La guerre de Troie.
L’Écho de Paris — 5 octobre 1897
La belle Hélène a allumé la guerre de Troie : Émilie Charvoit, vingt-cinq ans, dite « Petit Rata », a été la cause initiale d'une véritable bataille rangée qui a eu lieu hier à minuit, passage Débille, entre la rue Nationale et la rue du Château-des-Rentiers.
Petit Rata, professionnelle galante d'Ivry, avait été enlevée, il y a un mois, par un « gars » des Deux-Moulins.
Les « gars » d'Ivry, n'ayant pas digéré l'affront, avaient lancé un défi aux « gars » du quartier de la gare et la rencontre avait été décidée.
Hier, à minuit, les deux camps ennemis se rencontraient passage Debille et le combat, acharné de part et d'autre, commençait.
Le revolver avait, d'un commun accord été proscrit ; seul le couteau était accordé.
Malgré ces conventions, quelques minutes après l'engagement, une quinzaine de coups de revolver éclataient, et le champ de bataille se garnissait de blessés.
Les détonations furent entendues du poste de police de la rue du Château-des-Rentiers et une quinzaine d'agents firent irruption passage Debille.
Les combattants s'enfuirent à la vue des agents qui ne purent arrêter que six des belligérants.
On ramassa seulement deux blessés ; les autres avaient été emportés par leurs camarades.
Les deux blessés, transportes à l'hôpital Cochin, sont : Eugène Williams, vingt et un ans, atteint d'un coup de revolver derrière la tête, gravement blessé ;
Et Firmin Dutard, dit Moutarde, dix-neuf ans, qui a reçu un joli coup de couteau à la cuisse, blessure peu grave.
Les individus arrêtés sont : Lucien Péchaud, dit Galère d'Ivry, dix-neuf ans ; Louis Jussang, dit L'Araignée, vingt-quatre ans, de Paris ; Paul Mastot, dit Bouf-Bouf, vingt-cinq ans, de Paris ; Jules Declos, dit Béni, seize ans, de Paris.
La belle Hélène, alias Émilie Charvoit, dite « Petit Rata », qui présidait au combat, a été, ainsi que ses défenseurs, envoyée au Dépôt par M. Yendt, commissaire de police.
