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UNE ÉVOCATION DU
13E ARRONDISSEMENT DE 1860 AUX ANNÉES 30
Samedi 25 mars 2023
Le 13e dans la littérature
Littérature
Les mémoires de Rossignol
En 1877, je commençais, comme l'on dit, à me faire la main. Je devenais débrouillard et les chefs de la police m'avaient remarqué.
Je comptais toujours parmi les agents désignés pour une expédition difficile. On me choisissait surtout pour les tournées de nuit, dans les quartiers excentriques, mais le récit de ces tournées ne viendrait pas en son temps aujourd'hui, car — il ne faut pas l'oublier — je n'étais qu'un simple agent, à cette époque, et je ne pouvais avoir d'initiative que dans un tout petit cadre. Plus tard, je fus à la tête de nombreuses affaires et je raconterai certainement plusieurs visites aux bouges de la capitale. On appréciait mon agilité. Je ne suis pas grand et, je crois l'avoir déjà dit, je suis assez bien, découplé, assez habile aux exercices du corps. Je n'avais point mon pareil, disait-on, pour annihiler les forces d’un individu récalcitrant : je l'enlevais de terre, le faisais basculer sur mon dos, la tête en basset, comme un fort de la halle porte un sac de blé, je menais au poste mon délinquant très étonné.
On préfère avec raison à la Sûreté, les hommes petits aux hommes grands. Ils se dissimulent beaucoup plus facilement et leur taille les fait pour ainsi dire oublier. Je me rappellerai toujours un agent de mon service nommé Saindo. Ah ! qu'il était petit ! 1 mètre 52, tout au plus. Et dégourdi ! Un jour, comme il se trouvait dans le quartier des Halles, deux individus lui offrirent d'acheter une montre à un prix dérisoire.
Mon Saindo, examinant la montre, réfléchissait au moyen de pincer les deux gaillards. Ils étaient deux, ils étaient grands ; il était seul, il était tout petit.
Il imagina de fourrer la montré dans sa poche et de se sauver à toutes Jambes dans la direction de la rue des Prouvaires, où se trouvait un poste. Ce qu'il pensa arriva. Les deux voleurs volés cherchèrent à le rattraper mais, près du poste, à. proximité du gardien de planton, l'agent de la Sûreté s'arrêta court, entama une lutte, fut bientôt rejoint et défendu, ses « clients » furent mis au violon.
Comme dans toutes les administrations, à la Sûreté se trouvent des jaloux. Mes premières affaires inquiétèrent les camarades. On me qualifia d'ambitieux. Comme si l'ambition était un crime ! Certes, je n'avais guère l'envie de moisir dans les bas emplois et de gagner cent francs par mois durant toute ma vie. Un jour, en tournée, près du pont d'Austerlitz avec un inspecteur principal et un brigadier, j'entrai au bal Émile, dont, il y a deux ou trois ans, l'existence fut rappelée avec scandale. Serait-il convenable que je donnasse des renseignements détaillés sur le tenancier de ce bal, que j'ai beaucoup connu, sur sa femme, la célèbre mère Émile, sur sa fille, que souvent je vis jouer, l'après-midi, sur le plancher où, le soir, gambadaient les filles ?
Inutile, je pense, car tout au long l'histoire fut dite, par les journaux, et il est inutile de raviver de tristes propos. À ce bal, pour amuser mes deux chefs, je me mis à faire le clodoche, et j'obtins un vrai succès. On en parla dans les bureaux.
— Emmenons-le à l'Opéra, proposa le chef.
Et, depuis, je fus-toujours parmi les agents désignés pour la surveillance des bals de l'Opéra. Le public pourrait se figurer que, dans cette cohue de travestis, au milieu de cette atmosphère surchauffée, en ce lieu de plaisir à outrance, où chacun ne pense qu'à s'amuser, qu'à se frôler, qu’à se prendre par la taille, les vols sont fréquents.
Ce serait une erreur. Les pickpockets n'opèrent que très rarement au bal de l'Opéra. Voilà une déclaration qui vaut son prix et qui me fera, j'espère, avoir, mes entrées, bien que je ne pense guère à quitter ma rivière et mon bateau pour aller me mêler à la foule des galants habits hoirs, des toilettes claires, des pierrots, des bergères...
II est donc très rare qu'une plainte en vol soit déposée chez le commissaire de service. Cependant, il n'y a pas très longtemps, une jeune dame, Mme S.N., fit demander un agent de la sûreté. On lui avait volé, disait-elle, au bal de l'Opéra, une broche d'une valeur de quarante-cinq mille francs.
Quelle était donc cette dame ? Quelle était son influence auprès des pouvoirs publics ? Je ne sais, mais ce fut un grand remue-ménage dans nos bureaux. Au lieu d'un simple agent, on désigna le brigadier Rossignol.
On me donna l'adresse. Je partis près de l'avenue de Villiers et sonnai bientôt a la porte du petit hôtel, luxueux et confortable, qu'habitait la plaignante.
Je trouvai Mme N... en compagnie d'un financier, célèbre alors par ses relations politiques, et, aujourd'hui, par l'extrême habileté avec laquelle, à travers l'Europe, il dépiste mes anciens collègues. Je fus bien vite fixé. II fallait se « dégrouiller », car je me trouvais au milieu d'importants personnages. Le financier voulut, pour mes recherches, me signer un chèque de deux cents francs. Je n'acceptai point. Je fis bien de refuser, car, depuis, on n'aurait pas manqué de m'accuser d'avoir touché au Panama.
Je n'eus pas à me donner beaucoup de peine, car le lendemain même un commissaire de police avertissait la Sûreté qu'un jeune homme arrêté en flagrant délit de vol à l'étalage était porteur d'un superbe bijou. J'allai chercher cet individu, qui raconta, qu'il avait trouvé la broche en ramassant des confettis à la sortie du bal de l'Opéra.
Mme N…, immédiatement prévenue enchantée de rentrer eu possession de son bijou, remit cinquante francs au voleur, que, nous gardâmes naturellement.
Le 13e en littérature
Rue du Banquier
par
Paul Féval
Le fiacre tournait court l'angle de la rue du Banquier.
Cela s'appelle une rue, mais c'est en réalité une manière de chemin pratiqué entre des murs de jardins. Il n'y a pas une âme en plein jour.
(1856)
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Barrière des Deux-Moulins
par
Turpin de Sansay
En suivant les rues Saint-Victor, du Marché-aux-Chevaux et de Campo-Formio, on arrivait à la barrière des Deux-Moulins, située de l'autre côté du boulevard extérieur.
(1861)
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Barrière des Deux-Moulins
par
Jean Loyseau
Allez un dimanche, ou , même , un lundi soir , du côté de l'ancienne barrière des Deux-Moulins : regardez, respirez et écoutez, si vous en êtes capables , tout ce qui frappe à la porte de vos cinq sens : votre odorat percevra je ne sais quelle odeur nauséabonde et méphitique, dans laquelle se mêlent indistinctement la fumée de tabac ; les exhalaisons du cabaret, qui forment , à elles seules, tout un arsenal d'infection...
(1862)
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La Butte aux-Cailles
par
Jules Lermina
Il est sur la rive gauche de la Seine, au-delà de la rue Mouffetard et de la Montagne-Sainte-Geneviève, un lieu étrange, sauvage...
(1877)
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En remontant le boulevard de l'Hôpital
par
Eugène Bonhoure
Ce jour-là, 3 octobre 1886, le train express de Bordeaux — deuxièmes et troisièmes classes — avait eu plus d'une heure de retard et le service de l'arrivée s'en ressentait...
(1889)
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Rue des Cinq-diamants
par
Jules Lermina
Un plus érudit découvrira l'origine de ce nom singulier, la rue des Cinq-Diamants.
L'étude consciencieuse qui a été faite pour le vieux Paris tentera quelque explorateur des anciennes banlieues annexées : et quel champ plus vaste sera offert à sa curiosité que l'étrange et hideux quartier de la Butte-aux-Cailles ?
(1881)
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Butte-aux-Cailles
Les apaches de la Butte-aux-Cailles
par
Lucien Victor-Meunier
Très peu de Parisiens, assurément, connaissent la « Butte-aux-Cailles ». C'est très loin, très loin, passé la place d'Italie, au diable dans ces régions où l'on ne va pas...
(1907)
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Saviez-vous que... ?
En 1887, Camille Claudel vivait dans un atelier loué pour elle par Auguste Rodin, la Folie Neubourg ou Clos Payen, 68 boulevard d’Italie, actuel boulebard Blanqui
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En mars 1911, à la suite de nombreuses plaintes déposées par des commerçants de l'avenue des Gobelins et du boulevard Saint-Marcel. M. Yendt, commissaire de la Salpêtrière, arrêtait et envoyait au dépôt, sous l'inculpation de vol, les nommés Auguste Doré dit Godard, vingt-quatre ans, demeurant en garni rue Grange-aux-Belles, et Pierre Debosse, vingt-six ans, sans domicile.
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La rue de la Colonie s'appella ainsi en raison de la présence d'une colonie de chiffonniers dans le secteur.
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Le 9 juin 1977, une jeune fille, tout en larmes, déclarait, à huit heures du soir, qu'un enfant venait de tomber dans un puits à découvert, sur un terrain entouré de planches, appartenant à la Ville, et situé rue de Patay et de Tolbiac.
Immédiatement, on prévint les sapeurs-pompiers du poste de la rue du Château-des-Rentiers. Sans perdre un instant, ceux-ci se rendirent au puits fatal. Le caporal y descendit, et en revient avec deux chiens vivants.