La fin d'un ivrogne.
Le Matin — 4 novembre 1889
Le sieur Laurent Béchu, journalier, demeurant rue du Moulinet dans le quartier de la Maison-Blanche, était loin d'être un modèle de sobriété. Avant-hier soir, comme les soirs précédents, d'ailleurs, il rentrait à son domicile complètement ivre.
Après avoir allumé une bougie pour éclairer sa marche, il lui avait été complètement impossible de gagner sa chambre, et il s'était laissé choir dans sa cuisine sur un tas de copeaux et de sacs de charbon. La bougie était elle-même tombée à terre et avait enflammé les copeaux.
Ce n'est que le lendemain matin, en passant devant le logement de Béchu, que le propriétaire vit de la fumée s'échappant sous la porte ; il sentit en même temps une odeur de chair grillée qui ne laissa pas que de l'inquiéter.
Avec l'aide d'un serrurier, il pénétra chez son locataire qu'il trouva étendu sur son lit de charbons encore fumants et presque totalement carbonisé. Le commissaire de police, qui a procédé aux constatations, a découvert également que Béchu se livrait à la fabrication des allumettes de contrebande.