Sanglante rupture
Rue de la Colonie, aux Gobelins. — Le vengeance du cocher. — À l'hôpital.
Le Journal — 28 mai 1903
Un drame s'est déroulé, hier soir, dans un débit de vins du quartier des Gobelins, rue de la Colonie, 66.
Il était environ sept heures.
Soudain, un cocher, lâchant son « zanzi » releva la tête vers la rue :
— Tiens Victor !
Et un nouveau venu, un cocher, entra dans le café — homme d'une quarantaine d’années environ. Il serra quelques mains tendues, passa vite, jetant un coup d’œil dans la salle.
— D'où qu’tu viens, depuis le temps qu'on n't'a vu ? lui cria un copain.
Le cocher ne répondit pas, marche droit à la table dans le fond. Une femme se leva, regardant l'homme bien en face.
— Julia ! fit celui-ci.
— Et puis ? répondit la femme, blême
— Il y a que je-yeux que tu reviennes avec moi. Sans quoi, tu sais, tu me connais, j vas faire un malheur.
La femme se redressa :
— Revenir avec toi, jamais ! fit-elle.
Un cri retentit. Le cocher, la main rouge, tenait une lame ensanglantée, pendant que la femme, évanouie, tombait à la renversa.
On se précipita, les uns désarmant te cocher, d'autres secourant la femme, dont le corsage troué au sein droit, laissait couler un flot de sang.
Le cocher, sans aucune résistance, d'ailleurs, avait déposé son arme. C'était une paire de ciseaux.
Conduit chez M. Yendt, commissaire de police des Gobelins, il se prêta facilement à interrogatoire qui lui fut posé.
— Je m'appelle Victor Tolet, dit-il J'ai frappé cette femme dans un moment d'exaspération.
La blessée, Mme Hardy, âgée de trente-quatre ans, journalière, a été transportée à l’hôpital Cochin.
Tolet est au Dépôt