Les escroqueries d'une jolie fille
Le Journal — 18 novembre 1897
Le commissaire de police du quartier de la Maison-Blanche vient d'arrêter une fort jolie fille de vingt ans, Olda Régier, qui, en moins d'un an, a commis des vols pour une trentaine de mille francs, en usant de moyens assez curieux.
Née et élevée à Auxerre, elle se rendait à Paris chez des gens qui avaient connu autrefois sa famille; elle racontait qu'elle venait chercher une place à Paris, se faisait héberger un ou deux jours et disparaissait en emportant ce qu'elle avait pu trouver.
Plusieurs fois dénoncée à la police, elle sut longtemps se dérober aux recherches dont elle était l'objet. C'est son joli minois qui a causé sa perte.
Il y a huit jours, elle réussissait à se faire admettre comme caissière chez un commerçant de l'avenue d'Italie qui avait connu M. Régier père à Auxerre. Ce commerçant M. Lucien R... devint éperdument amoureux de la jolie fille qui profita de cette faiblesse pour puiser à pleines mains dans la caisse. Mais Mme R... s'était aperçue de l'amour de son mari. Elle guetta les amoureux et surprit, hier soir, M. R... embrassant tendrement Olda. Prise de fureur, elle frappa la jeune fille et fit une telle scène que des agents intervinrent et les emmenèrent au commissariat, où la voleuse a été reconnue et arrêtée.
LE QUART-D'ŒIL.
