Le drame de la rue Jenner
Le Radical ― 27 décembre 1893
Des cris déchirants, partant d'un logement du deuxième étage, mettaient eu émoi, hier, vers deux heures de, l'après-midi, les locataires de la maison portant le numéro 6 de la rue Jenner.
Dans ce logement habite, avec sa famille, Léon Lambert, garçon brasseur, âgé de quarante-deux ans. Lambert, qui avait, à différentes reprises, donné des signes d'aliénation mentale, était tout à coup pris d'un accès de folie furieuse : il s'arma d'un tisonnier, menaçant de tuer quiconque rapprocherait.
Effrayée, Mme Lambert s'enfuit dans l'escalier avec ses enfants. L'aliéné les rejoignit ; il s'apprêtait à tes frapper, quand M. Alexis Forget, peintre en bâtiments, âgé de vingt-deux ans, le saisit parles bras pour le maîtriser.
Cette intervention mit le comble à la fureur du malheureux qui, se retournant brusquement, asséna sur la tête du pauvre garçon un coup de la barre de for dont il était armé, et rentra chez lui où il se barricada.
Pendant qu'on s'empressait autour de M. Forget, on courait prévenir M. Bolot, commissaire de police, qui arriva aussitôt, accompagné de deux agents ; ceux-ci pénétrèrent dans le logement en passant par une fenêtre et aperçurent le corps de Léon Lambert se balançant au mur: ils s'empressèrent de couper la corde, mais il était trop tard, il avait cessé de vivre.
Le magistrat ne put que constater la mort du fou.