UNE ÉVOCATION DU
13e ARRONDISSEMENT DE 1860 AUX ANNÉES 30
Littérature
Les mémoires de Rossignol
Mais revenons à mes premiers travaux.
Ma « clientèle » de la rue Sainte-Marguerite disparaissait peu à peu. Elle s'était réfugiée cité Doré, qui donne rue Pinel et boulevard de la Gare, ou cité Jeanne-d'Arc, près de la rue Nationale, dans le treizième arrondissement.
Ces deux cités ont été plusieurs fois décrites par les écrivains curieux du Paris pittoresque. La première est habitée par les chiffonniers, qui y ont établi de bizarres petits logements ornés de vieux vases, de vieux cuivres, de vieux bibelots démolis et ramassés sur les tas d'ordures. La cité Jeanne-d'Arc se compose de quatre corps de bâtiments de cent mètres environ chacun, élevés de cinq ou six étages.
Le gardien de cette cité ne connaît certainement pas le nombre de logements qu'ils contiennent et qui sont loués de trente sous à trois francs par semaine. Vous pensez bien que, lors que le locataire ne paie point son terme, il serait oiseux au propriétaire d'aller chercher l'huissier et de faire des frais : on se contente de dévisser les portes et les fenêtres ! Exposé aux quatre vents, le malheureux habitant du logis ne tarde pas à déguerpir.
Les logements de la cité Jeanne-d'Arc sont souvent habités, par des escarpes. Ils le sont aussi par des ouvriers extrêmement pauvres ou par des individus exerçant des professions « libérales », tels que marchands de quatre-saisons, vendeurs de journaux, d'oiseaux, etc., etc. C'est là aussi que demeurent un grand nombre de mendiants parisiens, dont le métier est extrêmement lucratif. Je me souviens, à ce propos, d'un camarade de régiment, garçon de beaucoup de talent, second prix de hautbois du Conservatoire, sous-chef de musique... Je le rencontrai, un soir, faisant la quête dans les cafés, après avoir joué de son instrument. Je lui demandai pourquoi il se livrait à cette profession peu honorable, somme toute.
— Dame, me répondit-il, je suis chargé, de famille et je ne gagnerais pas, si je me plaçais, plus de cent cinquante ou deux cents francs par mois. En allant de café en café de dix heures à minuit, je gagne plus de vingt francs par jour...
J'ai dit précédemment que la brigade où j'étais alors employé était chargée de rechercher et d'arrêter les condamnés en rupture de ban. Cité Jeanne-d'Arc, je faisais souvent de bonnes prises.
Mais ces arrestations étaient souvent dangereuses. Un jour, un des indicateurs de la Sûreté, à qui je faisais donner cinq francs pour chaque dénonciation, me fit connaître qu'un nommé G..., soumis à la surveillance et en rupture de ban, logeait cité Jeanne-d'Arc. À six heures, le lendemain matin, j'étais à la porte de sa chambre.
Pour ces excursions matinales, je m'armais toujours d'une trique de bouvier, dans le haut de laquelle se trouve une lanière qui se roule au poignet. C'est l'arme la plus pratique que je connaisse. La canne à épée ne sert à rien. Je ne me souviens pas qu'une seule personne armée d'une canne à épée ait pu l'utiliser au bon moment, c'est-à-dire au moment où elle était attaquée, tandis que, tout récemment, un bon bourgeois fut tué à Charenton par des rôdeurs qui lui avaient retiré des mains sa canne à épée... De préférence, si vous voulez être armé, prenez un revolver. Si vous êtes attaqué, tirez deux coups de feu : le premier en pleine poitrine et le second en l'air. Les gardiens de la paix arriveront au bruit de la détonation. Si votre agresseur n'est pas tué, vous serez conduit au poste avec lui et il vous sera facile de vous expliquer. S'il est tué, je vous conseille de dire :
— J'ai tiré un premier coup en l'air, mon agresseur n'a pas tenu compte de mon avertissement : j'ai tiré sur lui.
Vous ne pourrez pas être inquiété du tout et votre mensonge n'indignera personne, car vous étiez, dès le premier moment, dans le cas de légitime défense. Vous serez seulement poursuivi pour port d'arme prohibée, si votre revolver ne mesure pas quatorze centimètres de la crosse à l'extrémité du canon. À partir de cette longueur, le revolver, en effet, est autorisé.
Si votre arme est plus petite, on vous la saisira et, quinze ou dix-huit mois plus tard, vous la retrouverez à l'étalage de quelque brocanteur qui l'aura achetée aux ventes organisées par les Domaines, rue des Écoles, 2.
Cette digression passée, revenons à ma présence cité Jeanne-d'Arc. Je frappai. Nous étions trois agents. Dans la pièce ils étaient neuf individus à mine patibulaire, pour employer un cliché bien connu. Nous entrons. Je les compte. « Sapristi : me dis-je, nous ne sommes pas en nombre. » Et, me tournant vers mes collègues :
— Inutile de dire aux autres de monter. Nous sommes assez de trois. Allons, vous autres, laissez-vous prendre.
Croyant qu'en bas une brigade de sergents de ville attendait, nos bonshommes ne bougèrent pas, se laissèrent attacher deux à deux et, un agent par devant et moi par derrière, nous les fîmes descendre. Dans la rue, l'un d'eux, auquel j'avais donné à porter le paquet d'objets saisis, s'exclama :
— Ah ! bien, zut ! si nous avions su que vous ne soyez que trois, vous ne nous auriez pas mis la poigne sur les endos. Faut-il que nous soyons gourdes ! Quelles pochetées nous sommes ! (Faut-il que nous soyons bêtes ! Quels imbéciles nous sommes !)
Et il déposa par terre son paquet en disant :
— Porte-le toi-même !
C'est ce que je fis.
Le 13e en littérature
La Butte-aux-Cailles
par
J. H. Rosny Ainé
L'homme suivit d'abord la rue de Tolbiac, puis s'engagea par ces voies ténébreuses, bordées de planches, de lattes et de pieux, qui montent vers la Butte-aux-Cailles. Les oiseaux des réverbères dansaient dans leurs cages de verre. On apercevait des terrains fauves, des chaînes de bosselures, des rampes de lueurs, des phares dans un trou du ciel, et, du côté de la Butte, un nuage de feu pâle évaporé sur Paris...
(1910)
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Le quartier de la Gare
par
Émile Gaboriau
Le 20 février 18.., un dimanche, qui se trouvait être le dimanche gras, sur les onze heures du soir, une ronde d’agents du service de la sûreté sortait du poste de police de l’ancienne barrière d’Italie.
La mission de cette ronde était d’explorer ce vaste quartier qui s’étend de la route de Fontainebleau à la Seine, depuis les boulevards extérieurs jusqu’aux fortifications.
Ces parages déserts avaient alors la fâcheuse réputation qu’ont aujourd’hui les carrières d’Amérique.
(1869)
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La Butte-aux-Cailles
par
Charles Derennes
Depuis toujours on habitait, mon père et moi, sur la Butte-aux-Cailles ; encore aujourd'hui, ce quartier-là n'est guère pareil à tous les autres. Mais si vous l'aviez vu du temps que je vous parle ! Des cahutes s'accrochaient à la butte comme des boutons au nez d'un galeux ; ça grouillait de gosses et de chiens, de poux et de puces...
(1907)
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La prairie de la Glacière
par
Hector Malot
C’est un quartier peu connu des Parisiens que celui qui se trouve entre la Maison-Blanche et la Glacière ; on sait vaguement qu’il y a quelque part par là une petite vallée, mais comme la rivière qui l’arrose est la Bièvre, on dit et l’on croit que cette vallée est un des endroits les plus sales et les plus tristes de la banlieue de Paris. Il n’en est rien cependant, et l’endroit vaut mieux que sa réputation.
(1878)
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La Butte-aux-Cailles
par
Gaston Chéreau
Il habitait tout là-bas, aux Gobelins, dans un pâté de bicoques en carton que bousculent des rues à noms magnifiques rue des Cinq-Diamants, rue de l'Espérance, rue de la Butte-aux-Cailles…
(1909)
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Le quartier de la Gare
par
J. H. Rosny
Je songe à l'histoire de la petite Jeannette, qui vivait dans le noble quartier de la Gare.
(1908)
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La rue Jonas
par
Léon Sazie
L'antre de « la Baleine » donnait sur la rue Jonas, comme nous l'avons dit. Cette rue au nom biblique se trouvait dans un grouillement de petites voies étroites, courtes, basses, tortueuses, qui forment un coin à part dans ce quartier.
(1910)
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Saviez-vous que... ?
La rue située entre la rue du Château des Rentiers et la rue Nationale fut dénommée rue Deldroux, en 1888.
Deldroux était un canonnier qui, en 1871, préféra, mourir que de rendre sa pièce.
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Le XIIIème devait initialement porter le numéro 20 lors de l'extension de Paris en 1860. Les protestations des habitants d'Auteuil et de Passy qui, eux, se voyaient attribuer les n°13 associé aux « mariages à la mairie du 13e » autant qu'aux superstitions, eurent raison du projet de numérotation et un nouveau projet aboutit à la nomenclature actuelle.
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En 1896, les 4 membres du conseil municipal de Paris représentant le 13ème arrondissement étaient :
Quartier de la Salpêtrière : Paul BERNARD, avocat à la Cour d'appel, rue Lebrun, 3.
Quartier de la Gare : NAVARRE, docteur en médecine, avenue des Gobelins, 30.
Quartier de la Maison-Blanche. : Henri ROUSSELLE, commissionnaire en vins, rue Humboldt, 23.
Quartier Croulebarbe : Alfred MOREAU, corroyeur, boulevard Arago, 38.
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En 1937, 13 cinémas se disputaient la clientèle du 13e arrondissement :
- Cinéma des Bosquet, 60 rue de Domrémy
- Cinéma des Familles, 141 rue de Tolbiac
- Cinéma Familial, 159 rue Bobillot
- Cinéma-Théâtre des Gobelins, 73 avenue des Gobelins
- Ermitage Glacière, 106 rue de la Glacière
- Escurial, 11 boulevard de Port-Royal
- Excelsior, 7 rue Fagon
- Jeanne d’Arc, 45 boulevard Saint-Marcel
- Kursall, 57 avenue des Gobelins
- Palace Italie, 190 avenue des Choisy
- Palace des Gobelins, 66 bis avenue des Gobelins
- Palace du Moulin, 102 avenue d’Italie
- Saint-Marcel, 67 boulevard Saint-Marcel.