Faits divers

 La bagarre de la rue Albert - 1907

La bagarre de la rue Albert

Le Petit Parisien — 13 août 1907

Interrogé, hier, à l'hôpital Cochin, par M. Roty, juge d'instruction, l'armurier Lamet, dont l'état est toujours très grave, a fourni une nouvelle version du drame. Un meurtrier désespéré.

M. Roty, juge d'instruction, a été désigné par le parquet pour éclaircir l'affaire lamentable que nous avons relatée hier et qui eut dimanche soir, pour théâtre, la rue Albert, dans le treizième arrondissement.

Le magistrat s'est transporté, dans l'après-midi, à l'hôpital Cochin, où l'armurier Jules Lamet, l'une des victimes du jeune ouvrier bijoutier Gaston Abrioux, avait été transporté.

Le magistrat a trouvé Lamet agonisant. Le moribond a pu, cependant, prononcer quelques mots.

Il a fourni une version un peu différente de celle d'Abrioux. Celui-ci a prétendu, on le sait, que c'était un « diabolo », maladroitement jeté par lui sur les pieds de Lamet, qui avait été le prétexte du drame. Le blessé a déclaré

Abrioux se disputait avec Marquet, que je connaissais un peu. Pensant mettre fin à la rixe, je donnai un coup de poing à Marquet et un autre à Abrioux. Celui-ci prit alors son revolver, tira sur moi, puis sur Marquet, qu'il a tué.

Or, nous avons dit, selon certains témoignages, que ce serait au moment où, au contraire, il voulait s'interposer entre Abrioux et Lamet, que M. Marquet aurait trouvé la mort.

Abrioux, qui a été écroué à la Santé après interrogatoire d'identité, a choisi Me Jean Brack pour avocat.

Il manifeste un repentir des plus profonds et ne cesse de pleurer. Tous ceux qui le connaissent donnent sur lui d'excellents renseignements et se montrent absolument stupéfaits de l'acte qu'il a commis.

Le corps de M. Marquet a été envoyé à la morgue.

Le malheureux, charpentier de son état, demeurait depuis assez longtemps, 33, rue des Terres-au-Curé. Il était marié et père de quatre jeunes enfants, et très aimé de tous ses voisins.

La mort de M. Marquet a causé une profonde émotion dans le quartier.


Le Petit Parisien du 14 aout 1907 écrivait : "M. Gabriel Lamet, la seconde victime du drame qui se déroula, dimanche, rue Albert, dans les circonstances que le Petit Parisien a relatées, est mort hier à l'hôpital Cochin des suites de ses blessures."
Raoul Abrioux fut jugé par les assises de la Seine en janvier 1908 sous l'accusation de meurtres et fut condamné à un an d'emprisonnement seulement compte tenu des très bons renseignements dont il faisait l'objet et de l'apparente sincérité de ses regrets. Il fut, en outre, condamné à 1,000 francs de dommages-intérêts envers Mme Lamet et 5,000 francs enverts Mme Marquet, qui s'étaient portées parties civiles aux débats par l'organe de Mes Surcouf et Joseph Python. (NdE)


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A son inauguration, le pont de Tolbiac présentait une longueur totale de 295 mètres.

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C'est en 1897 que fut achevé le percement de la dernière partie de la rue Bobillot entre la place d'Italie et la rue de la Butte-aux-Cailles.

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La rue Fagon est l’ancienne rue de la Barrière des Gobelins. Elle a reçu son nom par arrêté du Préfet de la Seine en date du 26 février 1867. Guy-Crescent Fagon, né le 11 mai 1638 à Paris, où il est mort le 11 mars 1718, fut le premier médecin du roi de 1693 à la mort de Louis XIV. Il développa le Jardin royal des plantes médicinales ou « Jardin du roi », futur Jardin des Plantes.

L'image du jour

rue Nationale - Quartier de la Gare (image colorisée)

La rue Nationale était l'axe majeur du quartier de la Gare. La rue Jeanne d'Arc n'était pas encore transversante et était dédiée à l'industrie. La rue Nationale rassemblait commerces et services. Elle était le centre de l'animation d'une vraie vie de quartier populaire qui fut voué à la destruction par son classement en « ilôt insalubre ».  ♦