Faits divers

 Crime avorté – 1905

Crime avorté

Le Journal — 18  novembre 1905

Boulevard Masséna. — Coquin de neveu. — Il était grand temps !

Mme Dupuis, veuve de cinquante-huit ans, qui habite une maison isolée, au numéro 10 du Boulevard Masséna, voulait depuis longtemps se débarrasser de son amant, un neveu de souche très éloignée, avec qui, durant dix-huit ans, elle mena la vie quasi conjugale.

Celui-ci, Aristide Réty, aujourd'hui âgé de quarante-trois ans, exerçant la profession de garçon boucher, ne l'entendit point de cette oreille.

Déjà, au mois d'octobre, Mme Dupuis avait congédié son coquin de neveu, à la suite d'une discussion ; mais, par pitié, elle lui laissait entrevoir la possibilité d'une rente annuelle de 400 francs, à la condition qu'Aristide Réty retournerait dans son pays natal, Romorantin.

Réty était plus exigeant. Il demanda que la rente fut portée de 400 à 2,000 francs, puis, comme la veuve se récriait, il tenta de l'étrangler…

L'arrivée des voisins mit fin à cette première tentative. Le bandit prit la fuite, et l'on crut alors qu'il s'était réfugié à Romorantin. En réalité, il se cachait dans un garni de l'avenue d'Italie et préparait froidement une nouvelle expédition chez son ancienne maîtresse…

Hier matin, en effet, comme celle-ci était encore au lit, il escalada le mur du jardin, pénétra jusque dans la chambre de Mme Dupuis, puis, bondissant sur la malheureuse, deux genoux sur sa poitrine, deux poings sur la gorge, après avoir frappé la rentière à la tête avec un instrument contondant :

— Tu vois, hurlait-il, fou de rage, je me venge ; cette fois, tu ne m'échapperas pas ! Tu vas me coucher illico sur ton testament ou je te tue comme un chien…

Mme Dupuis, inondée de sang, plus morte que vive, jeta les hauts cris.

Une bonne, que Réty croyait absente, vint au secours de la rentière sur le point de succomber, et l'assassin prit la fuite, en sautant d'une fenêtre du premier étage dans la rue…

On ne sait ce qu'il est devenu, et le service de la Sûreté, informé par M. Rocher, commissaire de police du quartier de la Gare, a lancé ses meilleurs limiers à la recherche du bandit.

L'état de Mme Dupuis, bien que grave, n'inspire pas d'inquiétudes immédiates.


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Saviez-vous que... ?

Le 19 juillet 1927, le nom de rue de Gentilly fut donné à la rue du Gaz. Le nom de rue de Gentilly avait été, jusqu'en 1899, celui de la rue Abel-Hovelacque d'aujourd'hui. Cette nouvelle rue de Gentilly perdit ensuite son nom au profit de Charles Moureu et d'Albert Bayet.

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La galerie de la manufacture nationale des Gobelins située sur l'avenue du même nom est l'oeuvre de l'architecte Jean Camille Formigé (1845-1926).

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La ruelle des Reculettes reliait le 49 de la rue Croulebarbe au 28 de la rue Abel-Hovelacque, ancienne rue de Gentilly. Sa largeur variait de 2 à 7 mètres. Elle était éclairée par des quinquets. Sa suppression fut décidée en 1910 mais celle-ci ne fut totalement effective que dans les années trente...

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C’est en 1864 que les rue et place de l’Église de la partie de la commune d’Ivry rattachée à Paris pour constituer le quartier de la Gare reçurent le nom de rue et place Jeanne d’Arc. Les noms de Lahire, Xaintrailles et Dunois furent dans le même temps donnés à d’autres voies du quartier.

L'image du jour

rue Nationale - Quartier de la Gare (image colorisée)

La rue Nationale était l'axe majeur du quartier de la Gare. La rue Jeanne d'Arc n'était pas encore transversante et était dédiée à l'industrie. La rue Nationale rassemblait commerces et services. Elle était le centre de l'animation d'une vraie vie de quartier populaire qui fut voué à la destruction par son classement en « ilôt insalubre ».  ♦