Rue des Tanneries, dans un couloir, un plombier abat sa
maîtresse puis il se tire une balle dans la tête
Paris-Soir — 20 janvier 1932
Cet après-midi, à 13 h. 30, dans un petit logement, 4, rue des Tanneries,
s'est déroulé un rapide drame de l'amour.
Un homme, M. Désiré Rivière, âgé de 30 ans, marié, ouvrier plombier, demeurant
2 rue de Rungis, a tué sans explication et à bout portant, de trois balles de
revolver dans la poitrine et à la tête, sa maitresse, Mme Mallet, nés Amélie
Tatrocci, 33 ans, mariée, demeurant 59, rue du Couidic. Puis il s'est suicidé.
C’est chez une locataire du rez-de-chaussée que Désiré Rivière
eut une dernière entrevue avec Amélie Mallet. C’est là, après un dramatique
et très court tête-à-tête, que le plombier abattit son ancienne maîtresse
et se suicida sur son corps.
La scène n'a eu aucun témoin. Seuls les coups de feu avertirent les voisins
qu'un drame venait de se dérouler. Quand ils arrivèrent, ils trouvèrent deux
cadavres. Les deux malheureux étaient morts sur le coup.
Une femme fatale
Voici trois ans que Mme Mallet avait fait la connaissance de l'ouvrier plombier.
Dès cette époque elle avait quitté son mari pour vivre avec son nouvel amant
; mais bientôt elle reprit la vie conjugale.
Ce n'était pas la première aventure de cette femme au tempérament fougueux.
Précédemment déjà, elle avait eu une autre aventure qui avait mal tourné ; elle
avait reçu une balle dans le ventre et, pendant de longs mois, était restée
entre la vie et la mort.
Sa liaison avec Désiré Rivière continuait depuis deux ans, bien qu'elle eût
repris la vie commune avec son mari.
Ils avaient loué à eux deux, pour abriter leurs amours, une petite chambre
au premier, dans l'immeuble de la rue des Tanneries. Comme il y a quinze jours,
M. Mallet, marchand de légumes aux Halles, quittait Paris pour deux semaines
et partait pour la province, elle vint habiter avec son amant dans leur petite
garçonnière.
Or, le mari revint plus tôt que les amoureux ne l'espéraient et, hier soir,
il arrivait 4, rue des Tanneries.
L'ouvrier plombier n'était pas là. Il fut prévenu de la présence du mari
de sa maîtresse et M. et Mme Mallet passèrent ainsi la nuit rue des Tanneries.
Cette situation était des plus délicates, et, Mme Mallet, qui savait que
son amant rôdait aux alentours, cherchait vainement à pouvoir l'approcher. C'est
ainsi qu'à 13 h. 30, aujourd'hui, elle dit à son mari :
—Attends-moi une seconde, je descends. J'ai une course à faire dans la rue
et je remonte.
Mme Mallet descendit donc dans l'espoir de pouvoir se concerter avec son
amant. Mais celui-ci, désespéré, s'était réfugié dans une petite pièce du rez-de-chaussée
par une femme, nommée Mme Pache, qui, absente à ce moment-là, avait laissé sa
porte ouverte.
Quand Mme Mallet passa devant la pièce, l'ouvrier plombier tira à bout portant
trois balles dans la direction de sa maîtresse, qui l'atteignirent au sein et
à la tempe. La malheureuse fut tuée net. Puis le plombier se tira une quatrième
balle dans la tête.
Le commissaire de police du quartier de la Salpêtrière, immédiatement, alerté,
se rendit sur les lieux et interrogea Mme Pache, les voisines de Mme Mallet
et la soeur de celle-ci, qui se trouvait aujourd'hui à Gentilly.
Les deux corps sont encore rue des Tanneries. Ils seront transportés sous
peu à l'Institut médico-légal, aux- fins d'autopsie.
M. Mallet, qui malgré l’infidélité de sa femme, l'aimait toujours, pleure
lamentablement devant la dépouille de la malheureuse.
Tout un coin de Paris est en train de se modifier singulièrement. Huysmans ne reconnaîtrait plus sa Bièvre. Non seulement le ruisseau nauséabond est maintenant couvert depuis bien des années, mais le sinistre passage Moret a presque complètement disparu de la topographie parisienne et, au milieu de cette année, les fameux jardins dont la jouissance était réservée aux tisseurs et dessinateurs de la Manufacture des Gobelins, vergers en friche qui, quelquefois, servaient de dépôt d'ordures aux gens du quartier, auront perdu leur aspect de Paradou abandonné. (1937)
Hier soir, à dix heures quarante-cinq, un incendie s'est déclaré dans le grenier à fourrages de M. Brancourt, grainetier, boulevard de la Gare, 187. La cause de ce sinistre n'est pas encore connue.
Paris aura la semaine prochaine un nouveau jardin public, un très beau jardin. Il n’en possédera jamais trop ! Le fait est d’autant plus intéressant que ce nouveau jardin se trouve dans un arrondissement, au reste fort peuplé, le 13e, qui, il y a encore un an, ne possédait pas le moindre square. (1938)
Les habitants de la rue du Dessous-des-Berges, dans le quartier de la Gare, ont été fortement impressionnés hier soir par un drame présentant un côté mystérieux, qui s'est déroulé dans l'immeuble situé au numéro 78. Une mère, Marie Pouquet, âgée de trente-deux ans, est venue s'abattre vers minuit sur le pavé de la cour, elle portait, attaché autour du corps, son enfant âgé de vingt mois.
Hier matin, était inauguré, dans le quartier Croulebarbe, un nouveau jardin public. II s'étend sur 22.500 mètres carrés, derrière la Manufacture des Gobelins et le Garde-Meubles National. C'est à Émile Deslandres que l'on doit cette initiative. Ayant représenté pendant plus de vingt-cinq années ce quartier, au nom du Socialisme, il s’était penché sur les misères et les besoins de la classe ouvrière dont il était lui-même. (1938)
Les transformations de la rue d'AIésia se font, avec une rapidité vertigineuse, dans le prolongement de cette voie, au-delà de rue de la Glacière. Dans cette partie, la nouvelle rue prendra le nom de rue Tolbiac, et sera poussée jusqu'à l'avenue d'Italie. (1877)
L'enquête ouverte par M. Bolot, commissaire de police, sur la tentative d'assassinat dont le maraîcher Duchefdelaville, se prétendait victime s'est poursuivie hier.
La Butte-aux-Cailles, ce n'est plus Paris; ce n'est pas, non plus, la banlieue, encore moins la province : c'est la Butte-aux-Cailles, et voilà tout. (1885)
La place Jeanne-d'Arc a été hier soir le théâtre d'une bagarre qui un instant a mis la police sur les dents. Un nommé Louis Klamber, d'origine alsacienne, âgé de cinquante et un ans, a été assommé par la foule. L’infortuné n'a dû la vie qu'à l'intervention de la police, qui pourtant a craint un instant ne pouvoir l'arracher à ceux qui s'acharnaient sur lui.