Incendie au dépôt des omnibus situé près de la place d'Italie
Le Siècle — 28 août 1866
Le dépôt de la Compagnie générale des omnibus était situé très exactement 13 rue Tiers.
Avant-hier, vers les onze heures et demie du soir, au moment où les dernières voitures rentraient au dépôt des omnibus situé près de la place d'Italie, derrière la mairie du treizième arrondissement, un immense jet de flammes jaillit tout à coup avec des pétillements sinistres de la toiture d'un des bâtiments qui sont au-dessus des écuries ; le feu était dans les greniers à fourrages.
Avisant au plus pressé conducteurs, cochers, employés divers présents dans l'établissement se précipitent aussitôt vers les écuries où étaient les 250 chevaux du dépôt ; les longes sont coupées au plus vite, on se hâte de chasser dehors tous ces animaux, et il y eut un moment de confusion indescriptible quand toutes ces magnifiques bêtes, étonnées par cette manœuvre insolite et effrayées par le feu, se précipitèrent dehors sautant pardessus les timons des voitures, se culbutant, ruant et courant enfin en cavalcades échevelées dans toutes les directions.
Cependant, l'alarme avait été donnée dans tout le quartier : les uns avaient couru aux divers postes de pompiers tandis que d'autres s'empressaient à faire sortir les voitures qui encombraient la cour et les conduisaient sur la place d'Italie.
Dès que les pompiers furent arrivés sut le lieu du sinistre, les planchers des greniers commençant à s'effondrer dans les écuries, qui heureusement étaient abandonnées, on fit une coupure dans les bâtiments, et le feu, d'abord circonscrit, put être enfin dominé sur les trois heures du matin.
Tous les habitants du voisinage, les employés de la compagnie, les pompiers et des soldats venus de divers postes, ont déployé la plus grande activité pour combattre le fléau et opérer le sauvetage du matériel.
Quant aux chevaux partis les uns d'un côté, les autres d'un autre, ils ont pour la plupart été rattrapés dans la nuit, à Montrouge, à la barrière du Trône et jusque dans l'intérieur de Paris ; 200 à peu près avaient déjà été ramenés au dépôt hier au matin.
Pour les cinquante autres, nul doute qu'ils se soient de même reconduits plus tard, à l'administration.
Par suite de l'impossibilité où l'on se trouvait de faire travailler des animaux qui avaient erré toute la nuit, la ligne P, où d'ordinaire le service est fait par 14 voitures, n'en a eu que 7 hier, dimanche, toute la journée, au grand désappointement des voyageurs.