Faits divers

 Sauvés des ténèbres - 1863

Sauvés des ténèbres

Le Siècle — 20 mars 1863

Les romanciers ont souvent effrayé notre imagination en nous racontant les terribles angoisses d'un homme égaré dans les catacombes, errant dans ces immenses solitudes, sans guide, sans lumière, en proie aux horreurs de la faim. Les optimistes n'ont vu dans ces récits émouvants que des scènes à effet qui pouvaient bien avoir lieu autrefois, mais qui aujourd'hui, grâce à la sollicitude de l'administration, ne doivent pas se renouveler.

Plusieurs accidents de ce genre, enregistrés par les journaux, sont malheureusement venus nous démontrer que, malgré toutes les mesures prises par les autorités, il restait encore beaucoup à faire. Ces réflexions nous ont été suggérées par un fait récent qu'on vient de nous communiquer.

Mardi dernier, vers huit heures et demie du matin, le nommé Dumoutier, cocher des omnibus du chemin de fer d'Orléans, se rendait à son service, lorsque, arrivé sur le boulevard de l'Hôpital, près du marché aux chevaux, il aperçut à ses pieds un objet brillant.

Croyant à quelque heureuse trouvaille, il s'approcha et reconnut que cet objet n'était autre que la lame d'un couteau passée à travers les barres d'une de ces trappes ou plaques en fer placées çà et là dans les environs de Paris, et servant à jeter un peu de lumière dans certains carrefours des catacombes.

En se baissant, il entend un peu de bruit et distingue la voix affaiblie d'un homme appelant au secours.

Aussitôt il se précipite chez un marchand de vin du voisinage, et revient accompagné du marchand de vin et d'un ouvrier avec lesquels, à l'aide d'une pince en fer, il soulève la trappe en un instant.

Alors un spectacle émouvant s'offre aux regards de ces trois personnes. Une sorte de puits, dont le fonds se perdait dans l'obscurité, était béant devant eux, et à l'ouverture se tenait cramponné, les mains ensanglantées, la figure bouleversée par la terreur, l'homme qui avait appelé au secours. On le saisit par les bras, on l'enlève ; mais à peine en sûreté, et avant même de remercier ses libérateurs, le malheureux se penche sur le gouffre comme pour y chercher quelque chose.

Avec cet instinct merveilleux qui, en de semblables circonstances, distingue la population parisienne, on devine qu'un autre homme à délivrer doit être là, à une profondeur que les ténèbres ne permettent pas d'apprécier. On apporte des cordes qu’on jette dans le soupirail, et bientôt on en retire un malheureux, plus affaibli encore que le premier.

Après s'être un peu remis, ils racontèrent qu'ils étaient ouvriers carriers. Entrés lundi, vers midi dans les catacombes par la rue du Château-des-Rentiers, au Petit-Ivry, près de la barrière des Deux-Moulins, pour y exécuter quelques travaux, leur lampe s'éteignit, et ils s’aperçurent avec effroi qu'ils n'avaient pas d'allumettes.

Détail d'une planche de l'Atlas souterrain de la ville de Paris exécuté
suivant les ordres de M. le Baron G. E. Haussmann (Edition 1859)
Un trou de service est effectivement porté sur ce plan sur le boulevard de l'Hôpital à la hauteur du marché aux chevaux

Ils avaient essayé de revenir sur leurs pas, mais, s'égarant de plus en plus dans les méandres de ce dédale sans fin, ils avaient erré ainsi au hasard et sans nourriture jusqu'à sept heures et demie du matin.

Alors ils avaient aperçu un peu de jour filtrant à travers l'une de ces trappes dont nous avons parlé. Cette trappe était placée à environ soixante-dix pieds de hauteur.

Celui des deux ouvriers qui avait conservé le plus de sang-froid et de vigueur se cramponna des pieds et des mains aux parois des murs, en grattant avec son couteau les joints des pierres pour y introduire les ongles. — Après des efforts inouïs de courage, il était parvenu jusqu'au sommet, pendant que son camarade, plus affaibli et incapable de le suivre, s'affaissait sur le sol.

Arrivé là, le malheureux avait d'abord cherché, mais inutilement à soulever la trappe à l’aide de son couteau ; puis il en avait énergiquement maintenu la lame en l’air au niveau du pavé, espérant qu'en tournant l'instrument entre ses doigts il attirerait par ce moyen les regards de quelque passant.

C'est grâce à ce signal, en effet, qu'il a été permis de les secourir, de les sauver tous deux.

Ajoutons qu'après avoir apporté dans cette délivrance le plus grand zèle, avoir même ex posé sa vie, le cocher Dumoutier ne voulait même pas donner son nom aux personnes que son dévouement avait profondément touchées.

Le titre a été ajouté. (NdE)

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En 1882, l'ouverture de la rue de Tolbiac entre le carrefour des avenues de Choisy et d'Ivry et le carrefour de la rue Domrémy était achevée.

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Le 1er mars 1932, un incendie ravageait la manufacture de chaussures, Grégoire, fondée en 1864 et qui s'étendait, 8 et 10, boulevard Kellermann, sur une superficie d'environ 5.000 mètres carrés, dont les trois quarts occupés par les ateliers et les bureaux, le reste étant formé de hangars.
Selon l’Humanité, le veilleur de nuit, M. Létrangleur, ne remarqua rien lors de sa ronde, à 18h20, après la sortie des ouvriers mais à 19 heures tout brulait. L’usine fut quasiment anéantie et 300 ouvriers furent au chômage mais l’usine renaitra de ses cendres.

L'image du jour

Boulevard Arago vers le carrefour des Gobelins

La création du boulevard Arago fut décidé dans les années 1850 comme moyen de développement du 12e arrondissement d'alors et comme une branche du grand boulevard Saint-Marcel reliant les chemins de fer de Lyon et d'Orléans avec le chemin de fer de l'Ouest et toute la partie sud-ouest de Paris. Ce devait être une voie de 40 mètres de largeur bordée d'une double rangée de plantation traversant "un désert d'immenses terrains vagues qui s'animera et se peuplera très promptement".
Le nom de la voie initialement retenu était Boulevard de la Santé.  ♦