Le drame de la rue Barrault
Une mère qui s'asphyxie avec son enfant
Le Radical ― 15 novembre 1893
Au numéro 10 de la rue Barrault, dans un petit logement situé au troisième étage, une jeune femme de vingt-six ans, Mme Louise Breton, née Devrot, a tenté de se tuer avec son enfant, un petit garçon de dix-huit mois.

Les causes de ce drame sont véritablement poignantes.
Mariée depuis deux ans à un ouvrier tanneur, Mme Breton n'apercevait son mari qu'à de rares intervalles.
Celui-ci, client assidu des marchands de vin, dépensait régulièrement-sa paie au cabaret.
Ouvrière cartonnière, la jeune femme avait pu, jusqu'alors, suffire à ses besoins et à ceux de son enfant avec le produit de son travail, mais la maladie vint, il y a quinze jours, lui enlever son gagne-pain.
Hier après-midi l'infortunée, qui de cinq jours n'avait vu son mari, et qui n'avait pas mangé depuis la veille, perdit tout courage. Elle alluma le peu de charbon qui lui restait et se coucha, son enfant dans les bras.
Mais la dose de combustible était insuffisante et le commencement d'asphyxie lui causant d'atroces souffrances, des voisins que ses gémissements avaient attirés la sauvèrent de la mort ainsi que son enfant.
La mère et le fils ont été transportés à l'hôpital de la Pitié, ils sont actuellement hors de danger.
On ne sait ce qu'est devenu Breton, le mari. M. Perruche, commissaire de police du quartier, le recherche.