurtrier s'est laissé arrêter et conduire au bureau de M. Moller, commissaire de police,
qui lui a fait subir un premier interrogatoire.
L'état de Mme Scheffer est des plus graves. On n’a que fort peu d’espoir de la sauver. À l’heure
où nous écrivons, elle a peut-être rendu le dernier soupir.
Saviez-vous que ...
Les travaux d'aménagement de la Place d'Italie furent terminés en 1879 et celle-ci fut considérée comme l'une des plus belles de Paris.
L'image du jour
L'entrée de la manufacture des Gobelins avant sa reconstruction vers 1910
Les quartiers pauvres et populeux de Paris sont négligés ou dédaignés par l'administration, tandis que les quartiers élégants sont « embellis » à grands frais. Cette iniquité, à laquelle personne ne songe, et dont beaucoup de citoyens ont malheureusement à souffrir, a fini par provoquer les plaintes légitimes des habitants du 13e arrondissement, c'est-à-dire du coin abandonné qui comprend la route d'Italie, les Gobelins, la Bièvre et la Butte-aux Cailles. (1869)
La cité Doré, entre le boulevard de l'Hôpital et la rue Jeanne-d'Arc, refuge misérable des biffins les plus pauvres, était jusqu'à présent un coin pittoresque de reportage. C'est maintenant le lieu d’une catastrophe douloureuse qui compte cinq morts, qui aurait pu tuer plus de personnes encore, si, par un malheureux hasard elle s'était produite, une heure plus tôt. (1925)
A la hauteur du numéro 26 du boulevard Kellermann, entre la porte de Bicêtre et la poterne des Peupliers, se trouve l'accès d'une double rampeaboutissant d'une part à la rue du Moulin-de-la-Pointe et d'autre part à la rue Damesme.
II y a un an, les Kroumirs étalent absolument inconnus en France ; aujourd’hui, comme les Cosaques et les Bédouins, ils ont pris place dans le vocabulaire populaire. Kroumir est passé expression de mépris. La cité des Kroumirs n’est donc pas bien vielle, et son aspect n’a rien qui puisse exciter l’envie. (1882)
Hier, vers une heure de l'après-midi, la concierge de l'immeuble, 198, rue de Tolbiac, voyait descendre, échevelée, un revolver à la main, une de ses locataires...
La jalousie et la colère n'ont pas seules le triste privilège de pouvoir être évoquées comme les seuls mobiles de drames sanglants. L'avarice conduit parfois au crime ceux qu'elle hante.
Hier matin, à deux heures, il soufflait un vent violent. Dans sa chambre du premier étage, donnant sur la rue de l'Amiral-Mouchez, numéro 18, Mme Baugrand entendait ses enfants se plaindre du froid qui entrait par de trou d'un carreau brisé...