Terrible incendie rue du Pot-au-Lait.
Le Soleil — 19 mars 1895
Un terrible sinistre s’est produit, hier lundi matin, rue du Pot-au-Lait, à l'angle de la rue Robine, dans l’usine de M. Fauvel, fabricant de bûches résineuses. M. Fauvel mettait ses appareils en marche, hier à quatre heures du matin, lorsque une des chaudières de résine sauta, couvrant le propriétaire de l’usine de matière brûlante et mettant le feu à plusieurs centaines de kilogrammes de bûchettes préparées, puis aux ateliers mêmes.
M. Fauvel réussit à sortir du bâtiment en rampant, tandis que les flammes formaient au-dessus de lui une voûte de feu. Il parvint à gagner sa maison d’habitation, afin de prévenir sa femme ; mais, arrivé dans le corridor, il tomba évanoui. Pendant ce temps, le feu, gagnant de proche en proche, atteignait la maison d'habitation-elle-même. Les locataires de M. Fauvel, une famille de cinq personnes, réveillés, par la fumée, durent s’enfuir par la fenêtre. Le père, M. Kneepkens, avec l’appui de son fils aîné, descendit Mme Kneepkens et ses deux plus jeunes enfants à l’aide de draps. Le fils aîné de Kneepkens courut ensuite à l'avertisseur d'incendie, dont il brisa la glace, pour prévenir les pompiers qui accoururent de la rue Jeanne-d'Arc, du boulevard de Port-Royal, de la caserne du Lion de Belfort et de la rue de Poissy. Quatre pompes furent mises en batterie et les sapeurs procédèrent au sauvetage de M. et Mme Fauvel, tous deux évanouis au rez-de chaussée de leur maison. Il ne fallut pas moins de quatre heures d’un travail acharné pour maîtriser le fléau.
M et Mme Fauvel ont été transportés à l’hôpital Cochin. Leur état n’est pas désespéré.
Deux pompiers, tombés de voiture, ont été légèrement contusionnés.
Sur la rue du Pot-au-Lait
La rue du Pot-au-Lait, selon la légende, tire son nom d'une enseigne représentant Perette et le Pot-au-Lait. Rien ne vient étayer cette affirmation. La rue allait initialement de la route militaire pas encore boulevard Kellermann à la jonction des rues de la Glacière et de la Santé. La création du chemin de fer de ceinture amena sa prolongation jusqu'à la rue des Peupliers. A partir de sa rencontre avec la rue de la Fontaine-à-Mulard, elle longeait un bras de la Bièvre et les prés submersibles qui constituaient les étangs de la Glacière. Après 1898, devenue rue Brillat-Savarin depuis 1895, son parcours a été rectifié et son niveau relevé de plusieurs mètres. Elle se termine désormais à la jonction des rues Henri Becque, Boussingault et Wurtz et offre une longueur totale de 1080 mètres.
Faits-divers
- Sur les bords de la Bièvre - 1874
- Au cabaret d la mère l'Hercule - 1873
- Attaqué par quatre chevaux - 1873
- Descente de police rue du Pot-au-Lait - 1874
- Ça porte bonheur - 1887
- Terrible incendie rue du Pot-au-Lait - Le Soleil — 19 mars 1895
- L’incendie de la rue du Pot-au-Lait - La Patrie — 19 mars 1895
Dans la littérature
