Rue des Cordelières
Le bébé qu'une femme promenait sans pitié à 5 heures du matin était en celluloïd
La pseudo-maman faisait le guet tandis que des cambrioleurs pillaient une usine
La bande est arrêtée
Le Matin — 29 aout 1938
L'humanité de quelques passants matinaux était choquée, hier, vers 5 heures, rue des Cordelières, par une scène effectivement étrange. Une marâtre — vraisemblablement — allant et venant sans souci de l'air frais, cruel aux petites bronches, promenait une voiture de bébé dans laquelle se distinguait un pauvre petit corps d'enfant. Indignés, ils furent chercher la police.
À la vue des agents, la femme décampa, abandonnant sa voiture qui se renversa, laissant rouler à terre, au milieu d'une masse considérable de vieux chiffons et de papiers... une poupée de celluloïd…
Mais ce n'était pas tout : sur un strident coup de sifflet jeté par la fugitive, deux hommes à mine patibulaire apparurent soudain sur le faite du mur de clôture d'une usine désaffectée, à l'angle de la rue des Cordelières et du passage Moret, et appartenant à M. Pinauche, 134, boulevard Raspail.
Une chasse à l'homme s'engagea et se termina par l'arrestation, boulevard Arago, des deux fuyards, des cambrioleurs qui étaient en train de faire main basse sur un stock important de vieux métaux. Tous deux, Léon Garnier, 30 ans, manœuvre, 9, rue Albert, et Émile Legros, 34 ans, journalier, même adresse, vieilles connaissances de la police, furent envoyés au Dépôt par M. Cochet, commissaire de police.
Quant à la femme Albertine Duclos, 53 ans, sans domicile fixe, rattrapée également par les agents, elle avoua que, chargée de faire le guet, elle avait eu l'idée assurément malencontreuse de se munir d'une voiture d'enfant dans laquelle elle avait, pour figurer un enfant réel, placé un gros bébé en celluloïd « afin de ne pas attirer l'attention », précisa-t-elle !
Elle a été mise à la disposition de la justice.
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