Littérature

 Les mémoires de Rossignol - 1894

Les mémoires de Rossignol

Avant propos

Jusqu'à présent, ce sont les grands premiers rôles qui ont écrit leurs Mémoires. Est-il besoin de rappeler les ouvrages de Canler, ceux de M. Claude, les livres de M. Macé ? Cette fois, un agent, qui est sorti du rang, qui a débuté par le plus modeste emploi, racontera ce qu'il a vu, ce qu'il a entendu.

Son récit n'aura de valeur que les détails vécus, par les péripéties dramatiques exigées dans le métier de ceux qui agissent et inventent, mais ne commandent pas.

Le lecteur excusera la forme un peu décousue des lignes qui vont suivre. L'auteur est un ancien enfant de troupe, sans grande, instruction première, mais qui a beaucoup lu, beaucoup observé, un peu écrit, et qui tâchera de ne pas s'en tirer trop mal. Au besoin, je me ferai aider. Je ne suis pas un écrivain, je suis un homme d'action. Les nombreux témoignages de sympathie, les nombreuses marques d'estime que j'ai reçus au cours de ma carrière d'agent voué à la découverte et à l'arrestation des pires criminels, me suivront-ils dans mon écriture ? Je le souhaite. En tous cas, ici encore, je mettrai toute ma franchise et toute ma loyauté.

Mais, je le répète, il faut qu'on m'excuse au cas où la littérature serait atteinte dans sa dignité. Je parlerai comme ça viendra. Je dirai quelque fois des mots un peu durs. Je ne sais pas « camoufler » les phrases.

J'en suis, du reste, tout étonné, d'écrire ces mémoires. Au moment où j'ai pris ma retraite, je n'aspirais qu'au repos et à la vie champêtre. Un journaliste est venu causer avec moi. Je crois que c'est lui qui m'a « travaillé », comme jadis, je « travaillais » les escarpes dans mon bureau de la Préfecture ou dans les arrière-boutiques de mastroquets. J'ai cédé : j'écris mon dernier rapport.


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À la fin de l'année 1873, en même temps qu’un ami qui, depuis, s'est enrichi dans le commerce de gros, j'achetai une feuille de papier timbré et fis une demande d'emploi à la Préfecture de police. Depuis ma libération du service militaire, qui avait eu lieu au mois d'avril précédent, j'avais travaillé comme manœuvre au chemin de fer de Lyon, poussant des wagons toute la journée et gagnant un salaire d'une maigreur désespérante ; puis, chez un fabricant de pendules anciennes de la rue Amelot qui m'employait à faire les courses ou bien à polir des cuivres et de l'écaillé.

Pour un sergent-major, plusieurs fois médaillé et pourvu d'une superbe cursive, la position n'était pas mirifique, et je grillais d'envie d'entrer dans l'administration.

Je fus appelé à subir la visite réglementaire un beau matin de décembre. Dans une grande salle de la caserne de la Cité, nous étions là une vingtaine de gaillards de tous les genres et de toutes les formes, auxquels un vieux brigadier de gardiens de la paix enjoignit de se déshabiller. Je fis comme les autres et fus mis, après une heure de nudité, en présence du docteur N…

— Tiens, vous êtes râblé, vous, me dit-il. Qu'est-ce que vous faites ?

—Je suis employé de commerce, mais j'ai été enfant de troupe, puis zouave...

— Ah zouave… En Algérie ?

— Dame ! Et pendant une insurrection, encore ! Je me suis battu plus d'une fois avec les Arbicos et même avec les Chacals.

— Vous avez été libéré comme sous-officier, hein ? Je n'aime pas à recevoir les sous-officiers. Ils trouvent toujours des places à Paris. Il est bien inutile que nous les prenions à la Préfecture. Mais, enfin, je le voudrais, que je ne pourrais, pas vous refuser. Vous avez une belle santé !

— Merci, monsieur le docteur…

Je n'avais plus qu'à attendre ma nomination.

Quinze mois après, je reçus l'avis de me présenter au service de la Sûreté. Un de mes futurs collègues me prévint que M. Jacob – le successeur de M. Claude – allait me recevoir.

[...]

Le Figaro — 14 septembre 1894

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Le 13e en littérature

La poterne des Peupliers

La vague rouge

par
J. H. Rosny Ainé

Un homme s'arrêta sur la route, près de Gentilly. Il considéra le paysage misérable et puissant, les fumées vénéneuses, l'occident frais et jeune comme aux temps de la Gaule celtique.
Si l'auteur nomme une poterne des Tilleuils, c'est bien de la poterne des Peupliers dont s'agit.

(1910)

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Rue des Peupliers

Perdues dans Paris

par
Jules Mary

Un des coins de Paris, misérable et sinistre. La longée des fortifications plantées d'arbres en double ou triple rangée, le côtoie pourtant de verdures plaisantes durant la belle saison, mais, en réalité, sépare pour ainsi dire cette région parisienne du reste du monde. Du haut de la rue des Peupliers...

(1908)

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Quartier Croulebarbe

Les esclaves de Paris

par
Émile Gaboriau

C'est là un quartier étrange, inconnu, à peine soupçonné de la part des Parisiens...
Où Emile Gaboriau fait découvrir le quartier Croulebarbe à ses lecteurs.

(1868)

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La Cité Jeanne-d'Arc

Un gosse

par
Auguste Brepson

La cité Jeanne-d'Arc est ce vaste ensemble de bâtiments noirs, sordides et lugubres percés comme une caserne de mille fenêtres et dont les hautes façades s’allongent rue Jeanne-d'Arc, devant la raffinerie Say.

(1928)

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Butte-aux-Cailles

La vague rouge

par
J. H. Rosny Ainé

L'homme suivit d'abord la rue de Tolbiac, puis s'engagea par ces voies ténébreuses, bordées de planches, de lattes et de pieux, qui montent vers la Butte-aux-Cailles. Les oiseaux des réverbères dansaient dans leurs cages de verre. On apercevait des terrains fauves, des chaînes de bosselures, des rampes de lueurs, des phares dans un trou du ciel, et, du côté de la Butte, un nuage de feu pâle évaporé sur Paris...

(1910)

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Le quartier de la Gare

Monsieur Lecoq

par
Émile Gaboriau

Le 20 février 18.., un dimanche, qui se trouvait être le dimanche gras, sur les onze heures du soir, une ronde d’agents du service de la sûreté sortait du poste de police de l’ancienne barrière d’Italie.
La mission de cette ronde était d’explorer ce vaste quartier qui s’étend de la route de Fontainebleau à la Seine, depuis les boulevards extérieurs jusqu’aux fortifications.
Ces parages déserts avaient alors la fâcheuse réputation qu’ont aujourd’hui les carrières d’Amérique.

(1869)

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Butte-aux-Cailles

Le trésor caché

par
Charles Derennes

Depuis toujours on habitait, mon père et moi, sur la Butte-aux-Cailles ; encore aujourd'hui, ce quartier-là n'est guère pareil à tous les autres. Mais si vous l'aviez vu du temps que je vous parle ! Des cahutes s'accrochaient à la butte comme des boutons au nez d'un galeux ; ça grouillait de gosses et de chiens, de poux et de puces...

(1907)

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Saviez-vous que... ?

En 1897, il y avait un magasin de porcelaine au 196 de l'avenue de Choisy dans laquelle le cheval du fiacre n°7119 entra le 26 mars…

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L'église Notre-Dame de la Gare, terminée en 1864 par M. Claude Naissant; est un monument assez élégant, construit dans le style de transition du douzième au treizième siècle, mais dont l'intérieur n'offrait, au moins en 1890, rien de curieux.

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En 1929, le 13e comptait 11 cinémas : Le Bobillot, le Cinéma des Bosquets, le Clisson-Palace, l'Éden des Gobelins, le Cinéma des Familles, le Jeanne d'Arc, le cinéma Moderne, le Palais des Gobelins, le Royal-Cinéma, le Sainte-Anne et le Saint-Marcel.

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Dans l’après-midi du 5 octobre 1883, des agents arrêtaient un individu qui s’apprêtait à prendre un bain dans le bassin de la place d’Italie.
Cet homme prétendait être un diplomate en mission spéciale : « Je suis envoyé par M. Carnot, a-t-il dit, près de l’amiral Avelane, afin de le prémunir contre les dangers qui le menacent et moi aussi. » En même temps, il montrait ses lettres de créances, consistant en un billet de sortie de l’hôpital Sainte-Anne.
Il est vraisemblable qu’il y soit retourné aussitôt.

L'image du jour

Rue de la Fontaine-à-Mulard