En plein jour des gangsters en auto dévalisent une bijouterie parisienne
Excelsior — 14 avril 1938
Après quelques semaines de répit, les gangsters de Paris viennent de se signaler à nouveau par un attentat particulièrement audacieux contre une bijouterie du treizième arrondissement.
Hier après-midi, à 15 heures, une automobile — immatriculée 5723 - RL — occupée par plusieurs individus, s'arrêta brusquement devant le numéro 35 de l'avenue des Gobelins, à l'angle de la rue de la Reine-Blanche. Tout le rez-de-chaussée de l'immeuble situé à cette adresse est occupé par les vitrines de la bijouterie « À la Reine Blanche », dont la vitrine centrale, disposée de biais à l'angle exact des deux rues, est la plus fournie en bijoux de valeur.

C'est vers cet éventaire, uniquement protégé par une glace, que les occupants de la 5723 - RL se précipitèrent — à l'exception du conducteur demeuré crispé au volant — portant un cric de voiture qu'ils lancèrent à toute volée dans la vitrine, sans doute soigneusement « repérée » auparavant. Et en un clin d'œil, par le large trou étoilé creusé dans la glace, trois ou quatre paires de bras se glissèrent et glanèrent bagues, montres, pendentifs et chaînes d'or. Comment les bandits — quatre opérèrent, croit-on — réussirent-ils à s'emparer en une seconde ou deux de tout le contenu de l'éventaire et eurent le temps de regagner leur voiture sans que les passants, assez nombreux à cette heure, avenue des Gobelins, et le personnel de la bijouterie fussent revenus de leur surprise ? C'est là la meilleure preuve de l'audace et de la rapidité de ce coup de main.
C'est à peine si un témoin de l'attentat pu relever le numéro de l'auto qui s'éloignait à toute allure, Cette auto était naturellement une voiture volée le matin même par les bandits à un industriel qui a été entendu.
Le propriétaire de la bijouterie étant absent, ce n'est que ce matin qu'il pourra donner aux enquêteurs — qui ont relevé quelques empreintes — le détail exact du butin réalisé, qui se chiffre aux environs de 150.000 francs.
C'est dans les milieux de recéleurs que la police judiciaire va s'orienter.